Hazzerd - Delirium

Chronique CD album (49:03)

chronique Hazzerd - Delirium

« Le Thrash canadien ? Fingerz in da noisy nose ! Tiens : Annihilator, Voivod, Sacrifice, et en m'autorisant une lichette de Speed Metal j'ajoute Razor et Exciter ! »

 

Pas faux. Quoique cette liste vous trahisse : avouez, vous transpirez une cinquantaine aussi dégarnie que démotivée. Si si, parce que si vous aviez encore un peu de jus, au lieu de vous encroûter dans vos références d'un autre temps, vous auriez cité Aggression, Dissimulator, Droid, Tymo ou les excellents Terrifier. Sans compter Autonoesis, parce qu’on peut bien déborder un peu sur les platebandes stylistiques voisines. Et comme vous savez pertinemment que les intros sont rarement là par hasard (… quoique : ce serait marrant de partir vraiment en live, une fois, pour la déconne), vous vous doutez qu’il serait sans doute pertinent d'ajouter Hazzerd à cette liste... Bravo, ‘z’êtes plus futé que Keyser Söze !

 

Hazzerd s’agite du côté de Calgariff (on valide l’orthographe alternative) depuis une bonne douzaine d’années déjà, et Delirium est son 2e album. Contrairement à beaucoup de ses compatriotes, pas d’incursion dans le Death ou le Black ici, ni de volonté d’aller se choper une tendinite en cherchant à justifier un préfixe « Tech- » : les quatre loustics s’en tiennent à un Thrash canal historique, pas forcément le plus méchant qui soit mais néanmoins cavaleur, et surtout à cheval sur les belles mélodies de guitares taillées au sabre. Les influences US sont indéniables – d’ailleurs l’emprunt à Metallica est un peu trop visible sur « Dead in the Shed » (bam, à 0:30) –, mais on ne peut manquer de constater également quelques vraies traces de fougue germaine, notamment du vieux Destruction rehaussé de poussées d’une gouaille vénère rappelant parfois le Tankard de début de carrière.

 

Que du-Thrash-du-Thrash-du-Thrash, vraiment ?

 

S’en tenir à ce constat monochrome serait faire preuve d’un certain daltonisme. Car ces guitares pétulantes manifestent plus qu’occasionnellement la fougue flamboyante caractéristique des formations Heavy/Speed. Notez que les Canadiens ne nous prennent pas en traître. Ainsi, dès les toutes premières secondes de « Sacrifice Them (In the Name of God) », un généreux déluge de tapping twin annonce haut la couleur : les épées vont briller au soleil, les élans héroïques vont guider les assauts, ça va cavaler, cataclop cataclop, sur les sentiers de la victoire. C’est sur « Sanctuary for the Mad » que la chose est affirmée le plus crânement, le Thrash de Hazzerd passant pendant trois grosses minutes en mode « Battle Metal », ceci grâce à un Heavy/Thrash qui se voit pour l’occasion coloré de sonorités plus franchement Hard’n’Heavy.

 

Entre suées Thrash revanchardes et torses Heavy/Speed bombés, Delirium varie les tempos du mid-tempo victorieux au galop furieux, fait se succéder leads et solos avec une extrême générosité, et offre même l’un de ces longs instrumentaux (« Call of the Void ») tels que les anciens recommandaient jadis de composer afin de constituer la tracklist Thrash parfaite – je vous parle d’un temps où les trve-badours respectaient un code de conduite ancestral.

 

Tableau idéal donc, pour Mr Veste-à-patches ?

 

Presque. S’il accepte d’ignorer quelques moues, provoquées

  • par un batteur pas toujours au top des toms (pas foufou le break de 0:46 à 0:58 sur « Sacrifice Them (In the Name of God) », laborieux l’accompagnement de la basse à 0:28 sur « Waking Nightmare »…)
  • par une fin d’album déclinante (passé la première accélération, « The Decline » est plus tiède que la moyenne. Et « The End » s’avère un peu chiant, pour parler crûment)
  • par l’absence d’un vrai tube qui botte les culs et fasse vraiment la différence

 

Pour autant Delirium n’est pas non plus « très mince » (elle était facile). Son écoute fout la patate tout autant que la banane – vous aimez le sucré-salé ? L’allure comme les mélodies font plus que répondre à nos attentes… D’autant que les notes sont distribuées en quantités faramineuses. Hazzerd fait donc preuve d’un panache certain, ce qui va nous pousser tout naturellement à nous intéresser sous peu à The 3rd Dimension, son troisième album sorti à la mi-janvier (oui je suis à la bourre, comme toujours !)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : du bon vieux Thrash américain dans la grande tradition. Une pincée de fougue teutonne à la Destruction. Plus la flamboyance de guitares qui du Heavy/Speed ont retenu les leçons… Sur Delirium, Hazzerd offre tout ce qui fait que, quoique voilés de houblon, les yeux de tonton brillent toujours de la même passion quand de l’église Thrash il entend sonner le carillon.

photo de Cglaume
le 13/03/2025

4 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 13/03/2025 à 09:16:19

Américain ou canadien ? Gaffes, tu joues avec le feu là !

8oris

8oris le 13/03/2025 à 09:35:42

Elle était facile mais elle est quand même très jolie! 👌

cglaume

cglaume le 13/03/2025 à 09:35:59

Ce sont des Canadiens qui font pour partie du Thrash américain... Ne jetez pas du kérosène sur le feu trumpien cher collègue 😅😅

cglaume

cglaume le 13/03/2025 à 10:38:57

@8oris: 😅🤪

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