Heartbeat Parade - Some Sort of Naked Apes

Chronique CD album (35:54)

chronique Heartbeat Parade - Some Sort of Naked Apes

« Hey cglaume: un groupe qué sapelorio plus ou moins « La Parade des bites », et qui cause d'espèces de primates désapés, ça pourrait te plaire, non? D’autant que le Math-Rock et les albums instrumentaux, ça serait pas loin de te brancher, pas vrai? »

 

Ben pas franchement vrai, non. Limite faux même. Moi ce serait plutôt « Le Défilé des épilées » et les jeunes ingé-nues qui seraient susceptibles de me botter, thématiquement parlant. Et côté musique, le Math-Rock, pour qu'il passe, ‘faut me le servir barré, à la PoiL / Chromb!. Par ailleurs ce n’est pas parce que j’adore Step in Fluid et que je suis très fan des 2 premiers Animals As Leaders qu’il faut me balancer tout ce qui se refuse à utiliser un micro! ... Mais allez, va: jetons tout de même une oreille à votre Heartbeat Parade

 

A première (et deuxième) vue, ce trio belgeo-franco-luxembourgeois est plus taillé pour séduire les lecteurs des Inrock’ et de New Noise que la brutalosphère de l'Obscene Extreme Festival. Certes, on parle de Math Rock: il s'agit donc là d'une lapalissade. M’enfin quand même, il faut attendre plus de 5 minutes, après qu’un tiers de « The growing seed II - Earth is balance » se soit écoulé, pour commencer à entendre quelque-chose susceptible de titiller notre radar à gros son. C’est que pour balancer du piano et des couches de blabla, ‘y a du monde. Pour effectuer quelques galipettes à la batterie et à la basse, ça s’active aussi. Par contre les gros biscotos mettent quant à eux drôlement longtemps avant de sortir des enceintes!

 

Mais stop: on a suffisamment insisté sur le manque de poils de l’opus. Attachons-nous à présent à en donner une description plus objective. Some Sort of Naked Apes est donc un mix entre les tournicotons d’un Ni (en moins tortueux et moins barré) et les longues plages instrumentalo-hypnotisantes de Kong (en moins synthétique, mais en tout aussi anesthésiant). En guise de postillons dans le micro, le groupe balance des samples de films, de reportages et/ou de discours, le tout ayant tantôt un effet « dramatique » assez sympa, tantôt un côté désincarné marqué, ce dernier aspect étant encore renforcé par l’utilisation sporadique de boucles Electro. L’inconvénient de cette approche, c’est que les discours sont – forcément – plus plaqués sur la musique que véritablement intégrés à celle-ci. Et quand la chose est portée à son paroxysme (« Another one wipes the dust »… Ouarf le clien d’œil!), ceci a carrément pour effet de nous détourner complètement de la musique pour nous focaliser sur l’action suggérée à travers les dialogues... Pas forcément idéal, vu qu'on parle quand même ici de l'œuvre de musiciens, et non de celle d'une compagnie théâtrale!

 

Concernés par le monde dans lequel ils vivent, nos 3 mousquetaires mettent en musique en même temps qu’en mouvement les grandes catastrophes environnementales, le conflit Israélo-Palestinien, la discutable perception du viol dans notre société prétendument moderne, et autres sujets coutumiers des gros titres et des débats enflammés. Cela leur a d’ailleurs inspiré quelques morceaux fameux, comme un « The growing seed III - Mankind is control » qui tape adroitement dans les tripes, un « Numb me 4 ev3r » à la superbe guitare miroitante, ainsi que « Choc et stupeur » qui met du temps avant de sortir les crocs, mais qui le fait avec force et impact quand enfin l'assaut est donné, en toute fin de morceau.

 

Some Sort of Naked Apes est donc un album d’atmosphères et de discours qui propose un Math-Rock ni trop agité, ni trop torturé… Ni assez punchy pour le présent chroniqueur. Car la musique du groupe s’écoule sans heurts ni francs éclats jusqu’à son terme, comme une B.O. tapissant l'arrière-plan d’un film qu’on suivrait d’un œil distrait, en triant des photos ou se coupant les ongles de pied. Ce n’est clairement pas une mauvaise pioche, les musiciens sont d’un très bon niveau, mais au lieu de nous planter des hameçons dans la couenne pour nous forcer à agiter la nuque et bouger nos grandes carcasses, la musique du trio nous enveloppe, nous caresse, pour finalement nous passer à travers en nous laissant un souvenir certes agréable mais tiède, exempt ou presque de remous et de frissons.

 

Le cœur de cette parade bat un peu trop sagement si vous voulez mon avis…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Sur Some Sort of Naked Apes, Heartbeat Parade propose un Math-Rock instrumental assez tranquille (mais néanmoins habité de samples nombreux) évoquant un Ni rangé des voitures. Le fil de ce premier opus hypnotise, puis finit par endormir... Un peu comme un album de Kong. Idéal pour habiller votre espace sonore d'un joli velours musical, mais pas super efficace pour se sortir les tripes du bide…

photo de Cglaume
le 16/03/2016

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