Coilguns - Odd Love

Chronique CD album (48:09)

chronique Coilguns - Odd Love

Si la mode est aux groupes de hardcore avec de gros muscles, des gros riffs et un gros son (à l'instar de Kublai Khan TX ou Knocked Loose), demeure une niche à part dans ce style de niche : celle des groupes qui ne cherchent pas nécessairement à battre des records de lourdeur.
Les temps sont au lissage clinique, aux sonorités aseptisées...mais, au milieu de tout cela, il y a Coilguns (parmi d'autres, fort heureusement) qui continue à (dé)jouer avec les codes des musiques énervées.
 

Dans son style bien singulier, le groupe entame l'album avec l'excellent "We missed the parade" à la rythmique punk-hardcore et au riff aussi simple qu'efficace. En quelques secondes l'élastique est vite tendu, il ne se relâchera plus pendant 48 minutes.
Chez Coilguns il y a des aspérités, des imperfections qui, sans être valorisées, ne sont pas cachées, elles font partie intégrante de leur personnalité. Chez Coilguns se dégage un "truc" que beaucoup n'ont pas : sincérité, authenticité et curiosité.

Attention, on est quand même loin du travail de cochon, mais le principal étant qu'il faut que ça sonne.

Et ça putain de sonne bien.

Au départ, si l'oreille ne se fait pas très attentive, l'album semble être celui d'une machine à riffs. La guitare principale (quand elle n'est pas l'unique) passe par tous les états ("We missed the parade", "Badwagoning", "Feaverweight").

Mais les écoutes suivantes montrent toute la qualité de la section rythmique qui a décidé que l'on ne s'ennuierait pas une seule seconde : imprévisible, changeante, elle retourne une ambiance en l'espace d'un instant. ("Badwagoning" vraiment)

Que serait Coilguns sans la voix de Louis Jucker qui vit chaque compo ? ("Badwagoning" putain).

Il ne suffit pas de coller 4 bonshommes dans un studio et de leur dire de grattouiller, tapoter ou gueuler dans leur coin.

Les Suisses n'en sont pas à leur dépucelage et se connaissent sans doute par coeur. Résultat : les 11 morceaux malgré leur "bordel organisé" [en apparence] (comme sur "Caravel") dégagent une fluidité bluffante.

La première respiration ("Feaverweight") n'est qu'un leurre.

La seconde, "The wind to wash the pain", fout le bourdon. Toutes deux arrivent tardivement dans un album qui bouillonne sans cesse.

Mais on reste, on est accroché par les harmonies ou les mélodies ("Placeholders").

Odd love. (Pour ceux qui restaient coller au radiateur la tête sur leur sac Eastpack calé sur la table du cours d'anglais, ça signifie "amour bizarre").

Un joli pléonasme qui traduit peut-être le sentiment que l'on peut avoir pour le groupe. Avec ses petites bizarreries bruitistes (d'autres auraient choisi "originalités", son sens de la compo et ses peaufinages (piano et synthé), sa prod' "organique" (sans artifice, brut), il y a un côté attachant qui vient s'ajouter à l'amour que l'on peut avoir pour un groupe qui secoue aussi fort qu'il fout les frissons.
 

Comme d'habitude Coilguns n'est pas venu pour faire un album noise-hardcore classique. Il en reprend des éléments, les tord, les mélanges, en ajoute pour en faire SON noise-hardcore (j'avais parlé de Hardcore des temps modernes sur leur split avec Birds in Row).

Coilguns est de la trempe de ces groupes fascinants : toujours imprévisibles, jamais décevants.

photo de Tookie
le 10/12/2024

3 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 10/12/2024 à 09:12:12

Qu'y a-t-il de plus prévisible que l'imprévisibilité d'un groupe qui systématiquement surprend son monde ?

Vous avez deux heures... 😁

Tookie

Tookie le 10/12/2024 à 19:11:36

Ma maman dit que n'est imprévisible que l'imprévisibilité.

pidji

pidji le 14/12/2024 à 16:51:42

Honte à moi je n'avais pas encore posé mes esgourdes dessus. Et j'ai eu tort : il est excellent punaise !

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