Heave Blood & Die - Burnout Codes
Chronique CD album (29:11)

- Style
Post-punk - Label(s)
Fysisk Format - Date de sortie
26 janvier 2024 - écouter via bandcamp
Alors que les boyz suédois se dégringolent du viagra par tablettes de 100 à régurgiter du « sports » à la gueule des foules, sa voisine norvégienne - elle -, se la joue sobre, réservée. Toujours identifiée aux yeux d’un grand nombre d’audiophiles qui liront ces lignes comme terre d’un extrémisme musical incendiaire aux braises inextinguibles, il semblerait que ses entités post-punk se dissimulent à l’abri des regards dans les étendues glaciales du territoire, perdues dans un imaginaire de hameaux sans âmes à l’hiver éternel - nimbé de mystère et bordé de sentiers solitaires. Bien entendu, les érudit·e·s du genre parviendront à dégager l’entité Permafrost, vestige des eighties extirpée de son sommeil avec plusieurs EP et singles dans son Fjällraven ; ou encore Mirror Haze dont le deuxième album est sorti il y a peu. Néanmoins, à l’intérieur de cette niche gelée dans laquelle se terrent ces formations, Heave Blood & Ice s’avance d’un pas ferme hors de cette brume, - les pieds perforant d’une assurance chaleureuse la couverture neigeuse qui habille le sol scandinave.
Originaire de Tromsø (chef-lieu du comté de Troms et Finnmark), la formation norvégienne a vu le jour en 2017 et trace sa route depuis lors avec une régularité impressionnante, marquée par déjà trois albums publiés respectivement en 2016, 2018, 2021. Petit à petit, Heave Blood & Ice se fait un nom sur la scène nationale, notamment grâce à Post People qui fut nommé aux Spellemannprisen (Grammy Awards norvégiens) au titre de meilleur album. Au cœur de l’hiver, les plus nordistes des nordistes délivrent en fin janvier leur quatrième album intitulé Burnout Codes, qui sera malheureusement marqué par le sceau du deuil à la suite du décès du bassiste Eivind Imingen, survenu peu après la fin de l’enregistrement.
Toujours édité par Fysisk Records, ce quatrième album emprunte sa forme au précédent album : huit titres pour une durée qui ne dépasse pas la demi-heure. Heave Blood & Die dévoile une musique post-punk qui emprunte autant à la cold wave qu’au post-rock, dans laquelle les claviers de Marie Sofie Mikkelsens émergent clairement au sein du mixage ; cette signature sonore traverse l’entièreté de ce Burnout Codes et distille une ambiance énigmatique à l’œuvre. Ce trait musical déploie une efficacité aussi insoupçonnée que redoutable dans l’agressivité punk de certains morceaux, tels que l’ouverture endiablée de « Dog Days », l’entrainant « Stress City » dont les mélodies s’égarent par moment à la lisière du kitsch ; ou encore le virevoltant « Things That Hurt » à la débauche d’énergie communicative. Son usage n’est donc en aucun cas limité à la création de plages atmosphériques, mais s’inscrit totalement dans l’élaboration harmonique des compositions. Par conséquent, cet emploi s’affirme tout autant parmi les titres plus lents, à l’image du final mélancolique « Seen It All » ou des mi-tempo « Mjelle » et « Heatwave 3000 » ; le climat instauré est tel qu’un « Men Like You » pourrait évoquer chez certain·e·s un Cult Of Luna débarrassé de ces traits les plus metal et post-hardcore. Enfin, il est évidemment nécessaire de féliciter l’enregistrement de Karl Løftingsmo Pedersen et de Ariel Joshua Sivertsen, ainsi que le travail de mixage impeccable de Magnus Lindberg, responsable de ce design sonore envoutant.
Avec Burnout Codes, Heavy Blood & Die propose une carte de visite alléchante de leur post-punk, dans un style éloigné de celui des grands noms anglo-saxons. Malgré le malheureux événement ayant endeuillé récemment la formation, il semblerait que celle-ci poursuive sa route en compagnie de Luna Storeide au poste de bassiste. C’est tout le bien qu’on leur souhaite tant cet album est une belle réussite ; les écoutes successives n’atténuant aucunement l’éclat de cette aurore boréale issue du ciel de Tromsø.
1 COMMENTAIRE
Tak le 14/02/2024 à 18:04:52
Ca fait quelques temps que je n'écoute plus vraiment de post-punk (hormis les formidables derniers albums de Squid et de nos amis frenchies de Cathedrale), mais cette chro' me donne bien envie d'y poser une petite oreille !
Merci pour la recommandation, ça a l'air très chouette :) (je viendrais ptet faire un petit retour si ça m'a vraiment plu)
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