De Facto Enscripture - SARDONIC ENTROPY NEXUS

De Facto Enscripture est un collectif éphémère qui sort en février dernier Sardonic Entropy Nexus, un long et copieux effort Emo-violent. Un combo dont les rangs sont composés par pléthore d’individualités faisant ou ayant fait autorité dans la scène hardcore Nord-Américaine. Un super groupe qui n'en est pas vraiment un. Les supers punx j'en connais pas ou alors c'est des cons.nes...  De Facto... c'est simplement des individualités qui ont le coeur à l'ouvrage et le sens de la famille élargie. La verticalité starisante est aussi chiante que les logiques excluantes et inégalitaires qu'elle assume. Absolument pas pertinent dans le hardcore. Collectif emo-violent c'est bien mieux pour qualifier les velléités sociale de De Facto. Seule la modestie punk flamboyante travaille l'envie de partager et l'élan musicale qui porte ce combo, le reste c'est une fumisterie marketisante et droitière. Si tu veux écouter un super groupe, passes le chemin.. Rien est super powerfull ici, tout est juste hisoire de modestie, faiblardise, sentimentalisme acharné et horizontalité tranquille...

A la manière de Morrow sur The Quiet Earth, De Facto Enscripture a vu les choses en grand et s’est donné les moyens pour fédérer toutes ces énergies azimutées. Pas moins de 39 Punx ont participé à l’élaboration de ces 28 bombes Emo-violentes. Des titres qui ne dépassent pas la minute 30, avec une moyenne qui tourne plutôt autour des 50’’. Une rapidité d’urgentistes sous speed, comme la tradition l’oblige, et une avalanche de riffs dont les mélodies omniprésentes sont souvent de courte durée car balayées par les breaks gesticulants du batteur. Unique batteur du collectif et accessoirement membre de Coma Regalia, le préposé aux percussions cogne avec nervosité quand la vague déferle « Who Benefits? » et dans le détail quand elle retombe «Wsup W Ya ». Les salves s’enchainent sans crier gare. L’auditeur est toujours malmené, azimuté lui aussi par la multitude emo-violente et les forces déployées. La vélocité de la batterie conjuguée à la générosité des guitares nous ramène par moment vers des acceptions Mathcore.

Les guitares sont tendaxx et montées sur ressorts, affutées comme jamais et ne laissant que le coupant du riff te claquer l’oreille. Un riffing qui dans l’ensemble s’acharne à faire sèchement les choses, avec des accords très souvent campées entre le milieu et le bas du manche. Une tonalité générale Mid-aigue qui participent de l’émotivité et du drama ambiant. Un souffle et un frisson épique se fait sentir sur pas mal de morceaux, de surcroit quand les chants éructent une rage collective, mêlée au désespoir, à la mélancolie, et à un feu vitalisant. De Facto Enscripture nous traverse violemment sans faire trop dans le détail, c’est franchement droit et avec très peu de moments d’accalmies. L’envie d’en découdre est portée par le collectif et sans aucune autre intention que de purger des états déchirants pour des âmes meurtries. Exception faite peut-être de « Wsup W Ya » qui tranche un peu avec le reste, notamment grâce au chanteur de Soul Glo qui mix avec feeling et intuition déchirement screamo et flow Hip-hop. Première fois que j’entends cette association dans la scène Skramzy/Emo-violente, très belle trouvaille qui nous est donné là. De facto Enscripture m’aura même permis de faire de belles découvertes et l’expérience de nouvelles sonorités. C’est déjà une très bonne chose en soi et qui sort un peu l’ensemble des vieux canons du genre.

Un son univoque dans l’ensemble avec pourtant pas loin de 8 guitaristes différents. Seuls le bassiste (Tom Schlater) et le batteur (Edie Quinn) resteront en place pendant toute la session d’enregistrement. Des guitares qui ne vont pas chercher, du moins au niveau de leurs sons respectifs, à se distinguer outre mesure. Chacun a ramené son amoureuse, joué (peut être !?) sur le même ampli et avec pour seule extravagance la pédale switch du dit ampli. C’est en tout cas l’impression que j’ai. Seuls les niveaux de distos et le crunch varient en fonction des guitaristes. L’ensemble fait bloque même si on perçoit ci et là quelques variations surtout au niveau du grain des guitares.

Dans son jus DIY et typée oldie, De Facto Enscripture ne cherche pas à impressionner de par l’amplitude du son qu’il nous donne à entendre ; l’énergie, la violence aux abois et sur la brèche fait très largement sensation. Low-fi dans l’âme, le skeud sonne avec toute l’humilité d’antan. Un rapport minimaliste au punk mais très largement compensé par la sincérité, l’énergie et la virulence des morceaux. L’époque de Funeral Diner ou encore d’Orchid ne parait pas très loin…

En Guest stars de l’anonymat Skramzy on retrouve Jeremy Bolm de Touche Amore, David Norman de Zegema Beach Records ou encore l’incroyable bassiste de Circle Takes The Square, Kathy Stubelek. Apparition furtive sur l’avant dernier morceau mais qui ne passe pas du tout inaperçue. La première cartouche vocalisée de Kathy rebranche instantanément le cerveau, et me replonge dans la belle époque de Circle Take The Square. Chanteuse unique et habitée qui a marqué mon esprit au fer rouge, une voix que l’on reconnaitrait entre milles autres. C’est aussi ça De Facto Enscripture, la rencontre entre keupons à la sensibilité exacerbée, passionnés.ées d’la lutte existentielle, dans ses manifestations les plus sombres, fougeuses et mortifères. Une anthologie emo-violente passée... aussi présente que mouvante. 

Freaks

le 01/07/2022