Gràb - Zeitlang

La fin de l’année 2021 approche, les différents TOPs commencent ici et là à s’esquisser sérieusement. À chaque fois, pour ma part, c'est le même aveu d’impuissance face à la myriade de sorties éminemment qualitatives. 2021 demeurera une année insensée (inédite ?) de ce point de vue, pour le Black Metal j’entends. Même avec l'investissement massif de notre Xuxu et la participation plus perlée mais indispensable de finalement bon nombre de membres de la Team CoreandCo (love Cromy, Lapinou, Nounours, 8oris, Pingouins, Moland et alii !), on n’y arrive pas. Et on n’y arrivera sans nul doute jamais…

Cette féconde frustration m’a donné envie pour la première fois de ma maigre expérience de chroniqueur de générer un Top un peu particulier. Il est court, mais il m’est très nécessaire. J’ai besoin de vous proposer mon TOP 5 des « Je ne suis vraiment qu’un pov’konar, pas assez temps pour poncer, chroniquer et intégrer ces albums dans mon top 2021, ’faudrait intégrer easy deux Blackeux de plus en full-time-job au sein de la Crew CoreandCo » (je dois retravailler mes intitulés j’sais bien).

Les lauréats sont (dans l’ordre de ma frustration) :

• Spectral Wound - A Diabolic Thirst (Québec)
• Syning - Syning (Norvège)
• ex-aequo Iskandr -Vergezicht et Helleruin - War upon Man (tous deux des Pays-Bas)
• Shrine Ov Absurd - Monotony (du BM cubain bordel !)
• Aussichtslos - Einsicht (Autriche)

Ce top, un peu trop anglé je vous l’accorde, aurait dû intégrer en très bonne place (numéro 2) le premier album des Bavarois de Gràb paru le 1^er octobre 2021 chez Trollmusic. Oui mais voilà qu’un commentaire donné à l'un de mes anciens posts FB, daté du même jour d’ailleurs et publié dans un groupe privé que je kiffe (La Communauté du Riff), fait tout remonter à la surface !

Le voici :

« Et ben, vous savez quoi les zamis de la Commu' ? Gràb, groupe bavarois de Beuh Meuh, vient de me faire passer un très bon moment ce matin même.

Quand rugosité et légèreté du BM atmosphérique deviennent symbiotiques.

C'est tout frais... »

Or, quasi concomitamment, je prends connaissance de la chronique dithyrambique (je ne l’ai pas encore parcourue) de Sakrifiss, mon éminent collège de Thrashocore. Cela vient tout renverser : je DOIS bouleverser mon calendrier, me sortir les doigts pour en faire une kro à l'arrache, la faire publier tout aussi à l'arrache ! Pour manifester ma sincère reconnaissance à l’égard de Sakrifiss, l’un des plus fidèles promoteurs de ce Metal noir que je chéris tant, j’ai décidé de me débaptiser le temps de ce texte :

Seisachtheion n’est plus...

...Vive Sakrumfist !

Gràb, référence à un mot traditionnel bavarois qui signifie à la fois « vieux » et « gris », est porté par deux hommes : Grànt et Gråin. Tandis que le second est déjà actif dans plusieurs formations (Gråinheim, Schrat, Blutwald), le premier, membre d’Eudaimony et de Trinitas, était l’ancien frontman de Dark Fortress sous le doux nom d’Azathoth. C’est bel et bien ce dernier qui a écrit l’ensemble de ce méfait, basé exclusivement sur l’usage de l’idiome local des Alpes bavaroises, véritables théâtres d’expression artistique et poétique.

Alors qu’a-t-il donc de si spécial ce Zeitlang, annoncé d’ailleurs dès la fin janvier par un trois-titres ? Racontant l’histoire d’un vieil homme vivant en anachorète dans le cœur de la montagne, en compagnie d’une fidèle compagne – la mort –, il est simplement bouleversant durant sa grosse heure de BM atmosphérique. À l’image des paysages forestiers et pastoraux, des contraintes climatiques de cette étroite et neigeuse lisière alpine, mais aussi de son dialecte alémanique, la nature de cette création est belle, mais rude. Tel une percée dans l’esprit et l'héritage culturel de Grànt, le clip glacial qui reprend l’intro "Sched oreidig" puis le morceau "Nachtkrapp", illustre parfaitement l’ambiance musicale. Je n’avais pas eu aussi froid depuis l’écoute du dernier Raven Throne et de son sublime "U dałoniach zimy". La qualité de cette 2^e pierre est remarquable et ne sera pas forcément dépassée par les sept pistes qui suivent. "A Dåg im Herbst", "Weizvåda" et l’outro "A Gråbliacht" la toisent fièrement et apportent à ce vieillard isolé le feu, source de vie ! Zeitlang sait aussi offrir des formes plus adoucies, à l’image des deux premières minutes remarquablement mixées du morceau éponyme, de l’instrumental "Auf da Roas", ainsi que des derniers soupirs de "S' letzte G'leit". L’utilisation d’instruments traditionnels, à savoir le dulcimer, le harpe et le cor des Alpes, doit être soulignée ("A Dåg im Herbst").

Musicalement, sont assumées ici les influences norvégiennes « des premiers Gehenna, Ulver et Darkthrone » (elles suintent de partout sur "Nordwand"), « tout en s'inspirant des Allemands Nagelfar et Lunar Aurora ». Cela sonne donc de bout en bout le très bon et le TRVE ! Sans pour autant pouvoir atteindre l'intouchable Mare Cognitum, le voilà intégrer dans mon futur top 2021, avec la quasi-certitude d’avoir en face de moi l’un des albums de Black Metal atmosphérique de l’année ! Et tout ça, à … l’arrache vous l’aurez compris.

Signé : Seisachtheion Sakrumfist

Seisachtheion

le 20/12/2021