Kamizol-k - Exile
Chronique CD album (28:42)

- Style
Hardcore/Metal - Label(s)
Indépendant - Date de sortie
9 septembre 2022 - écouter via bandcamp
Formé en 2015, Kamizol-K nous vient de Lyon et après 2 EP (Awakening en 2017 et Rising en 2019), il va être question du premier album des 6 compères (vache, y a du monde), Exile que j’aurais bien vu s’appeler Exiling mais le groupe a du mettre le gérondif de côté pour marquer le coup. Dommage de mettre en hiatus la thématique développée via les titres des EP et qui avait une certaine logique, séquentielle que je trouvais diablement sympa : le réveil, le soulèvement puis…l’exile…déjà? Bah non, faut pas partir tout de suite.
Les artworks ont quant à eux conserver cette patte graphique reconnaissable s'appuyant une palette artistique très inspirée manga/anime dont personnellement je ne suis pas ultra fan mais qui permet de reconnaître en un clin d’oeil le groupe, une constance dans le packaging plutôt bien vue. Un coup d’oeil au press-kit, un coup d’oeil à la chaîne Youtube plutôt généreuse du groupe, et on découvre que derrière Kamizol-K, il y a apparemment une histoire, une belle amitié de longue date, un groupe qui s’est construit autour d’un line-up solide, poussé par un côté passionné/démerdard qui met une belle couche de baume au coeur au vieux chronico-boomer blasé que je suis.
Kamizol-K nous promet un - je cite - hardcore/metal...Ce qui est sûrement une des descriptions stylistiques les plus souvent lues, les plus génériques et les moins appétissantes possible. Pourtant, force est de constater, qu’ici, elle est parfaitement juste et totalement adaptée. Un label qui ne ment absolument pas…Une fois n'est pas coutume, merci !
Car autour d’une colonne vertébrale typiquement hardcore constituée d’un chant bicéphale explosif, de choeurs fédérateurs et de riffs qui ne font pas dans la dentelle mais donneraient plutôt envie d’en découdre, le groupe nous entraîne dans ses polysémiques excursions musicales frappé du sceau “métal” dans toute sa rutilance.
On retrouve donc des côtés très néo-métal (celui qui est bien…pas l’autre de posers), des idées très deathcore (celui qui te donne envie de faire une tarte aux châtaignes dans le pit…pas l’autre de posers), des angles un peu metalcore (celui qui donne un côté mélodique au hardcore et en décuple la force fédératrice…pas l’autre de posers), des aspects plus swedeath (celui avec les guitares squeeky (“Horny Time” ou “Soeisji”)...pas l’autre de posers) et des facettes très groove-metal (celui qui envoie vraiment du bois 100% du temps, pas celui qui te rappelle à l’ordre entre deux couplets de fragiles…’fin, l’autre de posers quoi).
Bref, Kamizol-K, ce ne sont clairement pas des posers. Ils font plutôt partie de ces groupes qui ont ingurgité et compris tout ce qui s’est fait de mieux dans le Métal mainstream (par opposé à extrême, avant-gardiste ou expérimental) de ces 20 dernières années et régurgitent tout cela de la meilleure façon qui soit et…ben, faut bien avouer que ça défonce, bordel de cul.
Pardon d’être vulgaire mais j’insiste. Ok, tout est très classique, ok, ils n’ont clairement pas inventé la poudre mais ça ne les empêche d’y foutre le feu. Et classique ou pas, tout est hyper efficace, sans aucun temps morts, les morceaux sont dynamiques et le fait qu’ils tapent dans des registres non estampillés hardcore AOP évite l’ennui. En plus, tout cela est porté par une prestation qui force le respect.
Par qui qu’on commence? Allez, le plus jeune d’abord. Le batteur. Sérieux…Respect…Grosse prestation, gros niveau, du genre qui mérite largement les lauriers pour ne pas s’y être reposé. Le bonhomme a compris qu’il fallait avoir un jeu hardcore dans Kamizol-K mais fait valoir sa maîtrise d’autres styles avec un petit côté John Boeklin (Devildriver) dans l’approche très…bah c’est une machine, un autre patron de la lourdeur groovy: un jeu de double hallucinant et une snare en mode sauce piquante.
