Dead Venus - Bird Of Paradise

Chronique CD album (55:13)

chronique Dead Venus - Bird Of Paradise

Le mieux parfois pour être agréablement surpris, c'est de se pencher sur quelque chose de totalement inconnu au bataillon. Et surtout, de ne rien en attendre. Les Suisses de Dead Venus fait clairement partie de cette catégorie. Fondé sous l'impulsion de Seraina Telli (ex-Burning Witches), le combo signe aujourd'hui son tout premier album, Bird Of Paradise. Non sans avoir galéré dans les recrutements afin d'arriver à un statut de groupe en bonne et due forme.

 

La raison de tant de difficultés afin de trouver du personnel s'entend dès la première écoute de la galette : la dame a des influences et idées artistiques on ne peut plus singulières pour ce projet, à mille lieues du heavy metal de tradition exhibé par le groupe où elle a fait ses premières armes. Même au sein de la scène neo-prog rock (ou rock prog alternatif, choisissez le terme qui vous convient le mieux), pourtant un étendard plutôt fourre-tout dans le sens où ce genre d'étiquetage réunit des trucs « progs pas forcément trop progs mais comme on ne sait pas comment les catégoriser, on leur file un sobriquet générique ».

 

Des idées artistiques singulières, on mettra sur le tapis le fait que Seraina, en plus de jouer des cordes vocales, souhaite laisser une très grande place à son piano. De la même manière qu'elle se trouve plus à l'aise avec les sonorités acoustiques des guitares, laissant les effets de saturation principalement à la basse lorsque le registre s'emballe pour lorgner vers les contrées un peu plus frontales, parfois quasi-metalliques. Et on insiste sur ce point : ces moments saturés ne sont clairement pas légion. Bird Of Paradise est en effet un album qui porte en lui comme un délire un peu « hippie ». Comprenez, on aime les sonorités naturelles des instruments et on leur laisse donc la part belle, pour un rendu électro-acoustique. Et lorsque l'on utilise les saturations pour se faire violence, c'est surtout pour jouer avec les reliefs/intensités, telle une sorte de Led Zeppelin un brin plus poppesque des temps modernes. Par exemple, on pensera aux maîtres avec le magnifique « Kiss Of The Muse » qui fera un peu penser à « Stairway To Heaven » dans son côté doux/aérien acoustique qui s'emballe crescendo pour littéralement exploser de fort belle manière.

 

Mais pour donner une meilleure idée de ce que l'on retrouve dans ce premier méfait, c'est de notre côté des frontières qu'il faudra chercher, à savoir Nehl Aëlin et par continuité Akphaeyzya (en version sage non-nawak et non-metallique). Difficile d'ailleurs de savoir si la maîtresse de cérémonie ici connaît la référence tant elle demeure plutôt (injustement) confidentielle, toujours est-il qu'à de multiples reprises et pour différents aspects, les similarités peuvent être frappantes. Cela peut être pour certaines lignes vocales – en registre clair, Seraina ne faisant pas partie de la secte des caméléons vocaux – comme sur le break saturé de « Kiss Of The Muse », le titre de clôture « The Flying Soul » plus tribale ou « The Beauty » plus soul/jazzy où l'on aurait presque l'impression d'avoir comme un enfant spirituel d'Akphaezya. Tandis que des « Dark Sea » ou « Sirens Call » rappelleront davantage la Nehl Aëlin en solo. Et bien entendu, le caractère omniprésent du piano ne fera que marquer également la comparaison, qu'il se présente sous un aspect pop ou davantage dans un délire piano/bar jazzy selon les titres.

 

Malgré tout, on ne va pas jeter mémé dans les orties, il n'y a nullement d'histoires de plagiat tant Dead Venus s'avère totalement différent dans son rendu d'ensemble. Plus sage, plus posé, moins baroudeur (à comprendre, pas réellement de lorgne vers la world music de différentes origines). Les Suisses restent droits dans leurs bottes dans leur ligne directrice rock qui joue sur les progressions soignées et élégantes d'intensité et tessitures, quand bien même l'on sent que le bagage d'influences s'avère autrement plus vaste. Notamment un côté soul/R'n B old-school que l'on retrouve parfois comme sur « Redemptionless » qui montrerait finalement ce qu'il se se passerait si Alicia Keys se déciderait à se mettre au rock. Et ce qui est présenté dans ce Bird Of Paradise impressionne : peu commun dans ses idées mais extrêmement accessible dans son rendu. Encore faut-il s'y pencher avec le bon état d'esprit. Car il n'y a pas réellement de gros son qui tache les frocs ici, on reste sur des choses assez posées (dans son sens électro-acoustique s'entend). Ce qui ne l'empêche pas d'être rythmé, dynamique. Mais surtout sensible et subtil dans ses progressions. Allez, si on devait chipoter, on pourrait peut-être lui reprocher que ce premier album aurait peut-être gagné à être amputé d'une dizaine de minutes afin de révéler d'autant plus d'impact global mais cela n'enlève en rien que la formule, aussi inhabituelle soit-elle, fonctionne très bien. Mieux, elle éveille curiosité et émotion. On espère donc qu'elle puisse s’affûter et se renouveler afin d'enfoncer d'autant plus le clou dans le futur.

photo de Margoth
le 07/11/2020

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 07/11/2020 à 19:10:33

Euh mais c'est quoi ce titre en écoute ? C'est pas mal en fait !!! 

pidji

pidji le 07/11/2020 à 22:54:48

bon par contre cette pochette... On en parle ou pas ? 😱

Margoth

Margoth le 08/11/2020 à 10:35:21

La pochette, c'est une belle remontada dans le temps de 20 ans quand Evanescence sortait Fallen (traduction : cé pa tré bo).

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