Horseneck - Fever Dream

Quand quatre californiens forment un super groupe qui réunit entre autres des membres de Chelsea Wolfe et de Will Haven et que ce joli monde te promet du rock stoner noisy et hardcore, direct t’as la boussole qui s’agite en pointant frénétique la direction WNW (What?...No Way!!). Tu sens la découverte de l’année, tu espères l’association goulayante de deux styles que tu chouchoutes depuis des années, tu pries pour un nouveau savant fou au mieux, un doué disciple de l’alchimie musicale au pire.

Alors, tu écoutes et tu tombes sur...un album qui te rappelle un peu trop...Queen Of The Stone Age. Pas de bol, tu espérais une marmite pleine d’or mais tu te retrouves avec une casserole. Une belle casserole certes, tous feux, revêtement en téflon, manche ergonomique mais aussi belle soit-elle, ce n’est finalement qu’une casserole. Parce qu’avec ce Fever Dream, vous retrouvez tous les qualificatifs, aspects, détails stylistiques de la musique stoner tels que gravés dans le marbre par Josh Homme et sa bande il y a déjà quelques paires d’années. Guitares fuzzy et organiques, batterie efficace et binaire, basse grondante ou aux lignes entêtantes, voix en chant clair, vocalises éraillées, ambiances sablonneuses, lancinantes ou en mode trip sous mescaline, passages plus énergiques, nappes discrètes d’orgues Hammond façon Jurassic Park, mixage analogique qui sent la bande magnétique et le compresseur analogique à 5 plaques, tout y est...

Tout y est mais il y a deux différences notables. La première, plutôt positive, c’est le passif hardcore des membres qui se ressent. Les guitares sont un peu plus énervées, les voix sont un peu plus criardes et les atmosphères titillent donc sporadiquement la limite inférieure de l’agressif. L’intention est sympathique mais trop en retrait, trop minimisée. La faute à un mixage qui manque cruellement de brillance, à un son trop ancré dans le boueux matifié. D’un point de vue BTP, on a du gravier rond calibre 65, on esperait du gravier acéré calibre 120. La deuxième différence, plutôt négative, c’est l’absence cruelle de hits. Evidemment, il s’agit là d’un critère hautement subjectif, et d’aucuns qualifieraient mes goûts de douteux ou me taxeraient d’être un indécrottable difficile. Ils auraient très certainement raison. N’empêche que je n’ai entendu dans ce Fever Dream, aucun de ces morceaux qui deviendraient emblématiques, portes-étendard d’un style et dont le succès serait unanime quels que soient les publics. Rendons à César sa salade car mis à part "A Discarded Mess", duo lo-fi piano batterie minimaliste dont ressort un intriguant ennui, les morceaux sont bien construits et la qualité d d’arrangements et des ambiances de l’album est indéniable mais il manque cette petite étincelle, ce petit plus. On n'en est jamais loin mais on n'y est jamais vraiment non plus. Pourtant, je l’ai écouté en large, en travers, en boucle, en passant, en me concentrant et malheureusement, aucun morceau n’aura pas fait tilter mon flipper musical, aucun ne m’aura agité les bumpers. 

Et cela m’embête bien car Fever Dream est malgré tout un très bon album, solidement produit, très bien interprété et finalement assez peu linéaire. On devine le plaisir du groupe à le produire, on est convaincu que rien n’a été fait à la va-vite. Les fans de rock-stoner basique au son vinyl-cradouillou, bien écrit et agrémenté d’un touche de hargne électrique devraient donc y trouver leur bonheur. Je vais donc mettre mon échelle de note de côté et prendre la leur en compte.

On aime : du rock-stoner qui s’essaye au hardcore.
On n’aime pas: l’absence de morceaux vraiment marquants, le style un peu trop vu et revu, les incursions hardcore frustrantes car amoindries par un mixage trop mat.

8oris

le 16/06/2020