Los Males Del Mundo - Descent Towards Death

Chronique CD album (41:00)

chronique Los Males Del Mundo - Descent Towards Death

L’Argentin Dany Tee n’est pas un complet inconnu chez Coreandco…

 

…En effet, il a été un acteur à part entière de l’album Umbras de Barbagia de Downfall of Nur, chroniqué par notre Margoth lors de sa sortie en 2015. Ce projet solo Black Metal/Neo-Folk de l’Italien installé en Argentine, Antonio Sanna, a reçu une aide précieuse de Dany, puisqu’il a été le guest vocalist en studio puis, par la force et la sincérité de son implication, le coproducteur.

 

Il a semblé temps pour ce dernier – à 40 piges – de mettre en avant son propre travail et surtout de lui donner une autre dimension. Son nom : Los Males del Mundo. Il a posé son EP éponyme en octobre 2020, suivi de quelques mois plus tard de son premier long-format Descent Towards Death, soutenu par le label Northern Silence Productions, alors même que le Black sud-américain est – je trouve – en pleine effervescence depuis une bonne décennie maintenant. Dany Tee en administre la preuve, lui qui anime dans le même temps Acathexis et Seelenmord.

 

La couv' de feu de l'EP éponyme de LMDM

 

Mais l’élan est plus vaste encore, avec l’Argentine il est vrai en tête-de-pont (Templo Negro papas légendaires, Nemoris tontons cultes, Noctem Aeternus neveu délicat, IER cousin déluré ou encore Glorious Night, Lure of Flames, …) ; la teinte Raw et DSBM y est d’ailleurs fortement représentée. Mais c’est tout un continent qui pousse derrière. J’ai été récemment scotché par deux projets solis, l’un argentin (encore) Nihtymne, l’autre brésilien, majestueux, Kaatayra. Le Brésil n’est en effet pas en reste (Maleficarum, Malignitude, Remords Posthume, Svartland, Thy Light, …). Du côté des labels français, le dévolu a plutôt été jeté sur le Chili, avec Selbst (pour Debemur Morti) et Decem Malificium (pour Ladlo). Ce pays devient de plus en plus une force émergente dans le BM (rajoutons entre autres Mortuarial Avshy, Ad Finem Omnia ou Oclofobia avec leur très bon Vendémiaire).

 

Donc le Black sud-américain bouge fort, mais son internationalisation – encore faut-il que cela soit un problème… – demeure médiocre. Or, c’est bien le maître objectif qui, me semble-t-il, trotte depuis quelques années déjà dans la caboche de ce Dany Tee. Il a d’ailleurs commencé avec le groupe Acathexis qu’il forme avec deux artistes de très grande qualité et d’une prolificité inouïe : d’une part, le Belge Olmo Lipani dont il est impossible ici de faire état de toutes les réalisations artistiques (14 sorties rien qu'en 2020, sous son nom "Déhà") et musico-techniques (sa dernière en date, le mastering du dernier Decline Of The I) et, d’autre part, l’Américain Jacob Buczarski, le génie derrière le projet Mare Cognitum.

 

Avec LMDM, Dany Tee (chant, lyrics, batterie) accompagné de Cristian Javier Yans (guitares) entendent être pris au sérieux, spécialement ici, sur le vieux continent. Et tout a été fait pour aller dans ce sens. D’abord, la sortie de l’EP 2 titres – véritable outil promotionnel – s’est accompagnée d’une campagne très poussée de présence sur tronche-de-chèvre au prix de supports dûment sponsorisés. Ensuite, choix a été fait – et je le regrette perso – de privilégier l’anglais, en tant qu’idiome internationalisé, au détriment de l’espagnol saupoudré dans quelques samples ("Falling into Nothing"). Enfin, Dany a trouvé un appui et non des moindres, puisque Nikita Kamprad, frontman de Der Weg Einer Freiheit, s’est occupé de l’enregistrement des lignes de basse, avant de prendre en charge la production, le mixage et le mastering (de qualité) depuis son studio de Würzburg.

 

La conséquence est immédiate et presque attendue : pendant 41 minutes et 5 titres, le Black Metal de Los Males del Mundo, propre et efficace, sera très agréable à écouter pour les Européens, réconfortés et rassurés d’entendre une musique influencée tout autant par la Norvège des années 1990 (Dimmu Borgir, Gorgoroth, Taake) que par l’Allemagne des années 2010 (DWEF justement). Tout cela est probant au fil des huit minutes de "The Silent Agony". Certains segments vocaux vous feront en outre de suite penser à Shagrath et surtout à Dani Filth ("The Heavy Burden").

 

Alors que la musique est ici nue de véritables prises de risque ("Eternal Circle of Vain Efforts"), on retrouve un engagement véritable dans l’environnement conceptuel et visuel de l’album. Dany Tee a ainsi mis en mot les lectures qui l’ont marqué, que les auteurs soient argentins (E. Symns, J. L. Borges) ou européens (F. Nietzsche, A. Schopenhauer, E. Cioran). L’auditeur est alors invité à un voyage mental en arpentant « les compartiments les plus sombres et les plus éloignés de l’âme humaine, reflets d’une bataille interne », que retranscrivent les passages furieux et aggressifs de Descent Towards Death, confrontés à « des plages plus denses et introspectives remplies de mélodies mélancoliques » ("Falling Into Nothing", "The Heavy Burden"). Et de ce point de vue, il a trouvé dans l’artiste américain Matt Lombard et sa sérié « Dementia » le parfait support iconographique à ses pensées tourmentées.

 

 

photo de Seisachtheion
le 26/02/2021

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