Chrome Hoof - Chrome Black Gold

Chronique CD album (41:09)

chronique Chrome Hoof - Chrome Black Gold

Nom d'un petit Bogdanov, ça bipe sur l'écran-radar! Se pourrait-il que...? Mais oui, les revoilà! Et c’est dans un tonnerre de fumée rose et de feux d’artifice pétaradant que la soucoupe volante Chrome Hoof se pose à nouveau sur une Terre V2013.0 décorée pour l’occasion à la mode Georges Méliès / Ed Wood – ceci afin d’éviter les chocs culturels trop violents. Souvenez-vous, il y a 3 bonnes années de cela, lors de la mission Crush Depth, ces troubadours de l'espace avaient déjà percé une faille spatio-temporelle de belle taille dans notre continuum espace-temps, faisant se rencontrer pour l’occasion Black Panthers et baba cools à 2CV dans des ambiances très « Cosmos 1999 ». Eh bien l’équipage de Leo Smee n’a pas dévié sa course d’un micro-poil depuis, et quand on voit débarquer cette improbable troupe semblant avoir été castée par Grace Jones, le Dr Spock et Austin Powers, c’est comme si on les avait quittés tout juste la veille. Leur mission? Toujours la même: prendre possession de nos enceintes afin d’y jouer la B.O. de leur dernier film en date, Chrome Black Gold – qui aurait pu à juste titre être sous-titré « Flash Gordon se tape un bad trip au Blue Coconut ».

 

Bon, on est en 2013 à présent: Sandra Bullock et Georges Clooney ont été faire « what else? » en apesanteur, et « Gangnam Style » est devenu aussi célèbre que « Let It Be »... Ça a forcément eu un impact sur la musique des anglais non? Eh bien pas vraiment. C’est bien simple, je pourrais presque vous resservir la chronique de Crush Depth, et vous sauriez tout aussi sûrement sur quelle planète ce nouvel opus se propose de vous emmener. Tiens, faisons l’exercice. Allez-y, demandez-moi: « Ce 4e opus accorde-t-il toujours autant d’importance aux sonorités post-disco/proto-électro? » Carrément, plutôt deux fois qu’une même! « Toujours ces détours vicieusement sombres? » Pour sûr Mon Général, sans pour autant que cela influence lourdement la couleur générale de l’album. « La bande évolue-t-elle toujours dans le même univers SF baroque? » Je veux mon neveu! « Funky et groovy sont-ils ici encore nos meilleurs amis? » Señor, si! « Et le violon? Et le saxo? » Pas prédominants, mais toujours là. M’enfin sur le front instrumental, c’est le synthélectro, la basse et la batterie qui se taillent la part du lion, rapidement suivis de la guitare. « Ça n’aurait pas bougé un peu derrière le micro? » Certes, Shingai prend le relais de Lola, mais le résultat navigue toujours entre Chantel Bann (Shanghai), Diana King et Agnete Kjolsrud (Animal Alpha) « La dimension psychédélique... Toujours aussi importante? » Mon vieux, le Cap’taine Kirk carbure aux champignons, et les improbables aliens ici croisés évoquent ceux de « Mars Attacks! », mais remaniés de façon à ce qu'ils puissent lâcher des bulles dans les cases d’un Valérian.

 

M’enfin si l’on cherche vraiment, on peut vous en trouver des différences. Parce que Chrome Black Gold fréquente de plus en plus souvent (plus d’une fois sur deux!) les territoires purement instrumentaux, proposant pour l’occasion des ambiances assez cinématographiques, du genre qui colleraient parfaitement pour illustrer un « Barbarella ». Autre différence – pour le meilleur et le moins meilleur cette fois: ce nouvel album est un peu plus déséquilibré qualitativement parlant, les 2 premiers tiers étant de TRES haut niveau, avec facile trois gros tubes (« Knopheria », « When The Lighning Strikes » et « Tortured Craft »), alors que le dernier s’avère quand même moins youpla, notamment le final « Drobe Out », instrumental inconfortable et – disons le – un peu décevant. C’est cette schizophrénie qualitative (...relative) qui, en appliquant un +1 puis un -1, explique le surplace effectué par la note de Chrome Black Gold par rapport à celle de son prédécesseur.

 

Mais attardons-nous à présent sur quelques morceaux choisis extraits de cette soucoupe chantante histoire de bien vous faire humer le fumet sans pareil de cet OVNI artistique. Tiens, causons donc de l’exceptionnel « When The Lightning Strikes ». Démarrant sur des déflagrations aussi télégraphiques que trampolinesques, ce morceau mêle violons et guitares metal dans un ballet furieux culminant sur une grosse tornade se déchaînant sur les terres gris-baroque de Sleepytime Gorilla Museum. Sombre, ronflante et semblant équipée pour des tribulations épiques, la basse de Leo alterne entre vrombissements de moteur Voivodien et ronronnements groovy. Mais c’est ce 2e penchant qui l’emporte sur la 2nde moitié du titre, le groupe prenant alors son élan pour bondir telle une panthère rose dans un tourbillon nawak où les Na-na-na-na-na de Shingai renvoient aux Tchack! de Mike Patton sur « Goodbye Sober Day ». Autre morceau représentatif de la versatilité chromehoofienne, « Varkada Blues » mérite un bon vieux coup de projo. Démarrant sur un math rock sombre, bondissant et halluciné à la Ultra Zook, le titre amorce ensuite un virage Horror metal où Jeff Walker (Carcass) vient jouer les maîtres de cérémonies shriekant, le résultat évoquant un peu le black atypique de Gloomy Grim. Mais l'Empereur Ming ne pouvant avoir bien longtemps le dessus, ces ombres rampantes partagent l’espace sonore avec des plages de douces rêveries, l'ensemble laissant bientôt la place à un long final rétro-électro-funky taillé dans le même bois que le « Funkytown » de Lipps Inc. Sans queue ni tête sur la papier, tout cela devient imparable aussitôt atteints les méandres sinueux de votre cervelet, faites-moi confiance.

 

Amateurs d’univers baroques, de coupes afro et de tenues de cosmonautes à paillettes, Chrome Black Gold est fait pour vous. Dans la lignée de Crush Depth, ce nouvel opus réussit à nouveau le tour de force de rendre addictif un mélange improbable de metal barré, de disco vintage funky et d’ambiances cinématographiques noyées dans le LSD. L’expérience ne parlera pas forcément à tout le monde… Mais vous n’êtes pas tout le monde, pas vrai?

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: sur Chrome Black Gold, Sleepytime Gorilla Museum, Ultra Zook, Boney M, Pryapisme et Voivod ont uni leurs forces et leurs stocks de psychotropes pour rendre gloire à Flash Gordon et Austin Powers, dans la pure lignée de ce qui avait déjà été fait sur Crush Depth.

photo de Cglaume
le 26/12/2013

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 26/12/2013 à 16:11:39

Moi suis plus Empereur Ming que Flash Gordon. Mojo mojo ?

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