Knives - Survival Skills
Chronique CD album (24:49)

- Style
D-beat - Label(s)
Autoproduit - Date de sortie
5 septembre 2024 - Lieu d'enregistrement No Studios
- écouter via bandcamp
Les temps sont durs en ce moment. Genre je dirais presque aussi durs qu’un obscur opus de Dark Souls, qu’un clou en alliage de fer et d’adamantium fixé à une planche d’ébène, voire l’ouverture facile d’une brique de lait. En conséquence de quoi, ça ne mange jamais de pain de s’avaler un petit skeud de crust punk ou de thrash metal au réveil à côté de ton café matinal arrosé de Ritaline histoire de bien attaquer la journée chargé d’une gnaque stimulante.
Lorsqu’on mélange les deux genres sus-cités, ça donne du D-beat et, Anti Cimex, Disclose et Totalitär n’ont guère manqué d’occasions de nous le rappeler, ça déboîte et ça réveille à la mesure de ces matinées où tu te cognes l’orteil contre tous les meubles de ton salon avant de te faire bousculer dans la rue puis sabrer la gueule par ton N+1 au bureau. Stylistiquement rattaché à la Suède, le genre n’en a pas moins fini par s’exporter un peu partout, entre autres en Espagne d’où proviennent les Knives que voici, quatre LPs au compteurs depuis 2015.
Je me positionne peut-être un peu arbitrairement en les cataloguant dans ce paradigme, n’empêche se prendre un tel déluge d’agressivité assez savamment beaté ça me touche quand même la glande nécessaire. Survival Skills, petit dernier de leur disco, tabasse sec quand il le faut, sur une prod’ bien lisse chargée de double-pédales parfois discrètes mais souvent incisives (« Blood Communion »). Le quintet bilbayen fait preuve d’une agressivité à la mesure de la précision de ses compos, que les backings vocals de « Not The End » rehaussent d’une tonalité chargée de sauvagerie ou que certains riffs parent d’un côté Napalm Death fort communicatif pour les intimes.
Vous connaissez malgré tout le proverbe : « Un train peut dérailler sans coup férir » (j'avoue, je viens de l'inventer). Les vingt-quatre minutes composant Survival Skills, si hargneuses puissent-elles s’imposer à l’oreille avertie, pêchent parfois par manque d’équilibre dans leur structuration. On se laisse certes volontiers happer par des compositions particulièrement pertinentes vis-à-vis des titres des morceaux (rythmique plus lente et parties vocales aux frontières de la lamentation sur « Blood Communion », chant infiniment plus viscéral sur « War Athems », outro tout en cithare assez déplacée pour conclure « A Practical Joke »), certains choix peinent malgré tout à pleinement retenir l’attention.
Visiblement inspiré par la scène death ‘n’ roll, Knives s’en donne manifestement à cœur joie en parsemant sa création de riffs plus mélodiques. Leur intégration dans l’alchimie de l’album ne trouve hélas toute sa justification que trop rarement, et plus particulièrement lorsqu’Endika ne les adjoint que par saccades (« Truth Contrived »). En ouverture d’« A Practical Joke », ne persiste que la triste impression de leur emploi à d’insubstantielles fins d’apparat. Le solo de guitare greffé dans cette même track, si maîtrisé soit-il, détonne dans sa construction ; l’hommage à Entombed se ressent de manière efficace, pourtant trop décontextualisé. Même constat pour celui de « Blood Communion », tandis que celui de « Not The End », à l’inverse, s'engonce misérablement dans sa pudeur.
Les caisses claires, pourtant, impriment une sonorité pleine de panache dans l’agressivité du skeud (« Beast of Gevaudan ») mais peinent nonobstant à animer Survival Skills d’une véritable énergie en regard d’une alternance brouillonne entre mélodies graves et aigües. Le mastering s’impose finalement comme principal défaut de l’ensemble, élevé en point d’orgue sur le surgissement du sample vocal de « Reward », trop difficilement audible pour réellement le créditer de sa justification.
« War Athems » et « Truth Contrived » se posent finalement comme les pièces maîtresses de l’albums, et on se retiendra difficilement de relever la coïncidence qu’il s’agit par ailleurs des morceaux les plus courts et rentre-dedans, les moins parasités par leurs prises de risques inhérentes. Knives gagne certes à expérimenter sur ses compos, peut-être leur manque-t-il, à ce niveau-là, le bon grain de folie à accoler à leur style. Death ‘n’ roll et grind, pour l’heure, ne feront guère office de panacée. Le roi des ornithorynques, mort empoisonné lors de son dernier festin de steaks de zopioks à la menthe poivrée arrosés de Cabernet Sauvignon, n'a-t-il pas déclaré dans son dernier gargouillis d'agonie que « Trop d’hybridation tue l’hybridation » ?
3 COMMENTAIRES
cglaume le 18/11/2024 à 09:23:12
"nonobstant" ? Alors qu'il y a "crust" dans l'étiquette stylistique ? Fallait oser 😂
Crom-Cruach le 18/11/2024 à 17:17:41
Knives = la 3e division au lieu de la 5e colonne.
Aldorus Berthier le 18/11/2024 à 23:28:40
@cglaume Attends un peu que j'te place un "gouleyant" dans une chro de porno gore grind hehe
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