Ὁπλίτης (hoplites) - Παραμαινομένη
Chronique CD album (52:33)

- Style
Naked City goes Black Metal - Label(s)
Indépendant - Date de sortie
12 janvier 2024 - écouter via bandcamp
Un one-man-band chinois, relocalisé en France, et qui utilise le grec ancien pour aborder des thématiques tournant autour de la lutte contre l’oppression du pouvoir central de la République populaire de Chine, voilà qui n’est pas commun. C’est pourtant ce que propose Ὁπλίτης (Hoplites, comme aurait pu le dire Périclès). Le projet est actif depuis 2021, et après avoir publié, de façon indépendante et digitale, trois albums en 2023, il est déjà de retour au début de l’année 2024 avec Παραμαινομένη (Persistant), sorti de la même manière. Mais ce contexte n’est pas l’aspect le plus étrange chez Ὁπλίτης : sa musique l’est encore plus. « Furieusement nawak », écrivais-je à l’époque de ma première écoute.
Velu, Παραμαινομένη l’est sans aucun doute, mais ce n’est pas ce genre de considérations qui va me faire fuir. Bien au contraire, l’album se place même dans le haut du panier dans ce domaine. La radicalité du Grindcore s’y mêle à la folie du Free-jazz et à la noirceur du Black Metal, avec des touches non négligeables de Death et de folk extrême-asiatique (l’insupportable guzheng ou koto, je ne saurais dire…). Un saxophone à la John Zorn est omniprésent, se mariant à un Metal extrême zeuhlesque, voire Djent.
Tous ces éléments disparates, qui auraient pu faire sombrer Ὁπλίτης dans un naufrage musical, sont sauvés par un talent et une rigueur d’écriture remarquables. Chaque composante semble soigneusement pensée pour servir une charge émotionnelle puissante, contrastant avec l’agression sonore quasi permanente. Ce soin dans la construction confère à l’album une âme unique, oscillant entre une expérimentation débridée et une sensibilité subtile, presque poignante.
Ce nouvel album de Ὁπλίτης est étrange de bout en bout, de l’explosion initiale au halètement final qui vient conclure cette épreuve en laissant l’auditeur également à bout de souffle. Mais le plus étrange, c’est que tout cela fonctionne, malgré le fait que trois des six titres dépassent les dix minutes, ce qui aurait pu augurer d’un foutoir musical sans nom. Le musicien pousse ici tous les ingrédients constitutifs de Ὁπλίτης dans leurs derniers retranchements. Oubliez Anaal Nathrakh ou Imperial Triumphant : Liu Zhenyang nous offre ici un cocktail détonnant, l’un des albums les plus curieux qu’il m’ait été donné d’écouter.
4 COMMENTAIRES
Moland le 26/02/2025 à 08:47:35
Rhaaa, il est longtemps resté dans mon top2024 avant de céder sa place. Content que tu lui consacres une chronique de bon aloi.
Crom-Cruach le 27/02/2025 à 20:19:32
Pas ma came mais c'est pour le moins surprenant, oui..
La chro donne un bon aperçu de la chose.
el gep le 27/02/2025 à 20:58:58
Oh mais dis faut que j'essaie ça dès que j'pourrai !!!
Aldorus Berthier le 02/03/2025 à 23:35:38
John Zorn étant mon zikos préféré de tous les temps qu'ont jamais existé...
Bah putain jsuis teasé.
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