Jessica 93 - Who Cares

Chronique Vinyle 12" (38:21)

chronique Jessica 93 - Who Cares

« Et quand tu regardes l'abîme, l'abîme... » te montre son plus beau doigt d'honneur avec un sourire narquois. Retour – assez tardif dans ces colonnes, il est vrai – sur un des phénomènes 2013. Le coup d'arpin à la façon Stromae-right-from-the-cave ! Le mec -de ce One-Man Noise band - s'excuserait presque de l'avoir fait cet album... d'une efficacité redoutable, Who Cares renvois à tous les canons du genre et joue la carte de la proximité... merde, il est déjà dans ton salon, il a vidé ton frigo, envisage de se taper ta meuf... et toi tu lui souris bêtement !

 

N'entretenons pas un suspens de façade, cet album est évidemment une bombe. Le genre de plaque que l'on redécouvrira avec plaisir à mesure que les années vont s'accumuler. Who Cares est si définitif dans sa conception, qu'il s'impose dès les premières écoutes. L'empilage des couches est si malignement orchestré qu'il apparaît comme évidence sur chaque titre, après quelques écoutes. De l'enivrant « Away » au chamanique « Junk food » ; oui, il est difficile d'échapper à ce malaise organisé si jouissif. L'apanage des musiques de vieux, nan ?

 

Aux chemises sur-boutonnées bariolées, et au sourire diamant du grand belge ; Jessie (!) choisit le pull à capuche et la barbe de trois jours. Tout est sombre. Who Cares nous la joue road movie pédestre le long d'un canal après minuit. Il fait froid, il pleut, il fait seul, et les maigres lueurs qui t'illuminent viennent des phares du contre-haut à 60 kilomètres-heure.
Pour peu, cet album pourrait être le meilleur album de Robert and co depuis Pornography. Une éternité.

Pour être honnête, il y'a d'autres lumières, celles des néons des vitrines et parfois quelques reflets de boules à facettes (c'est que ça groove de temps en temps).

 

Sous le pseudo caramailesque s'agite Geoffrey Laporte, un type à l'hygiène alimentaire douteuse, qui roule méticuleusement ses clopes, lorsqu'il ne taxe pas les tiennes faites, parce qu'il a perdu patience. Ouaip, le grand Paulo a aussi un rapport incertain à la bouffe... mais lui aussi est de prime abord sympa.
Le bonhomme est guitariste dans plusieurs formations dont la plus notable répond à l'écho Besoin Dead (best name-band ever). Mais, c'est bien dans son recueillement que le gars du neuf-trois, se réalise pleinement.


En 2013, c'est l'autre onaniste en musique de chambre qui s'en sort le mieux. Dans les deux cas, les critiques unanimes de nos consœurs et confrères ne sont pas des effets d'usage. Who cares s'adresse au plus grand nombre des amateurs de musiques actuelles... de niche. Racine Carrée s'adressant au plus grand nombre des amateurs de musiques actuelles... populaires. Amusant de constater que les deux plaques reposent sur des standards (cold et eurodance) revisités. La descente d'acide interminable de « Sweet dreams » s'apparentant au lendemain de la veille conscientisée de « Formidable ». Implacable.

 

On a une pensée pour Veence Hanao et 202 Project, qui doivent l'avoir un peu mauvaise devant tant d'attention pour leurs semblables. Oui, ils étaient là avant, et avec les mêmes recettes ou presque. L'histoire se répète inlassablement.

 

photo de Eric D-Toorop
le 14/06/2014

2 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 14/06/2014 à 09:06:58

Perso, j'avoue ne pas avoir réussi à entrer dans ce disque.

Crousti Boy

Crousti Boy le 15/06/2014 à 22:11:11

Hé bien moi, je suis rentré les deux pieds dedans ! Un de mes disques de l'été 2013.

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