In The Guise Of Men - Ink

Chronique Maxi-cd / EP (26:18)

chronique In The Guise Of Men - Ink

Krys Denhez, le chanteur qui s'illustre sur l'opus faisant aujourd'hui l'objet de toutes nos attentions, est également le tout premier avaleur de micro à avoir officié chez 6h33. C'est lui qui est aux commandes du grandiose « Taaake me ho-ney, riiiiight to the tooop of the woooooorld » brillant de 1000 feux sur Orphan of Good Manners. Qui plus est, le personnage se trouve être un infatigable amateur de nawak metal, ce qui dénote une personnalité riche et ouverte, une musculature de jeune Apollon, un charme fou et une endurance sexuelle hors-norme... Mais si voyons, ça a été prouvé par des études très sérieuses. Devenu (...jusqu'à il y a peu) postillonneur en chef d'In The Guise Of Men, il s'est lancé dans une infatigable promotion de Ink, le 1er EP de la formation parisienne. Et on peut dire que ce travail acharné a payé vu les retours franchement positifs récoltés par ce 6 titres auprès de la webzinosphère. Tiens, une preuve parmi tant d'autres: le morceau « Sale Paradise » a trouvé le chemin conduisant à la tracklist très select' de la compilation Combat Nasal vol.10, ce qui en dit long sur les qualités de la chose. Cette chronique semblait donc écrite d’avance, débordante d’énergie positive et de youpi-tralala, avec la grosse note joufflue qui va bien en haut à gauche en guise de coup de tampon adoubant définitivement le bestiau.

 

Non?

 

Eh bien non. Parce que, malgré la palanquée d’écoutes que je me suis astreint à faire – étalées dans le temps qui plus est, pour laisser mûrir la chose –, je n’arrive toujours pas à céder à l’enthousiasme général. C’est comme ça. Et pourtant ça n’a rien de confortable ni de sympa d’afficher « seul contre tous » une moue dubitative à l’encontre du bébé de quelqu’un qu’on apprécie beaucoup musicalement parlant. C’est même carrément pas fun. Vous vous en foutez, c’est bien normal, mais je tenais à le mentionner, histoire de planter le décor.

 

Sur Ink, In The Guise Of Men joue un metal « moderne » et tortueux évoluant aux limites du djent, du metalcore et du mathcore, en plein dans les prairies où paît habituellement le gros des troupeaux de la bergerie Klonosphere. Le son, la structure des titres, la maîtrise instrumentale, tout ici transpire la maturité, ceci malgré l’extrême légèreté du bagage discographique de la formation parisienne (en même temps le groupe s’est formé en 2003, ce qui laisse le temps de peaufiner la formule…). Le problème – pour la configuration cérébralo-auditive du scribouillard qui vous cause – c’est qu’une bonne moitié des titres (« Suicide Shop », « Violent Overthrow » et « Blue Lethe ») procure des sensations habituellement provoquées par une séance de retournement d’ongles à la pince-monseigneur (bon, là j’exagère un brin, mais c’est pour renforcer l’impact du propos). Aïe donc. Malgré quelques rares poussées mélodiques généralement amenées par le chant (parce qu’il est bon le Krys), ces titres tout en déséquilibre mélodico-rythmique et en caresses à rebrousse-poil balancent de la décharge syncopée Meshugguienne sans proposer de point d’accroche, transformant pour le coup leurs chemins de traverse musicaux en voies sans issue. Le genre qui donne envie de se passer ensuite un bon petit missile crust histoire de se retirer les échardes des tympans.

 

Plus long, plus ample, « Drowner » se fait également plus catchy, plus accueillant, moins revêche. On y sent l’ombre bienveillante de Textures, dans une version toutefois plus metalcore (cette doublette chant clair juvénile / aboiements core, ça type tout de suite). « Sale Paradise » réserve bien quelques belles parenthèses mélodiques, mais il reste encore un peu trop de ces tressautements et de ces détours qui, s’ils ne nous perdent pas forcément en chemin, nous fatiguent quand même un peu les nerfs. Heureusement, le groupe garde le meilleur pour la fin, « Dog To Man Transposition » étant le plus in-your-face et le plus immédiatement accrocheur des 6 titres de l’EP. Bien plus hardcore, moins hésitant de la fesse, l’impact du titre est immédiat et maximal.

 

Je le répète: Ink est techniquement irréprochable et servi dans un écrin sonore rutilant. Je ne serais d’ailleurs pas étonné de voir la joyeuse troupe rejoindre une écurie de luxe comme celle précédemment évoquée de la Klonosphere (allez hop, en quelques paragraphe on passe des moutons aux purs-sangs). Ceux qui apprécient le djent metalcorisé et rythmiquement sans concession vont en coller plein le sopalin. Pour ma part – vu que je suis un peu chochotte sur ce coup là – le paquet reste trop peu digeste. Et malgré quelques très bons moments qui permettent de voir la lumière, là-bas, à l’horizon, le rapport plaisir / inconfort reste encore trop faible pour que j’aille de moi-même me recaler l’EP entre les oreilles au petit déjeuner.

 

Maintenant qu'on approche du point final, et que l'inconfort dans lequel cette chronique a été rédigée commence à s'estomper, ne comptez pas sur moi pour tenter en plus l’épreuve de la notation… Si j'avais dû, contraint et forcé, me plier à cet exercice, j'aurais sans doute appliqué la formule [ressenti perso' + tentative d'objectivité] / 2, ce qui aurait donné quelque-chose comme [5 + 7,5] / 2 = 6,25. M'enfin pour le coup, je préfère voter blanc *** Bouh le gros lâche! *** Oh ça va hein!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: tressautements et cahots rythmiques typiquement djent, caresses en chant clair et aboiements rugueux dans la tradition metalcoreuse, structures heurtées et exigeantes à la sauce mathcore, In the Guise Of Men ne fait clairement pas dans le post-doom. Certes, il faut aimer le poil à gratter métallique pour rentrer complètement dans cet EP, mais si vous êtes de ces amateurs de fil de fer barbelé musical, Ink a tout ce qu’il faut où il faut pour vous procurer votre dose quotidienne de châtaignes métalliques.

 

photo de Cglaume
le 12/03/2014

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