Crawford - Cindycore Propaganda
Chronique CD album (71:04)

- Style
Néo-metal à l'ancienne - Label(s)
Autoproduit - Date de sortie
27 octobre 2020
Crawford est un groupe qui vient de Limoges et propose sa musique sous l'appelation Cindycore. Z'avez compris le jeu de mot...Crawford...Cindy...Core.Pas mal, non? Ben, voilà c'est à peu près tout.
Au delà de cette intro cynique (et un peu blessante, j’en conviens), je suis désolé, messieurs, je pense être assez quelqu'un de très très bon public mais là non, non et non, mille tonnerre de nom de Zeus.
Mais j'ai beaucoup de respect pour le travail des autres, le vôtre y compris car il y en a, c'est évident et en plus il est honnête, cela mérite donc de plus amples explications de ma part.
Enfin, avant d’aller plus loin, j’en appelle à l’attention de ceux qui vont dire "bah ouais, mais pourquoi tu chroniques un album que tu n'aimes pas, t'es complètement con ou quoi?". Alors, oui, je suis complètement con mais rien à voir. Je me suis rué sur cette demande de chronique parce que les “jeunes” groupes, j'aime bien, parce que la description donnait envie (le cindycore? un nouveau style?), parce que j'ai vu le nom de James Delleck dans un dossier de Presse et que ça m'a aguiché l'oeil et surtout parce qu'il arrive de faire des mauvais choix et que je les assume. Promis, la prochaine fois, j'écouterai mieux avant.
Reprenons. Pour commencer, le Cindycore, c'est simplement du nü-metal le plus basique qui soit. Retour dans les années 2000 à l'époque de la Team Nowhere, ni plus, ni moins. Mais on lorgne pas vraiment du côté de Watcha (ahhhh) mais plutôt de celui d’Enhancer (ohhhhh). De plus, donner un nom à son style, c'est sympa (surtout quand il y a un jeu de mot comme ici), c'est bien vu d'un point de vue promotion et marketing mais il ne faut pas que ce ne soit qu'un vernis, une belle étiquette. Est-ce que le cindycore est un nouveau style? Non. Est-ce un style propre à Crawford ? Non. Du coup, l’effet de surprise n’a plus d’effet et est sans surprise.
L’album se divise en deux parties. Une première néo-métal et une deuxième plus rap/hip hop.
La fusion rock/metal/rap, soyons clair, je suis fan, ça a été ma came depuis le lycée et loin d'en avoir fait une overdose, je suis encore un bon gros addict. En outre, la découverte récente de "petits groupes" comme Krav Boca ou Crash Contact m'a redonné l'espoir d'une scène française encore prolifique et inspirée. Pour la première partie, côté musique, c'est propre, péchu, groovy (pas ouf et hyper inventif non plus mais largement suffisant pour mettre une bonne ambiance qui dépote face à un public motivé) et le mixage est propre. Je trouve que les guitares sonnent de manière assez inégales, un peu crin crin parfois et que la basse est un peu aux abonnés absents mais le tout passe malgré tout très bien. L'inspiration et la qualité de l’interprétation ne manque pas même si ça ne déborde pas d'originalité dans l’écriture. On est malgré tout très loin de l’efficacité d’un “Cupide” de Watcha ou d’un “Tank Club” de Pleymo.
Côté lyrics, par contre, c’est la débandade complète. Au delà des thèmes abordés (les vacances, les copains, la fête), c'est un peu lourdingue, sans vraiment de poésie et les jeux de mots et gimmicks ne sont vraiment pas oufs. Bon, je n’ai pas eu accès aux textes complets (dommage d’ailleurs au passage) mais “On bronze du slip sur le récif" et "Je craque la CB, claque les billets, dégaine le chéquier, je suis blindé comme jamais" me font regretter “L'âme ment, mais l'arme non, l'homme est mon meilleur client” et tendent à me faire penser que oui, je suis définitivement un vieux con parce que c’était mieux avant.
Alors, évidemment, je ne m’attends pas à lire des textes écrits d’une plume histrionne qui manie le verbe avec la sémantique pétillante d’un Raymond Devos ou l'acuité cynique d’un Desproges mais il y a quand même encore du boulot.
Ecrire en français, c'est compliqué. Ecrire en français des paroles qui vont être posées sous forme de flow, c'est encore plus compliqué. Ecrire en français, c’est prendre conscience qu’entre le ridicule et la qualité, la frontière est hyper mince et ne tient pas à grand chose et malheureusement, Crawford ne l'a pas franchi. Ajoutez à cela que les voix ne sont pas toujours très intelligibles. Ca serait du black-metal ou du grind, je me plaindrais pas mais sur un chant très orienté rap/hip-hop, c'est un peu plus gênant (le refrain d'"Amateur" scandé par Lydie de Nothing Last, désolé mais j’ai rien compris).
Dernière aspect de Cindycore Propaganda que j’ai trouvé “gênant”: le concept du double album avec une partie 100% néo-métal et une partie 100% hip/hop reprenant les morceaux précédents avec des featuring à gogo. Dans cette deuxième partie, il y a vraiment à boire et à manger. "Deus Ex" et ses voix auto-tunées qui n’est pas sans rappeler ce qui se fait de pire dans le style en ce moment. Que dire de “La Hollande Classique” et son côté trap orientale un peu poussif, de "Ceux qui restent" et sa participation de James Delleck qui est loin de ce que le Vitriots a fait de mieux. Certains morceaux dans ce format passent malgré tout mieux que leur version électrique ("les stremon du placards", "Payday"). Au delà de ça, cela rend l’album hyper long et on a l’impression de se le fader deux fois. Le bon côté, c'est qu'on en a pour son argent et que ces featurings présagent des concerts potentiellement variés.
Je ne pense pas que l'intention de Crawford soit mauvaise, je ne pense pas que cet album soit malhonnête, je ne pense pas que cet album ait été fait à la va-vite, je ne pense pas que ce soit un mauvais album mais je suis certain que ce n’est pas un album que j'aime. Malgré toute la bonne volonté palpable du groupe, l'énergie à revendre, rien ne m'emporte.
Mais, au diable le vilain chroniqueur, il semble y avoir un public vu que le groupe a réussi avec succès une campagne Ulule avec une moyenne de 42 € par donateur et que les commentaires sur facebook et autres réseaux sociaux sont plutôt encourageants. Bref, Messieurs de Crawford, vous en aurez donc sûrement rien à carrer de cette chronique et vos fans vous diront que vous aurez bien raison. La volonté est là, l’énergie est indéniable, on sent que le fond est cool, que le niveau technique est suffisant mais il y a trop d’écueils dans ce premier album qui m'empêche de lui faire passer la barre du 7/10.
Quant à toi lecteur, fonce sur la chaîne Youtube du groupe qui n'est pas avare de contenus et fais toi ta propre idée car il n'est désormais plus à démontrer qu'il m'arrive d'avoir des goûts aussi mauvais que la façon que j'ai de choisir mes chroniques.
On aime bien : l'honnêteté, la volonté de faire un truc cool et énergique
On aime moins: des promesses mais rien de nouveau à l'horizon, les textes, le flow parfois, un album un peu longuet.
1 COMMENTAIRE
cglaume le 28/10/2020 à 10:58:30
Plus qu'à espérer que Schiffer fera mieux avec son Claudia Metal !!
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