Divine Shade - From the Sky

Chronique CD album (19:20)

chronique Divine Shade - From the Sky

Imaginons-nous découvrir ce premier ep de Divine Shade en tête de gondole dans une FNAC lyonnaise, avec un casque pour écouter la rondelle et un petit écriteau sympathique vantant les mérites de ce nouveau groupe local  :

 

  • « Apparu il y seulement quelques années sur le paysage musical lyonnais, Divine Shade a su se tailler une place de choix et figure parmi les groupes avec lesquels il faudrait compter dans les années à venir. Mélangeant avec brio influences électroniques et sonorités rock, le groupe inscrit son travail et son exploration musicale dans le sillage d’artistes et formations comme Depeche Mode, Nine inch Nails ou David Bowie. Avec From The Sky, premier EP paru en 2015, Divine Shade a jeté un pavé dans la mare, et les éclaboussures sont à peine en train de tomber. »

(Texte issu de la presse locale lyonnaise et glanné leur site. On trouve aussi the Cure, Joy Division ou encore
Sisters of Mercy comme influences citées sur leur page facebook)

 

On se met donc le casque sur les oreilles en épluchant le packaging du disque. Bon déjà, le texte de présentation sus-cité ne transpirant pas la modestie, notre regard sur l’artwork n’en est que plus circonspect : assez moche, rappelant vaguement un cours de troisième année d’école de design 3D et surtout totalement impersonnel, tout comme le nom du groupe. Alors oui, y a du sens : ça nous renvoie à notre condition d’humain vis-à-vis d’une divinité céleste tout ça tout ça oui oui. Enfin, j'imagine. Bon, je corrige alors : impersonnel et déjà vu donc.

 

Après, bon, on cause pas vraiment encore musique ici. Isolé de la plèbe du samedi après-midi attirée  par l’irrépressible envie de s’acheter le dernier Michel Houellebecq, on peut enfin se concentrer sur ce qui sort des écouteurs…

 

… Et gros souci ici : à partir du moment où les premiers titres s’égrainent, on passe très vite du déjà vu au déjà entendu. « Quoi de plus normal pour un groupe qui se pose lui-même en héritier des musiques froides des 80’s et des 90’s ? » me dit un mec qui s’écoute le dernier Stereophonics à côté de moi. Putain, mais bordel de merde, c’est pas limpide ? Oui, le courant qui pousse ces musiques sur nos chaînes est particulièrement fort en ce moment. Oui ça a déjà aussi été le cas dans les 90’s avec des mecs comme Reznor, Manson, et toutes la scène rock / metal / industrielle. Oui, c’est cool que cette mode revienne d’une certaine manière parce qu’en 2015, on se rend compte qu’il y a encore plein de trucs à dire et à remettre au goût du jour. Mais non, non, non, ça n’a jamais dispensé les groupes, surtout s’ils en sont à leur premier effort, d’y mettre des tripes, de l’émotion et, soyons fou, un peu d’originalité, ne serait-ce que dans la manière de traiter ces musiques vieilles de 35 ans. Les punks le font depuis plus longtemps et on arrête pas d’être abasourdis par la qualité des sorties de D-beat non ? Ben c’est pareil.

 

Sur ce disque, tout est super léché, super référencé et probablement super réfléchi. Le son est ultra flatteur et dire que tout ça ne donne pas un truc un peu entrainant dès que le tempo s’accélère ou que les grosses basses digitales prennent le dessus serait un mensonge. Mais entre des gimmicks entendus clairement au moins une fois sur chaque album de Nine Inch Nails (oui, ça fait au moins  neuf, en effet), des synthés saturés rappelant les pires moments du clash entre l’industriel et le metal (oui, Marylin Manson n’a pas fait que des trucs chouettes), des arrangements prévisibles (oui Depeche Mode ont eu trente ans pour cristalliser leur manière de composer) et un son d’une froideur totale, les cinq titres s’essoufflent dès la première écoute. Et je ne parle pas de la froideur esthétique souvent propre à ces musiques-là, mais bien de cette froideur sans relief que véhiculent ces disques qui ne nous font finalement pas ressentir grand-chose.

