Flames - Resurgence
Chronique CD album (46:28)

- Style
Thrash metal - Label(s)
No Remorse Records - Date de sortie
1 juillet 2022 - Lieu d'enregistrement Sound Symmetry studios
- écouter via bandcamp
« … Ils jouent du Thrash, tu dis ? Mais quel type ? Du Thrash / Death qui grogne ? Du Crossover Thrash qui skate ? Du Prog Tech Thrash qui tortillonne ? Du Thrash’n’Roll qui sent la gomina ? Du Groove Thrash qui panterate ? »
Rien de tout cela ! Flames joue du Thrash… qui thrashe ! Dans la plus pure tradition, comme à l’époque où il fallait porter jeans et baskets pour faire partie du club. Ici les guitares sont tout le temps en train de changer les rapports entre la 4e et la 6e vitesse (… en-dessous, c’est juste bon pour les Glamouzes), en train d’imiter le rotor des hélicos d’Apocalypse Now, en train de tailler les chairs auriculaires comme une chaîne de tronçonneuse traçant sa route dans la bidoche. Oh, pas parce que ces Grecs ont à revendre le trop plein de testostérone caractéristique d’un début de post-adolescence turbulente, non : le groupe a commencé à rugir en 1984, et Resurgence est un 7e album sorti après 26 ans de silence… Les frangins Kirk, qui tiennent les rênes depuis le début de l’aventure derrière la basse et la guitare, sont a priori plus proches de l’andropause que du goûter Lait fraise / Petits Ecoliers. Par contre, en accord avec le nom de leur tribu, ils ont gardé le feu sacré.
Alors non, je ne vous ferai pas croire que, en vieux briscard qui a fait toutes les guerres musicales, j’ai dans mes tiroirs le vinyle de Made in Hell, sorti en 1985, quand nos amis prêchaient encore la bonne parole du Speed Metal dans les clubs d’Athènes. Je n’ai d’ailleurs pas les opus suivants non plus, et n’ai jamais reçu le faire-part annonçant la sortie de In Agony Rise, l’avant-dernier chapitre sorti en 1996. C’est donc une oreille (relativement) fraîche qui va ici palper les cuissots et vérifier la dentition de cette vigoureuse bête (… bien que n’ayant plus rien du poulain). Mais avant de partir tête baissée dans le gros son, une dernière précision pour les vieux lecteurs qui connaîtraient déjà la famille : évidemment, depuis le temps, ça a bougé côté line up, Andy et Chris ayant fait appel à un vieux compagnon, Thomas Trampouras, pour gérer guitare et micro, ainsi qu’à un véritable mercenaire hellène, Nick Samios, pour donner le tempo.
… Les présentations étant à présent faites, que pleuvent les gnons !
Pas besoin de laisser longtemps tourner Resurgence pour constater à quel point le Thrash de Flames est de facture classique. Qu’il s’agisse du son – pas daté, mais clairement tradi’ – , du chant, comme des riffs : tout est fait pour que le quadra confirmé voit resurgir des souvenirs du lycée (… comme quoi le titre de l’opus est bien choisi !). S’il fallait rapprocher le style actuel du groupe d’une chapelle bien connue, ce serait celle du Thrash teuton, et plus précisément la paroisse du bon pasteur Destruction, même si sur « Yourself Unknown » et « H8red » c’est plus le sacristain Sodom qui semble donner le La. Mais à Berlin, c’est bien connu, il y a longtemps eu des soldats américains : sur quelques riffs plus nettement apocalyptiques (cf. « War in Mind » et « Shell Shocked ») on pourra donc trouver des traces de Slayer et de Dark Angel, ainsi qu’une bonne vieille séance de mosh anthraxien à la moitié de « Mercy Denied ».
« Classique », cela peut signifier « pépère et sans originalité », mais aussi « du you-get-what-you-want aux petits oignons ». Et Resurgence se range plutôt dans la 2e catégorie. « plutôt », oui, car de petites scrogneugneuteries nous gênent aux entournures, et empêchent ce faisant l’album d’atteindre le seuil symbolique du 8/10. Comme cette minute seize d’intro cliché et complètement inutile. Comme ces gimmicks parfois un peu balourds sur « Rotten Life » (cf. le refrain lourdement asséné sur fond de saccades, aux trois quarts du titre). Et surtout comme un « Yourself Unknown » qui ne se contente pas d’être mollasson, mais qui de plus repompe violemment le couplet du « One Step Over The Line » de Sodom. Mais si l’on occulte ces petits désagréments, Resurgence est surtout une belle source de satisfaction pour les Forever Old School Angels. Notamment la dernière poignée de titres, qui concentre les cartons. Dont la grenade « Shell Shocked », rapidement dégoupillée, qui nous explose méchamment les roubignoles. « H8red », qui clôt le débat la baïonnette au canon (à noter quelques volées de blasts, concession à la modernité également effectuée sur deux autres titres – mais cela reste discret). Et « Legend III (The Final War) », bonus réservé aux détenteurs du CD, extrait de Nomen Illi Mors, le 5e album – on remercie le groupe de nous donner l’occasion de plonger dans cette superbe Thrash Party qu'il eut été dommage d'ignorer !
Alors non, Resurgence n’est pas du genre à cramer la baraque Thrash Metal pour, tel le phénix du genre, inventer des lendemains meilleurs, innovants, plus ceci et cela. Il n’est pas non plus de ces albums qui, derrière des riffs tranchants et des yeux faussement injectés de sang, déclarent leur flamme à d’autres genre – Heavy, Hardcore, Zouk – pour élargir leurs horizons. Il s’agit simplement d’un bon album de Thrash classique, véloce et relativement mélodique, qui sent le vécu, un amour indéfectible pour le courant « canal historique », et l’envie de foutre le feu aux planches. Conclusion facile, mais inévitable : Resurgence constitue un beau retour de Flames.
PS : Metal Archives indique un titre intitulé « Keeper of the Burning Flame », durant 4 minutes 50, en lieu et place de la courte intro qu’il nous a été donné d’écouter – et qui est également dispo sur Bandcamp. Si vous avez des infos sur la question…
La chronique, version courte : après 26 ans de silence, les vétérans grecs de Flames sortent un 7e album certes classique (fans de Destruction, au rapport !) mais loin d’être dépassé – ledit opus étant au contraire aussi solide que véloce. Si l’on ne trouvera pas sur Resurgence le hit Thrash de 2023, ses trois quarts d’heure ne laissent que peu de place aux temps morts, et offrent aux amateurs bien plus que leur ration hebdomadaire… Il n’est pas né le pompier qui douchera les ardeurs de ces têtes brulées !
2 COMMENTAIRES
Pingouins le 12/09/2023 à 12:04:13
Ahah la pochette de l'enfer.
cglaume le 13/09/2023 à 05:50:11
Ça manquait un peu de couleurs rétro ces derniers jours… 😁
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