Lower Automation - Strobe Light Shadow Play

Chronique CD album (22:06)

chronique Lower Automation - Strobe Light Shadow Play

Du mathcore, j’ai l’impression d’en avoir bouffé des pleines plâtrées en 2022, du mathcore plutôt punk, du mathcore plutôt metal, du matcore plutôt hardcore. Et comme pour bien finir l’année, aujourd’hui, il va être question de Lower Automation donc de mathcore plutôt…mathcore..Euh…plutôt mathrock. Quoique…On y reviendra...18 mois après un s/t séduisant autant que réussi, le trio américain continue son bonhomme de chemin avec Strobe Light Shadow Play. On pourrait presque reprendre mot pour mot la chronique de s/t car on y retrouve la formule musicale instable enrichie en TDAH, qui fait des merveilles et qui est désormais clairement la marque de fabrique de Lower Automation. Des morceaux courts, très courts, excédant rarement les 2 minutes, déroulant un mathcore instable, dérangé, aux confins du mathrock, de la noise, de l’avant-garde et de l’acousmatique (si si).

S’il est proche de son prédécesseur en ceci qu’on reconnaît immédiatement la patte artistique du groupe, Strobe Light Shadow Play marque malgré tout quelques évolutions. Il m’a paru plus malaisant, plus dérangeant. S’il le Lower Automation de s/t m’avait un peu fait pensé à Devo avec ce côté schizophrène mais en mode cool et fun, le Lower Automation de Strobe Light Shadow Play développe une pathologie plus sombre, plus alarmante, plus forcenée, plus criante qui semble aussi plus intime et plus profonde.

En outre, dans Strobe Light Shadow Play, Lower Automation semble s’être orienté vers quelque chose de plus élaboré, plus ornementé et plus travaillé. Si l’interprétation n’a perdu ni son urgence ni de son énergie, l’écriture et le travail de recherche sonore sur les guitares ont gagné en qualité et en fraîcheur (ce qui est plutôt dingue pour un groupe finalement pas si vieux). La six cordes est triturée sans aucun ménagement que ce soit au niveau des effets ou même côté lutherie. On devine le manche maltraité, le corps de le guitare violenté par un guitariste dont tout le corps participe à la prestation...Côté son, on a quelque chose de puissamment organique, très riche, très travaillé, véritablement "shoegazien" avec beaucoup d’effets, beaucoup de filtres. En plus d’être dispensé avec brio (l’intro de "Lobby"), on se rend compte que cela participe véritablement au chaos général qui se dégage de l’album.

C’est d’autant plus intéressant qu’à ma connaissance, le credo des groupes de mathcore/mathrock est plutôt de jouer la carte de la complexité plutôt au niveau de la partition, pas forcément au niveau de l’utilisation de l’instrument au-delà de ses propres limites. Alors, évidemment, il y a bien des Psyopus (pour le côté "je pousse l'objet "guitare" dans ses limites extrêmes") ou Botch dans une certaines mesures (pour le côté "je rajoute du bazar avec plein d'effets", il y aurait d'ailleurs bien des choses à dire à ce propos sur leur dernier titre en date) mais chez Lower Automation, ces traits originaux sont utilisés constamment (ce qui est bien) au travers de très nombreux gimmicks (ce qui est mieux), tous hallucinament maîtrisés (l’intro de "The 99", sérieux!, ou certains autres plans démentiels).
La basse plus présente jongle entre basse qui soutient et basse dans son coin. Elle ne suit ni vraiment la guitare, ni vraiment la batterie, elle s’articule comme elle peut autour de ses deux envahissants compères mais y parvient sans aucune difficulté. Sous couvert d’un jeu punk/mathcore, on découvre un jeu parfois plus jazzy et parfois plus aérien ("Acolytic"). En tout cas, elle n’est jamais là pour faire de la figuration, remplir un espace vacant abandonné par le guitariste.

La batterie ? J’aurais bien du mal à vous en parler, n'ayant pas trop compris ce qu'il se passait. Par contre, ça défonce, aucun problème de ce côté mais...je n’ai rien compris. Dans le style, ça m’a fait penser à Jean-Baptiste Geoffroy de Pneu, un jeu qui tartine comme si sa vie en dépendait, un jeu pas forcément démonstratif mais qui démontrerait sans problème.

Enfin, la voix, à l’identique du reste, fait dans la surprise et dans la multiplicité oscillant entre le chant clair sexy et l’éructation punk acide entre autres.

 

Un mathcore dans son jus, dans sa pleine essence, un essence protéiforme, empreinte de changements: changement de tempos, changement d’ambiances, changement de sons, la musique de Lower Automation continue de se réinventer pendant même qu'elle se définit. Elle n’est donc pas facile à ingérer, à recevoir, à percuter, le chaos étant le parfait maître d’oeuvre de cette oeuvre parfaitement maîtrisée qu'est Strobe Light Shadow Play. Mais pour ceux qui feront l’effort, et il en vaut vraiment la peine, ils pourraient bien trouver que Lower Automation propose là un nouveau pan artistique du mathcore.


On aime: une musique chaotique de la partition à l'interprétation, un style unique...

On aime moins: ...mais pas évident à cerner, pas intuitif

photo de 8oris
le 17/01/2023

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