Flub - Flub

Chronique CD album (27:30)

chronique Flub - Flub

Honnêtement, si hors contexte on vous dit « Flub », vous pensez à quoi? Perso’ ça m’évoque une petite peluche rose à la tronche improbable – entre un muppet velu et Patrick, le poto de Bob l’Eponge – capable de balancer de petites jets de slime quand on lui appuie sur la bedaine. Pas vous? Vous pensez que je devrais consulter?

 

Quand on furète dans le catalogue de The Artisan Era – label qui semble tout miser sur l'horlogerie extrême-metallique de haute précision – Flub prend un tout autre sens. Car derrière cette pochette « Black Alice aux pays des merveilleux champi » se cache le premier album d’un groupe californien comportant en ses rangs un ex-Vale of Pnath (Eloy Montes, à la guitare), ainsi que le batteur de Rivers of Nihil (Jared Klein). Le label fait donc ici bien le moine: car si vous placez ces 7 titres entre vos oreilles, vous allez les exposer à un Death technique de pointe, du genre conçu au crayon 4H sur papier millimétré.

 

Mais je dois dire que ce qui m’a plus particulièrement orienté vers le groupe – plutôt que vers les nombreux autres Cynic / Gorod / The Black Dahlia Murder wannabes du moment – outre la présence de musiciens expérimentés, c’est l’accent mis par le label sur l’aspect « expérimental » de la musique du groupe. Et que je te promets « Flub is an adventurous death metal experience » par-ci, et que je t’allèche avec du  « Non content d’avoir une approche multi-facette du Death metal, Flub incorpore à sa musique des éléments provenant de genres variés, comme la Cumbia, le Jazz fusion et la Musique classique » par-là… Ça titille la glande à curiosité tout ça! D’autant que – rassurez-moi, vous non plus? – je n’avais jamais entendu parler de la Cumbia (tiens, un petit lien Wikipedia pour vous cultiver).

 

Sauf que si ces propos ne relèvent pas complètement de la publicité mensongère, l'aspect décalé mis en avant à travers ceux-ci s'avère vraiment léger. Alors c’est vrai, les guitares twins qui virevoltent ici ont une classe aristocratique qui frise le registre Néo-classique. OK, les musiciens enfilent plus d’une fois les gants blancs, et « Umbra Mortis » bénéficie d’une outro en plumes d’oie qui ravira sans doute les fans de Paul Masvidal et Sean Malone. OK, le clavier adopte sur deux morceaux des sonorités de marimba (vous savez, ce xylophone exotique). OK, « Wild Smoke » finit sur des sonorités chiptune rappelant ces fins de partie de Space Invaders, quand on se fait cramer son vaisseau par un projectile alien. M’enfin ces manifestations d'originalité restent rares: on est loin du laboratoire du Dr Frankendeath! Et puis elle est où la Cumbia d’abord?

 

Parlons sérieusement: Flub propose un Death technico-mélodique particulièrement léché – mais assez clairement typé US. Et j’avoue que cette dernière caractéristique me branche moyennement. Car autant le côté Melodeath revisité par l’Oncle Sam et le growl débouche-évier ne me dérangent pas, autant le « teen shriek » tête-à-claques me fatigue très vite. Et heureusement que le groupe n’insiste pas trop sur les mosh parts pleines de saccades, parce que sinon la trademark aurait vraiment été trop violemment marquée. Mais ce qui pénalise le plus les Californiens c’est encore l’utilisation d’un clavier vraiment pas assez discret qui distribue le sucre avec la générosité d'un confiseur pédophile en maternelle, l'ensemble finissant par devenir franchement poisseux. Le summum est d'ailleurs atteint sur « Rebirth », morceau qui semble chercher à singer ce que Dan Swanö a fait de plus rose et de plus roudoudou. Pour couronner le tout, ce premier album souffre parfois d’un relatif classicisme d’autant plus frustrant qu’on attendait « de l’aventure et des expérimentations » (« Rise from Your Grave » est l’exemple-type du morceau qu’aurait pu écrire n’importe quel autre groupe de cette scène).

 

** ronchonne, grommelle **

 

Mais la note ne vous a pas échappé. Et si le paragraphe précédent liste effectivement nombre de raisons valables de bougonner sur sa chaise, il n’en reste pas moins que cette courte demi-heure réserve plein de belles choses aux adeptes de la technique au service de la mélodie. D’ailleurs on distingue régulièrement de ces plans qui auraient pu sortir de la tête de Mathieu Pascal, le leader de Gorod. Et on se fait souffler à intervalles réguliers, que ce soit sur les présentations intitulées « Last Breath », sur le un peu trop ‘ricain mais néanmoins trépident « Wild Smoke », ou sur le superbe « Dream » qui rafle la mise dès son superbe démarrage. Alors on ne peut décemment pas mettre moins que 7 – allez, 7,5 même – à cette débauche de somptueuse dextérité musicale. Mais vous l’aurez compris, il s’agit ici d’une note « compromis » reflétant d’un côté un très gros potentiel, et de l’autre des choix assez discutables. Affaire à suivre…

 

 

PS: 27 minutes c’est court pour un premier album, certes. Mais on reconnaîtra au groupe l’intelligence de ne pas se la jouer « Progueux bavards » en réussissant à cantonner ses titres à des durées très raisonnables – ou, plus simplement, « suffisantes ». Des musiciens plus jeunes auraient sans doute péché par excès, eux…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Flub, premier album de musiciens chevronnés (il y a des bouts de Vale of Pnath et de Rivers of Nihil dedans) propose un Death technique et mélodique US de haute volée, pas aussi expérimental qu’il le prétend, et souffrant d’un clavier trop exhibitionniste, mais susceptible de plaire aux fans de sophistication mélodique.

photo de Cglaume
le 21/05/2020

1 COMMENTAIRE

Seisachtheion

Seisachtheion le 21/05/2020 à 12:57:08

Moi, ça me fait penser à "Flubber'', film lumineux de 1997 avec Robin Williams ! 😋 

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