 

Pire encore, on a même le droit à une guitare funkisante et à de l’auto tune ostensible sur « Love of Angels ». Je croyais que c’était interdit depuis au moins quinze ans. Non ?

 

Je note quand même qu’avant les dernières secondes du disque, je me mange un petit « Bruise by Light » rappelant le Depeche Mode de la fin des 80’s, pas dégueulasse, très pop et finalement assez rafraichissant. Le sourire revient au lèvre donc mais pour une durée très limitée puisque le groupe nous pond quand même un énième titre de clôture lent et cafardeux  avec du piano comme sur la quasi intégralité des disques torchés par les clones de Nine Inch Nails depuis 1990… Ennuyeux comme un vendredi à la campagne, sans bière, sous la pluie.

 

Fin d’écoute donc. Je repose mon casque à sa place en me disant que je n’ai entendu ni the Cure, ni Joy Division,ni Sisters of Mercy... Pas grave. Un petit jeune à dreadlocks avec un T-shirt acheté sur le Goeland prend le relais et se saisit de mon casque encore chaud. Lui aussi doit se tromper de borne.

 

J’en ai conscience, mon jugement peut paraitre un peu dur vis à vis d'un jeune groupe venant à peine d'accoucher de son premier effort, même s'il est déjà soutenu par SMAC et label. Mais j’assume : c’est au fond assez irritant de voir un pareil palmarès d’influences se retrouver plongé dans un enregistrement aussi plat et aussi peu passionnant. D’une part, ça ne colle pas du tout avec les courants musicaux évoqués, initialement sensés coller de gros frissons (froids) et tirer de grosses larmes (froides aussi). D’autre part, et c’est le point qui m’énerve peut être le plus, ce mélange assez malheureux a déjà été fait dans les 90’s avec le résultat qu’on sait… On a eu suffisamment de mauvais titres de Two, de Stabbing Westward, de Filter, de Gravity Kills, de Sin, de Front Line Assembly, de Oomph ! ou de Skinny Puppy* pour savoir que non, ça ne sert plus à grand-chose de procéder de cette manière.

 

Il est d’autant plus rageant d’entendre un disque bénéficiant d’un tel soin de nos jours que ça fait déjà un paquet d’années que ces sons-là ont été dépoussiérés avec panache, émotion voire même originalité (si ! si !). Sortir un pareil disque en 2015, c’est tout simplement occulter les tonnes de bons disques qu’ont sortis the Soft Moon, Paradox Obscur,  In Death it Ends, HealthLed Er Est, KVB, Dead, Tropic of Cancer**, etc. Mais vous savez, vous n’êtes pas obligés de faire comme moi. Le petit player sur la gauche de votre écran vous permettra de vous faire un avis éventuellement plus nuancé que moi, inutile de vous déplacer à la FNAC sans raison. En plus, j’en viens, ils ont même pas le dernier New Order.

 

* Liste non exhaustive sachant que ces groupes ont également torché de bons titres pour certains d’entre eux, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit.

** Oui, au final, je me suis bien vautré dans le name dropping à outrance, mais avouez que c'est pas moi qui ai commencé.

photo de Swarm
le 10/12/2015

6 COMMENTAIRES

el gep

el gep le 10/12/2015 à 23:36:52

Dans cette pochette, je vois surtout un gros gland au bout d'un gros phallus courtaud.
Désolé.

swarm

swarm le 11/12/2015 à 03:14:57

ah ben non, sois pas désolé, au contraire !

pidji

pidji le 11/12/2015 à 09:33:05

AHah, je dois avoir les idées aussi mal placées que toi Gepeto, parce que j'ai eu la même réflection.

swarm

swarm le 11/12/2015 à 13:42:17

Si vous êtes en train d'insinuer que je suis passé à coté du disque par un biais aussi tordu que celui-ci, sachez que je trouve ça très petit.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 11/12/2015 à 20:54:01

J'assume. En plus j'ai pas pigé un broke à tes références... NINE INCH NAILS... sans déconner ? C'est quoi ce groupe ?? Du Kraut ?

swarm

swarm le 12/12/2015 à 15:30:09

Pô compris. Après un truc est sûr : non, c'est pas du kraut.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements