Closet Disco Queen - Stadium Rock for Punk Bums

Luc Hess et Jona Nido sont de retour. Ne me demandez de vous en dire plus, le press-kit qui accompagnait l’album était un bazar d’informations digne d’une saison de Santa-Barbara. Je vous assure, même eux le disent: "Well, as usual with this whole gang of people, things are just complicated to understand: Who does what with whom, when…". Ce qu’il faut retenir, c’est que Stadium Rock For Punk Bums a été enregistré par les deux compères pendant une résidence en studio dans leur jolie ville de La Chaux-de-Fonds, un peu comme ça, presque par hasard, parce que faire de la musique, c’est cool et enregistrer un EP, c’est cool aussi.

On retrouve ici tous les éléments d’une production de Closet Disco Queen. Pour commencer, des titres de morceaux qui semblent tout droit sortis de la besace sans fond de laquelle notre Papy Cyril tire toutes ses blagues et autres contrepets, de ceux qui décorent les titres des news de CoreAndCo: "Mickael Jacques Sonne", "Pascal a la Plage", "Le Soucieux Toucan"...Il y a de quoi faire. On continue avec un artwork cheesy chelou chéper chépakoi, la version fumée d’une couverture d’Astrapi.

Mais ce qu’on retrouve surtout dans Stadium Rock For Punk Bums, c’est le style du duo, qui finalement tend de plus en plus à être unique quand on les suit un peu plus que de loin. Ce mélange de rock 70’s muddy teinté de math-rock gentillet, pas le genre qui t’oblige à réviser tes tables de multiplications logarithmiques ou les implications de la conjecture de Fermat sur la musique modale. Ici, c’est du tranquillou-gilou, une dérivée par-ci pour rigoler, une petite équation du second degré pour se chauffer la cafetière, bref du math-rock plutôt rock mais suffisamment cool et recherché pour éloigner l’ensemble de l’ennui et de la monotonie… Du math-cool en quelque sorte! J’ai bien aimé que le duo bouscule les codes dès l’ouverture, en commençant par le morceau le plus épique et en commençant ce morceau par ce qui aurait tout à fait pu être la fin d’un pont d’un morceau. Vous êtes perdus? Tant mieux, vous allez voir, c'’est super cool! J’ai bien aimé aussi l’intro fumée de "Pascal à la Plage" et sa suite guillerette qui tournicotent dans tous les sens. J’ai moins aimé "Lalalalala Reverb" mais elle semblait avoir plus de sens au fur et à mesure des écoutes: introduire ce "Soucieux Toucan" qui clôture l’EP, un drôle d’oiseau triste baladant sa nonchalance heureuse au gré d'un riffing exemplaire.

Côté son, les shoegazers et amateurs de sons analogiques vont baver des tétons jusqu’aux piétons: pour la guitare surtout, pour la batterie vraiment mais pour la basse un peu moins. Un mixage divinement cool, qui s’est fait réformer par la loudness army pour notre plus grand plaisir. C'est chaud, analo, old-school-o et ça fait zizir à bobo!

Bref, j’ai bien aimé Stadium Rock For Punk Bums, c’est un album merveilleusement cool, une petite brise, légère, rapide, un coup de brumisateur un peu vide et qui crachote à force d’avoir été utilisé mais qui fait du bien malgré tout.

On imagine tout à fait les deux bonhommes, en pleine résidence, jammant pour le plaisir, puis discutant à l’occasion d’une pause:

- Hey, ils sont cools ces morceaux. On ne les sortirait pas?

- Ouais, mais il n’y en a que quatre?

- Tant pis, il n’y en aura que quatre, c’est cool non?

- Ouais, c’est cool, il n’y en aura que quatre!

- Cool!

Parce que Closet Disco Queen, c’est vraiment ça: deux gars trop cool qui se font plaisir à jouer, produire une musique instrumentale super cool, plutôt trippante, élaborée malgré sa simplicité, accessible, pleine de bonnes vibes et qui sonne. Une musique qu’ils proposent, presque dans son jus, à l’auditeur en haussant benoîtement les épaules, style "T’as vu, on a sorti un truc, c’est cool, non?". Bah, ouais, c’est cool les gars, merci.

On aime bien: du math-rock instrumental hyper cool, le format EP qui passe nickel ici

On aime moins: une basse un peu en retrait, le titre "Lalalalala Reverb"

8oris

le 01/03/2022