Gaura Devi - Frío

Chronique CD album (27:58)

chronique Gaura Devi - Frío

Gaura Devi m’a fait une très mélancolique impression avec son album sorti en novembre dernier sur Voice Of The Unheard Records. Un Label qui a l’oreille affutée et qui s’autorise comme à l’accoutumée de très bonnes sorties. On peut compter parmi les plus réjouissantes et actuelles, Lorem Ipsum, Eux, Golden SeamsDark Days et j’en passe… De quoi allégrement flatter les écoutilles d’auditeurs affectionnant le Hardcore à la fois caractériel, sensible et mélodiquement poignant. Si l’on devait résumer à l’extrême le travail accompli par les Espagnols sur leur dernier effort Frio, c’est clairement comme ça que je le définirais. Un disque sensible de par la tristesse de ses mélodies au goût Post-rock, et caractériel de par ses charges Screamos qui souvent se muent en un Néo-Crust signature Ibérique. Mais ne vous laissez pas flouer par cette dispersion catégorielle, Gaura Devi c’est avant tout et surtout un groupe de Post-Hardcore mais qui magistralement l’agrémente de toutes ces tendances susnommées.

 

Le mode opératoire sur Frio est toujours le même, des introductions aux arpèges éthérés qui d’entrée de jeu caressent la corde sensible de l’auditeur. L’ambiance est satinée et contenante dans sa mélancolie puis, même si prévisible, le groupe dégoupille brutalement et déchaîne sa violence au travers de hurlements déchirants et d’accords fracassants. La mise en place des morceaux se fait donc toujours sur cette modalité, l’atmosphère des débuts est posément crépusculaire et la suite nous emporte irrésistiblement dans un tourbillon de riffs et de mélodies toutes plus porteuses et fouillées les unes que les autres. Si tu t’es amouraché du Néo-Crust d’Ekkaia, Ictus et du Post-Hardcore de Anteros alors tu vas prendre un pied évident sur ce magistral Frio. Rien que pour le travail des guitares, j’abdique sans broncher et m’abandonne à l’émouvante et à l’implacable tristesse de ces trois titres. Le riffing des guitares est placé sous le signe de l’opulence. Les rythmiques sont souvent dissociées mais harmonieusement agencées, les plans s’accordent à la perfection. Que cela soit sur des accords abyssaux à la Neurosis où sur des arpèges plus ténus et mélodieux, les gratte-manches de Gaura Devi se rencontrent toujours mélodiquement, approfondissant l’Aura mélancolique de ce bouleversant Frio. S’il sait sophistiquer ses plans, le groupe les épure également. La partition pour les guitaristes est simple : jouer la mélodie sur une corde ou deux pour l’un et envoyer pleine bourre ses accords dropés sur du D-Beat pour l’autre. Des morceaux de bravoures Néo-Crust sur « Somnis. Dins, la foscor » et qui apportent un peu de mordant à cet accablant Frio.

 

Les lignes de chant sentent les viscères, t’en prends plein l’museau. La Guest Voice féminine sur « La Balada De Nora Durst » et les Spoken Words de « Desvanecer » apportent une touche de diversité et de rondeur à un chant qui se veut dans l’ensemble cru et guttural. Les cris, qu’ils soient verveux ou plus tranchants et volumineux incarnent un propos déchirant de tragique. Les tympans de l’auditeur tiennent le coup, sa sensibilité elle, tente à grand-peine de résister à l’ardeur de ces glaçants assauts vocaux. Des voix absolument poignantes et qui forcent l’immersion.

 

Deux morceaux se concluent sur des outros acoustiques, laissant place à des mélodies endeuillées mais belles à reconnecter un.e psychiatrisé.ée avec ses émotions ; des émotions que la lourdeur des traitements et les prétendus « soins » interdisent. Barbarisme et déshumanisation à l’œuvre dans un système de soin merdique. Que crève l’hôpital public et que vive l’autonomie des soins ! Ouais t’as vu j’fais du prosélytisme pour la cause du terrorisme. Et feu aux prisons et aux HP hein! Mais revenons-en au prosélytisme qui nous intéresse vraiment dans cette chronique, mon petit Crush du moment à savoir Gaura Devi. Pour vous convaincre de mon enthousiasme, profitez des 15 minutes épiques de « Somnis. Dins, la foscor ». Délectez-vous de son intro cristalline et pesante, de son ouverture retentissante et Neurosienne, de ses breaks en cascades, de sa fougue mélo-Crusty, de ses mélodies sombres et crépusculaires, de la descente vers l’éternité de son solo etc., Un titre qui nous abreuve esthétiquement d'une mélancolie, terrassante et douloureuse certes, mais au final transcendée par tout le sublime qu'elle invoque.

 

Pour conclure, Frio c’est seulement trois titres Post-Hardcore dont la prose musicale et l’atmosphère funeste nous atteignent au plus profond. Un Post-Hardcore qui se pare des plus beaux atours Screamo, Post-rock et surtout Néo-Crust. Un régal dans le genre…

 

photo de Freaks
le 02/04/2021

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