Gorebringer - Terrified Beyond Measure

Chronique CD album (34:21)

chronique Gorebringer - Terrified Beyond Measure

Sans être un vrai mensonge délibéré, l'intitulé « Gorebringer : Terrified Beyond Measure » s'apparente néanmoins à une sorte de tromperie. Un peu comme si « Tropical sunshine & Hot bikinis » figurait sur la tranche de l'album-photo des vacances 2021 chez Mémé, à Nice. Parce que bon, au bout d'un moment 'faut arrêter d'appeler Michel « Maille-Keul ». Car non, malgré cette pochette et ce cadre thématique qui promettent un bon gratin de viscères cuisiné en l'honneur de Shub-Niggurath, Gorebringer ne pratique ni le Brutal Slam Death, ni le Hemorrhoidal Goregrind. La vérité c'est que ce trio – officiellement from London, mais ayant placé un titre sur la cuvée août 2022 de la compil French Metal, va comprendre Charles... – La vérité c'est que ce trio, disais-je avant de me couper la parole à moi-même, pratique en fait un Death extrêmement mélodique, porté par des guitares expertement bavardes, à la limite du néoclassicisme parfois, mais également rafraîchi dans la neige d'un Black glacial, et – c'est vrai – doté d'une belle couche de poils façon grizzli. Si cela avait été nous autres qui nous étions rendus au bureau d'Etat Civil pour déclarer la naissance du groupe, plutôt que le prénom Gorebringer on aurait sans doute opté à la place pour Barbaric Dark Virtuosity, Aristocratic Trauma... Voire Dentelles & Coups d'Pelle.

 

Mais n'ergotons pas plus longtemps sur des choix patronymiques à présents entérinés, et passons si vous le voulez bien aux impressions auriculaires. D'autant que sur ce point, il n'est que peu de raisons de se plaindre. C'est que, ainsi que se plaisent à le dire les experts les plus pointus : le groupe envoie grave le pâté ! Car d'un côté on se fait ratatiner sous les assauts conjoints d'une batterie qui avoine et d'un couple growl'n'shriek particulièrement véhément, tandis que de l'autre on se fait attendrir la tripaille par d'incessantes broderies mélodiques qui sont telles de magnifiques tapisseries sur les parois de la bicoque de Leatherface. Mais pour vous faire une idée plus précise de la chose, vous préférez sans doute le name dropping aux métaphores à la mord-moi-le-croupion : dites-vous donc que ce 2e album (je ne vous l'avais pas dit ? Là, c'est fait) sonne comme si Exmortus, Illdisposed et Skeletonwitch s'étaient concertés pour rendre un hommage aussi brutal qu'exubérant à At The Gates. Et oui, en effet, ces références révèlent également un autre aspect de la musique de Gorebringer : nos gaillards aiment fanfaronner en mode « Tagada Tagada sur mon fier destrier Heavy héroïque », la fleur au fusil, la bravoure en bandoulière et l'écume aux lèvres (dans cet ordre, sous peine que les lèvres gercent et le fusil s'enraye).

 

Sans vouloir gâcher la fête, il me faut quand même signaler que le gros des frissons provoqués par Terrified Beyond Measure nous est procuré lors des quatre premiers morceaux. Puis, une fois retombée la douce inquiétude nocturne instillée par l'interlude « Moon Circle » et passé un « A Blackened Circle » plus ronflant et pompeux que ses pairs (ça use de piano, de nappes de clavier et d'amples mouvements de manches sur ce titre...), on se rend compte que tout cela est peut-être un peu trop massivement homogène, un peu trop grandiosement écrasant, et que, malgré deux derniers titres pourtant tout à fait respectables (dont le très bon instrumental « Necro Mess »), on en arriverait presque à ressentir des impressions de déjà vu, comme si tous les morceaux finissaient par se fondre les uns dans les autres en une grande chevauchée fantastique durant 34 minutes. Remarquez que c'est loin d'être désagréable... Mais on aurait préféré pouvoir se remémorer séparément les diverses phases de la bataille plutôt que de ne retenir qu'un bouillonnant maelstrom de violence et de virtuosité sans réel début ni fin.

 

Alors oui, mes diplômes d'âpre critique et d'expert ès dénichage de vilains défauts m'ont cette fois encore permis de pondre un avant-dernier paragraphe durant lequel râlouiller sur l'argenterie pas impeccablement briquée et des accords mets-vins pas toujours optimaux. Toutefois cela n'empêche pas ce Terrified Beyond Measure d'être une expérience grisante, une violente déflagration de sang et d'or, l'alliance de la tronçonneuse et de la plume : bref un métissage qui offre le meilleur de deux mondes.

 

« Goooooore-bringer - Tou / Douuuuuuu / Douh - there're the men, the men with the Miiiiiiidas touch... »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Aaaah le bon vieux temps du Melodeath ! At The Gates, In Flames, c'était le pied... Quoiqu'un peu trop plein de dorures et de dentelles pour remporter un bras de fer contre Deicide ou Cannibal Corpse. C'est sans doute ce constat qui a poussé Gorebringer à se poser en chaînon manquant entre ces deux mondes, et à allier d'un côté riches et omniprésentes mélodies, fougue Heavy et morgue aristocratique Black, et de l'autre déchaînements blastés et growl de barbare. Et c'est un pari gagnant, le résultat étant convainquant « beyond measure » !

photo de Cglaume
le 24/02/2023

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