Hawak - nước

Chronique CD album (33:29)

chronique Hawak - nước

Dès l'aperçu du nom de ce disque sorti au début de ce mois d'août, on se doute bien qu'Hawak, jeune groupe originaire d'Oakland en Californie, va causer (au moins en partie) Vietnam. En effet, ce mot, nước, veut dire « eau » en vietnamien, si je ne me trompe pas. Et les premières secondes de « Realign », le morceau d'ouverture, semblent immédiatement confirmer cette impression, avec des notes de musique traditionnelle vietnamienne (et il aurait été intéressant de voir comment le groupe aurait pu en intégrer à d'autres reprises dans leur musique, mais il s'agit de la seule occurrence). La fin du morceau achève de certifier qu'on avait vu plutôt juste, à travers un sample qui met justement en scène d'anciens combattants de cette sale guerre. On retrouvera d'ailleurs un autre sample au départ de « Overthinking anxiousness », si on n'était toujours pas sûrs de notre interprétation géographique.

 

Passée cette introduction de mise en contexte, on bascule vite sur un screamo que l'on pourra globalement placer, dans la géographie du style, entre celui que l'on nommera « à la française », avec des similitudes notamment avec Aussitôt Mort (ou plus récemment Coven) voire même avec les regrettés Amanda Woodward (sur « Overthinking anxiousness » en particulier, où on retrouve un chant très proche, ainsi qu'une patte similaire en termes de composition), et le screamo italien du type de celui joué par La Quiete ou Raein: une voix hurlée mais pas trop, qui permet souvent de comprendre le texte pour peu qu'on s'y intéresse, des mélodies souvent mises en avant avec des guitares aux tons très clairs, des parties plus posées qui installent des ambiances mélancoliques qui sentent bon l'isolement et la détresse personnelle.

 

Ainsi, vous l'aurez compris, on n'est pas ici dans l'emoviolence, la branche du screamo qui tire sur le hardcore urgent et syncopé, powerviolence voire grindcore : les groupes de référence seront donc plus A Day in Black and White qu'Orchid, plus Suis la Lune que Pg.99, Loma Prieta que Battle of Wolf 359, etc. Il y a pourtant plus d'une exception à cette affirmation sur cet album, avec des moments bien plus énervés (le début de « Burden Sharing » ou de « The hands we removed », des bouts du morceau éponyme, la fin de « Unseen » et sa cavalcade de batterie), mais ils viennent essentiellement offrir un bon contraste avec l'une des structures récurrentes sur ce nước : une ambiance calme avec une basse relativement centrale accompagnée de deux guitares qui brodent autour sur la base d'arpèges qui vont en s'intensifiant et conduisent vers des zones de saturation plus élevées.

 

Mais les musiciens de Hawak parviennent à se diversifier et à varier les sons : si l'on pensera parfois aux groupes cités en début de chronique, c'est parfois l'ombre d'un City of Caterpillar qui pointera le bout de son nez sur une mélodie tendue (« Inward Vision »), parfois plutôt l'école mélodique espagnole (le build-up de « Burden Sharing »), le tout en conservant une bonne cohérence d'ensemble entre les morceaux. On trouvera même des inspirations plus directement punk-hardcore pour les morceaux les plus courts et directs, histoire de rajouter encore un peu de variété là dedans, tandis que les plus longs permettent au groupe de s'étirer un peu plus sur de belles envolées.

 

Dans l'ensemble, tous les morceaux ont leur lot de très bons moments et une belle dynamique interne (« Shattered Mirror », « Unseen »), ce qui rend l'écoute du disque tout à fait satisfaisante, sans monotonie, et avec un chant qui apporte vraiment une touche personnelle à la musique du combo californien, même si j'avoue être un peu sceptique sur le rare usage des choeurs (heureusement fort discrets et non récurrents, tout comme les parties de voix plus claire). Quelques arrangements intéressants ici et là ajoutent un peu de texture en plus, en jouant la position dans le mix ou en rajoutant des éléments d'ambiance.

 

Bref. Sur nước, Hawak ne révolutionnent pas le style, loin de là, mais le reprennent suffisamment à leur sauce pour proposer tout de même un album convaincant, plutôt axé sur la mélodie élaborée que sur l'attaque frontale, que les amateurs et amatrices du genre apprécieront très probablement. Dans tous les cas, il s'agit d'un très bon premier effort, qui ne demande qu'à être confirmé dans le futur.

photo de Pingouins
le 16/08/2021

3 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 16/08/2021 à 11:42:06

Pour info nu'o'c désigne aussi "le peuple" :)

Pingouins

Pingouins le 16/08/2021 à 13:22:43

Ah, merci beaucoup de la précision ! :)

cglaume

cglaume le 16/08/2021 à 14:02:31

On me dit dans l'oreille que c'est en fait plus proche de "patrie" / "pays" que de "peuple". Au temps pour mon niveau de vietnamien haha

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