Côté voix, on a un chant très typé straight-hardcore, NYC hardcore je dirais, finalement sans surprise et assez classique mais…ben, faut bien avouer que ça défonce. C’est même le gros kiff aussi et le gros plus du groupe car chez Kamizol-K, le poste est tenu par Lionel et Marie, deux voix supplémentaires plutôt que complémentaires. Très proche en tessiture, en interprétation, l’ensemble n’est pas forcément très large, mais la place fréquentielle occupée l’est pleinement. En gros, ça tape ciblé et du coup, ça tape plus fort. L’un brise des mâchoires, l’autre casse des dents. Tu as pas compris quand Lionel te l’a expliqué ? Marie te le répète ! Y en a toujours un ou une pour finir ce que l’autre a laissé dans les coins (Horny est un bel exemple). Tout n’est cependant pas parfait, et si je devais chipoter, je dirais qu’il y a certains passages dans lesquels l’accent anglais est un peu trop franco-frenchy (la fin de Hatred). Aussi, l’articulation du flow pourrait parfois gagner un peu en intelligibilité. Mais j’ai envie de dire que c’est tellement plein de patate qu’on s’en tape un peu finalement.
Du côté des manches, c’est pas non plus des manchots. Chaussez les Timberlands parce qu’on est sur de l’attaque de bucheron et du son de tronçonneuse. Montée en V6, la tronçonneuse! On est sur du gros riffing metaaaaallll hardcoooooorre ultra classique mais on n’est pas dans le cliché, plutôt dans la tournure stylistique bien faite, du coup c’est absolument inattaquable. Le gros plus étant que ça tape dans beaucoup de styles, le seul mot d’ordre ayant surement été “tant que ça envoie, on garde”. Les guitares envoient le jus, la basse envoie le gras, la sauce est prête et on se lèche les babines.
Côté prod, c’est beaucoup mieux que l’EP précédent (que j’ai écouté rapidos). Ca sonne plutôt US, de l’ultra fat, du bien massif. L’équilibre est bon même si les faders ont peut être été un poil poussés ici ou là. Le vu mètre navigue dans l’orange et garde le cap sur le rouge. Alors, ce n’est pas gênant parce que ça rajoute du gras, du gros mais à fort volume, ça commence à gratter un peu.
Kamizol-K fait partie de ses groupes dits “amateurs” qui n’en font pas moins les choses de façon très professionnelles et Exile en est la preuve indiscutable de leur street-cred. Bien plus abouti que leur 2 précdents EP, bien plus travaillé, le groupe a oeuvré avec une gnac indéfectible et la transmet très naturellement dans ces 28 minutes de détonations hardcore/métal classiques certes mais surtout catchy, puissante, lourde, sans temps morts et…ben, faut bien avouer que ça défonce! La marge de progression existe sûrement mais elle a les meilleures chances de se faire…et très naturellement.
On aime bien: bien écrit, l’interprétation directe, efficace, taillée pour le live,
On aime moins: l’artwork (subjectif/20), la prod qui sature un peu parfois, un flow qui gagnera encore en efficacité avec le temps
6 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 07/03/2023 à 15:14:44
Justement un Live : c'est sympa mais ça ne vaut pas vraiment la peine de décrocher du zinc.
Crom-Cruach le 07/03/2023 à 15:14:56
EN live, crotte...
8oris le 08/03/2023 à 09:43:42
J'ajoute un nouveau critère de notation: "est-ce que cet album décrocherait Cromy du zinc?" XD
Plus sérieusement, je n'ai pas (encore) testé en live mais les quelques vidéos que j'ai vu, ca me semblait plutôt pas mal pour un "ptit groupe".
cglaume le 08/03/2023 à 12:02:23
J’aime b’en l’axie l’artwork moi (lapin /20)
cglaume le 08/03/2023 à 12:03:08
(A noter que « l’axie » n’avait rien à foutre dans le commentaire précédent 😅)
Tookie le 13/03/2023 à 09:40:39
Ben c'est bien, j'aime bien. J'vais pas y revenir souvent, j'aurai toujours du mal à me souvenir de leur nom parce qu'on ne peut pas dire que ça pète les jambes d'un cul-de-jatte, mais ça rayera toujours un peu plus mes fragiles disques cervicaux.
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