Kyber - Biomasse

Je suis dans une période musicale où le Hip-hop occupe une place importante, entre les derniers Stupeflip et Traître Câlin, VII, 1984, mais aussi toujours des vieux IAM qui traînent. Autant dire que ce premier album solo de Kyber (Tri-Function Million, Gribberiket… patron du label Records Of The Fleshgod) tombe entre mes oreilles dans un moment des plus favorables. Dans un premier temps, c’est un EP qui est annoncé par le norvégien. Finalement, c’est un album complet de près de 42 (une question?) minutes qui nous est offert.

Kyber a pris le temps de soigner ses beats, pour proposer treize pistes à rebours des tendances actuelles du Rap avec ses kicks faméliques. On est plutôt dans la tradition des années 90, Wu Tang, Gravediggaz en tête. Quand on connait comme moi le gars, on n'est pas surpris par cette orientation. Son flow est certes sans esbroufe mais il estImpeccable et fleure bon les caves moites et chauffées à blanc d’Oslo. Les sons ne sont pas non plus nouveaux mais je les ai toujours trouvés très évocateurs, rappelant TFM mais aussi Noisestar, de part leur côté rétro et nostalgique. Si Spiders on the floor, mice in the ceiling: Beats from the hair dressing salon years était purement instrumental, Biomasse lui fait la part belle aux lyrics, toujours en norvégien. C’est que pour un album de Rap, plus que pour tout autre style, comprendre ce qui est raconté est important, mais je dois avouer que je n’ai pas occupé mon séjour à Bergen a l’apprentissage de la langue d'Ibsen. Mais la musicalité du débit de Kyber suffit pour éviter l’ennui malgré l’incompréhension de ses textes.

Des voix connues se font entendre, Tovanskï, Martin Massiv et Gylde Rune. Industriel, downbeat, sale, influencé par la science-fiction, le Hip-hop de Kyber semble décrire une société urbaine engagée sur la voie d’une lente décrépitude.

Xuaterc

le 05/11/2022