Feeder - Silent cry

Si le rock outre manche est parfois connu pour de mauvaises raisons, à commencer par les frasques de frères Gallagher, ou celles de Pete Doherty avec une anorexique droguée, on oublie de parler de groupes bien plus discrets et absents de tabloïds mais bien plus intéressants sur le plan musical. Bien que l'on pense aux très populaires Muse, on en oublie beaucoup d'autres. C'est le cas de Feeder, qui depuis maintenant 15 ans nous donne une autre vision du rock grâce à des mélodies recherchées et faisant très souvent mouches sans pourtant toucher un très large public.

C'est encore le cas avec "Silent cry", qui successeur de l'excellent "Pushing the senses" avait de nombreux défis à relever.

"We are the people" arrive dés les premières secondes à accrocher son auditeur. Avec des chœurs que nous retrouverons à plusieurs reprises (ex : "Itsumo") rappelant parfois même les canadiens de Arcade Fire ou les Pixies dans leurs titres les plus calmes. Mais aussi les étonnantes secondes qui achèvent ce morceau par la douceur d'un clavier ambiant "organique" et de choeurs féminins s'ajoutant à la voix sussurante de Grant Nicholas. On retrouvera ce modèle sur l'interlude "Space".

"Itsumo" nous propose les mêmes choeurs en fond, pour une mélodie menée par la voix parfaitement adaptée aux ambiances du titre. Sur "Miss you", titre résolument plus énergique, les membres de Feeder nous montrent qu'ils sont encore capables de proposer quelque chose de rapide. Ce titre contraste largement avec la mélodie simpliste, et plutôt naïve de "Tracing lines" cassée par le court refrain plus énervé. Ce titre dans sa formation est répétitif et apparaît comme le plus inintéressant de l'album.

"Silent cry", qui suit, relève le niveau avec des violons, des alternances entre passages calmes et énervés, la guitare s'allie parfaitement au chant et des violons largement mis en avant créant une mélodie très réussie.

Des violons utilisés a maintes reprises comme sur "Fires" mais plus discrètement, ou sur "Head held high", "Who's the enemy"...

"Head held high" offre un nouvel aspect très proche de Arcade Fire, le traitement de la voix, l'ambiance posée par les violons ainsi que la guitare prenant parfois le dessus lors d'un couplet.

"Guided by the voice" sonne parfois musicalement comme les Foo Fighters, en référence à ces mélodies calmes s'énervant sur les refrains, mais garde ces aspects du groupe canadien par ces choeurs très lointains.

"Who's the enemy" sonne comme un périple, et s'avère être très intéressant grâce à la force de la guitare saturée alliée aux violons. Ces passages simples techniquement, mais intenses pour la musique rock de Feeder est très bien inspirée, l'auditeur amateur de simple rock ne pouvant qu'accrocher.

"Into the blue" offre un nouveau visage du groupe, rappelant les guitares new-yorkaises avec des choeurs répétant toujours la même phrase, propose une facette légèrement rock'n'roll, en incluant un clavier aux sonorités vintage jouant 4 notes. Si décortiquer la mélodie est simple, sa construction apparaît plus complexe, sonnant comme un single à succès, ce titre n'est plus le plus intéressant mais il a tout pour plaire au plus grand nombre par sa simplicité d'écoute.

"Sonorous" qui clôt cet album est un titre à deux visages, l'alternance d'un chant doux accompagné d'un riff aigu au rythme lent et de violons présents discrètement, laissant une atmosphère planante qui ne sont pas sans rappeler Dredg (période "Catch without arms") avec parfois des explosions des deux guitares ré-accélérant le rythme, pour finalement clore sur une note pleine d'énergie ce Silent Cry peu novateur, mais très inspiré pour ce groupe qui a trouvé sa personnalité et qui l'affine à chaque témoignage discographique aidés par une production laissant chacun des instruments s'exprimer.

Tookie

le 06/06/2008