King Woman - Doubt

Chronique Maxi-cd / EP

chronique King Woman - Doubt

Pourquoi me suis-je penchée sur le cas King Woman ? Par simple curiosité de voir ce que pouvait donner concrètement l'étiquette sludge/shoegaze. Des styles que je n'aurais jamais imaginé voir réunis un jour, quelque chose de naturellement impossible. Comme si un chef 6 étoiles se décidait à marier le nutella et le jambon ensemble. Oh oui, certes, on peut toujours beurrer notre tranche rose de Madrange à grand coup de la pâte à tartiner un beau matin. Mais on ne le fait pas car on sait qu'on ne maîtrisera pas ce voyage gustatif au sein d'une dimension parallèle totalement inconnue. King Woman, ce serait ça, une sorte de gosse en pleine découverte des papilles qui se hasarderaient à ce genre de mélange improbable.

 

Même si je vois de part et d'autre du web de l'éloge en réaction à cette audace, j'avoue avoir été fort perplexe du concept de bande de joyeux lurons s'adonnant au jeu du petit chimiste dans les sphères des recettes hasardeuses à l'ouverture de Bandcamp sur la page de leur premier EP, Doubt. Et à la lecture de celui-ci, j'ai été tout aussi surprise de me retrouver face à des morceaux en place, solides et qui ont le mérite d'exister. La lourdeur aérienne côtoie les cieux vaporeux propre au shoegaze avec un équilibre fort louable. Sans compter que la voix de Kristina Esfandiari (ex-Whirr) apporte une légèreté dreampop plus que bienvenue. Car c'est sans doute sur ce dernier point que se base l'atout le plus solide de King Woman, les frasques vocales apportant énormément de fraîcheur à l'ensemble.

 

Un ensemble plutôt court, composé de quatre titres aux durées formatées, parti-pris pouvant paraître étrange pour un combo voulant partir vers des sphères aussi atmosphériques aux délires presque drone, peint sur la toile dans sa forme la plus vulgaire dans un désir d'accessibilité.

 

Beau tableau que voilà ce Doubt de King Woman me direz-vous. Il n'empêche qu'il me laisse une certaine amertume en bouche. Un peu comme si je me retrouvais encerclée dans un recoin de centre commercial par un régiment de vapoteurs. Certes, une cigarette électronique dégage de la fumée. Sauf qu'elle est aussi indolore que volatile, en plus d'émettre une couleur monochrome fort fadasse. On pourra reconnaître que c'est moins dangereux pour la santé mais en terme de situation, on lui préférera toujours celle d'un bouge mafieux plongé dans le nuage brumeux des gros cigares cubains. Ça pue plus mais au moins y a-t-il davantage de relief dans cette atmosphère cancérigène, créant un contexte plus saisissant et authentique. Voilà peut-être où se trouve le problème de King Woman : trop sain dans ses déjections, le cumulus qui en résulte n'est pas assez cotonneux.

 

Alors, certes, en même pas 20 minutes, l'ennui n'a peut-être pas le temps de pointer le bout de son nez. Mais la lassitude de l'écoute répétée est là. Et comme l'on se dit que la prochaine étape de King Woman est la livraison d'un album long format, on se dit que sa recette gazeuse, si elle reste en l'état, n'arrivera certainement pas à toucher l'auditorat qui baillera avant de buller du nez, l'effet jetable de surprise et d'intrigue de l'étiquette proclamée ayant déjà été utilisé avec ce présent Doubt.

photo de Margoth
le 02/04/2015

7 COMMENTAIRES

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 02/04/2015 à 16:02:09

Rhoo le nombre de placements de produits dans cette bafouille.
Pis Outre-Quiévrain, j'ai connu, à des heures assez tardives, genre lendemain de veille à 16h du matin, des cocos qui beurraient le choco et découpant des tranches de salami sec. blrp

Margoth

Margoth le 02/04/2015 à 21:09:02

Slurp. Eh oui, quand j'ai du mal à déterminer moi-même, je fais de la pub. Sans le vouloir. Et je suis tellement conne que si j'aurais foutu le petit symbole de "c" entouré, Nultella aurait pu me refiler 10€ pour cette chronique.
Plus ou moins sérieusement, c'était de la marque ou de la sous-marque? Parce que je suis sûre que le mariage de Salami Herta avec l'huile de palme du nutella peut être aussi détonnant que de l'Eristoff/redbull...

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 03/04/2015 à 10:14:29

La marque et un salami ardennais...

gulo gulo

gulo gulo le 13/12/2017 à 11:15:14

Très très d'accord avec l'analogie de la vapoteuse... pour ce disque. L'album qui a suivi ne m'a pas fait DU TOUT le même effet, tu l'as essayé ?

Margoth

Margoth le 15/12/2017 à 22:30:19

Non, j'avoue que j'ai fait l'impasse du coup. Mais c'est vrai que j'ai vu pas mal de retours positifs dessus et vu ce que tu me dis, ça titille tout de suite bien plus ma curiosité. Je vais mettre mes aprioris dus à cet EP de côté et tenter du coup, merci ! ;)

gulo gulo

gulo gulo le 16/12/2017 à 10:30:58

Les guitares sont un poil plus doom - moderne, hein, disons à la SubRosa - y a plus que la voix d'indie - je pense fortement à Tracey Thorn - mais alors, quelle voix... Pour le coup, l'invention de l'indie-doom est validée.

Margoth

Margoth le 18/12/2017 à 17:10:24

Maintenant que j'y ai jeté une oreille, j'avoue que l'album est bien plus séduisant que cet EP. Peut-être que je m'y attarderais l'année prochaine sur une chronique de rattrapage, histoire de suivre la discographie au fur-et-à-mesure ;)

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