Karnivool - Asymmetry

Chronique CD album (67:00)

chronique Karnivool - Asymmetry

Nous n'avions pas encore chroniqué d'album de Karnivool sur COREandCO.

Je ne sais pas si c'est parce que nous sommes une bande de grosses buses, ou par manque de temps, mais surement pas une absence de bon goût.

Karnivool, au départ c'était le groupe "en attendant Tool", puis c'est rapidement devenu le genre de groupe que tu présentes à tes amis de cette manière : 

"Quoi tu connais pas Karnivool ?" (ajoutez à cela un ton plein de dédain).

 

Parce que connaître Karnivool avant tout le monde, c'était la grosse classe.

Parce que Karnivool c'est tout simplement la classe incarnée. Surtout avec "Sound awake" dont on comptait les défauts sur les doigts de la main gauche de Django Reinhardt.

 

Avec la sortie d'"Asymmetry" , nous sommes tentés d'attendre la même chose. Et pourtant les premières écoutes peuvent laisser place à la déception. Quand on est fan et pas trop con, on persiste et on se laisse guider par les multiples indices de génie laissés ça et là par des australiens plutôt bien inspirés.

 

Pas vraiment par la première piste, introduction insipide, que le groupe justifiera par une quelconque connerie ambiante, de plongée dans nos oreilles, de présentation sensible, d'introspection spirituelle et légère, d'un repos, d'une méditation avec ce "Aum" censé être salvateur et porteur de bonnes vibrations.

 

Foutaises. Cette piste ne sert à rien, ne provoque rien. Et ne m'emmerde plus puisque maintenant le cd commence toujours piste 2. Après vous en déciderez vous-même.

Mais sachez que le groupe nous a pris pour des cons avec "Om" (autre orthographe de "Aum"), "Amusia", "Asymmetry" (le plus casse-couilles).

 

4 pistes sur 14 donc. Interludes, Intro, Outro. Bref, du remplissage de terminale sur sa copie de Philo.

Certains trouveront ça génial, d'autres non. D'autres salueront l'effort de marquer des titres particulièrement riches, par des conneries apaisantes...qui finalement alourdissent encore plus cet album.

 

Sur dix morceaux, les vrais, on ne s'ennuie pas. Il y a par contre une chose que "Sound awake" n'avait pas : du déchet.

Sûrement pas avec "Nachash", dans la tradition Karnivoolienne, mais marqué par une grosse basse bien vrombissante qui change à elle seule tout le son d'un groupe (tout come sur l'excellent single "We are").

Aucun titre ne se ressemble, et chacun pourrait mériter sa chronique. (Je m'en abstiendrai)

 

"A.M. War" fait autant tourner la tête que bouger. On retrouve là le groupe capable de passer par toutes les ambiances en 5 minutes. Des sonorités retrouvées plus tard avec l'intense "The last few".

D'humeur couillue, Karnivool en viendrait presque à marcher sur les plates bandes d'un Dillinger escape Plan assagi avec "The refusal".

Là encore on découvre les joies d'un nouveau son particulièrement lourd, profond avec une basse qui, à force de creuser, va trouver le bruit marron (revoyez vos classiques les gars)

Mais, et c'est là toute la beauté du groupe, c'est aussi le premier passage qui connait de multiples revirements dans la lourdeur et la violence d'un chanteur dont on ne connaissait pas les talents de hurleurs.

 

Au fur et à mesure que l'on avance dans l'album, on se dit qu'on pourra rapidement l'appréhender.

Et bien c'est faux.

Sans doute suivis par une horde de psychiatres, les musiciens de Karnivool sont multipolaires.

Encore une fois, la basse d'"Aeons" garde sa lourdeur, mais l'ambiance est tout autre (y compris sur les passages "explosifs"). En baissant de rythme, le groupe n'en demeure pas passionnant, y compris sur "Eidolon", un peu plus "popeux", avec son refrain marqué par l'habituelle précision et finesse du leader vocal.

 

Les australiens sont toujours aussi riches dans leurs créations, travaillent chaque seconde pour l'exploiter à fond et lui donner du corps : une dimension que peu atteignent.

C'est ainsi que "Sky machine", lourde de ses 8 minutes avait intérêt à avoir de sérieux arguments pour nous tenir éveillés. La voix fluette de Ian Kenny se veut touchante, mais l'oreille se passionne pour tout ce qui se passe derrière, avec la guitare acoustique qui donne une valeur ajoutée immense à ce qui devient une "feeling-song".

Particulièrement touchante, c'est également l'occasion de se pencher sur des paroles que mon niveau d'anglais assez scolaire arrive péniblement à traduire, mais qui laisse découvrir une écriture qui semble fine et sincère.

 

Se laissant aller à la douceur, la fin de l'album freine sérieusement. "Float" a même des allures de berceuses.

C'est donc assez minimaliste, et presque simpliste au départ. Il y a quelque chose qui sonne faux sur cette piste qui permet de reprendre son souffle, d'apprécier les mots, et la progression à la fois légère et maladive...mais qui ne va pas au bout. Cette sensation d'inachevée, "Alpha Omega" se doit de nous la faire oublier.

 

Là encore la recette jusqu'alors utilisée est bien exploitée. 8 minutes addictives, pour un titre prog' de facture classique mais qui avait tout pour bien terminer l'album.

Mais "Om" vient se poser, là, en belle inutile entre ses quelques notes de pianos et ce fin filet de son continu en arrière plan. Rapidement rejoint par un monologue extrait d'un film (qui m'est inconnu, sur un sujet que je vous laisserai traduire) qui, en 3 minutes prend fin, s'éteint, un peu tristement. La conclusion de cet album qui alterne d'excellentes choses, avec d'autres un peu plus discutables et parfois inutiles.

 

Il faut pourtant être bien contrariant pour trouver l'album mauvais, tant on y retrouve tout ce qu'on attend du groupe : de la finesse, de la précision, de l'émotion, de l'explosivité, et même de l'innovation dans le son des australiens.

Cet album prog' est parfaitement contemporain, s'affranchit des grosses influences, et finalement, sans jouer exactement dans la même cour, nous rappelle parfois Amplifier.

Moderne, riche, mais parfois bancal, "Asymmetry" est bourré de personnalité. Que l'on aime ou pas, on ne pourra que le saluer.

photo de Tookie
le 04/09/2013

1 COMMENTAIRE

pidji

pidji le 04/09/2013 à 08:41:45

D'accord avec toi, cet album est déjà suffisamment riche pour éviter les intros/outros qui ne servent à rien. Dommage, sinon ce disque est vraiment sympa, même si compliqué à appréhender aux premières écoutes.

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