Embrace Of Disharmony - Humananke
Chronique CD album (56:16)

- Style
Dark'n'prog Orchestral metal - Label(s)
My Kingdom Music - Date de sortie
14 mai 2014 - Lieu d'enregistrement Hombre Lobo Studios & Bucatini Annihilation Studios
- écouter via bandcamp
Humananke, le tout 1er album des italiens d'Embrace of Disharmony, nous a été « vendu » comme du metal progressif et avant-gardiste. D'où picotements dans la truffe, pulsations spasmodiques des paupières et halètements bovins du chroniqueur qui vous cause. Et en effet, on ne peut nier que cette petite heure de musique soit extrêmement ambitieuse, alambiquée et théâtrale, pleine de coins et recoins demandant de nombreuses écoutes avant d'espérer pouvoir en dresser une cartographie relativement fidèle. Le tout est de plus agrémenté d'une touche « metal extrême » lorgnant gentiment vers le black (pour le chant) et le thrash mid-tempo saccadé (pour la guitare), ainsi que de drapés orchestraux à l'emphase relativement bien gérée.
Bon, tout ça commence sous de très bons auspices: 'y a moyen qu'on soit copains!
Mais dites-moi, en plus nos loulous savent drôlement bien s'entourer! Et vas-y que j'invite Kobi d'Orphaned Land et Mike Lepond de Symphony X sur un titre (le justement légèrement oriental – et très bon – « The Edge of Nowhere ») , Rafael Bittencourt d'Angra sur un autre (« Identity »), et Gabriele Caselli d'Eldritch sur un 3e (« By The Hands Of The Moirai »). Et vas-y que je fais masteriser le tout au Finnvox Studios. Si ça ne s'appelle pas mettre tous les atouts de son côté ça, ça y ressemble fort!
M'enfin laissez-moi vous donner encore 2-3 autres caractéristiques qui, si vous avez les oreilles issues du même moule que les miennes-à-moi, pourraient peut-être calmer un peu cette brûlante ardeur qui commence à vous faire fumer le col de chemise. Pour commencer, ainsi que la pochette le suggère d'emblée sans trop d'ambiguïté, Humananke fait une place prépondérante au clavier. Et celui-ci s'avère de fait un poil trop envahissant. A mon goût du moins. Il faut également savoir que les atmosphères ici développées dévient régulièrement dans le monde du dark-gothico-épique à jabots, et qu'il faut donc adhérer à ce genre d'esthétique précieuse pour pouvoir rentrer à fond dans le trip. Enfin le dernier des points qui pourraient bien vous gratouiller à l'un de ces endroits où ce n'est pas si agréable, c'est que le micro est confié à un couple Beauty & the Beast qui n'évite pas tout le temps les automatismes irritants du genre, d'autant que la voix claire masculine n'est pas toujours au top, et que ça shriekouille bien plus que ça ne deep-growle.
Moi je dis ça je 'dis rien, ça ne vous rebutera peut-être pas.
D'autant que, si le mélange Symphony X / Arcturus / Therion mis en avant par le groupe pour décrire sa musique est en effet parfois pertinent, on peut tirer bien d'autres parallèles comparatifs, parmi lesquels certains sont plus avenants encore si vous voulez mon avis. On se surprendra par exemple à entendre des réminiscences du temps de la splendeur d'Hollenthon (repassez-vous le début d'« Identity » en fermant les yeux), ainsi qu'un peu de la folie d'Unexpect (notamment quand le synthé ne la ramène pas trop et que les structures se mettent à virevolter).
Ah, ça ricane moins déjà!
Mais il est vrai que quand on dresse le bilan final, entre les morceaux à rallonge pas toujours limpides, le chamallow fondu de quelques passages gothico-symphoniques un peu lourds, et le manque de vrais gros morceaux-locomotives (quoique je suis dur: « The Eternel Champion » ferait un chouette single, « Identity » développe une bonne accroche et « The Edge of Nowhere » convainc sans mal), on reste sur un avis mitigé, même si la balance penche quand même plutôt vers l'enthousiasme. Embrace of Disharmony est le genre de groupe qui a du potentiel et qui peut aussi bien nous pondre une pépite sur le petit prochain comme s'enfoncer dans un anonymat tiédasse s'il ne réussit pas à dompter complètement son talent pour se transformer en une vraie bête de course.
Bref: encouragements sincères du conseil de classe.
La chronique, version courte: dextérité, talent, ambition, richesse des compositions, Humananke devrait botter les fans de metal progressif, orchestral, sombre et dramatique qui ne crachent pas sur le chant féminin ainsi que sur quelques petites poussées plus « extrêmes ». A la croisée d'Adagio, Hollenthon, Winds – voire Unexpect quand la sauce prend vraiment (...mais avec pas mal de clavier hein, attention!) –, ce 1er album d'Embrace of Disharmony possède de solides arguments qui devraient convaincre les amateurs du genre.
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