Lower Automation - Lower Automation

Chronique CD album (20:45)

chronique Lower Automation - Lower Automation

Écrasé par la chaleur?
Envie d'un peu de fraîcheur ?
Bien mieux qu'un climatiseur et pour moins de pognon
Écoute le dernier Lower Automation!

En effet, après un Shoebox companion qui avait séduit Tookie, les Illinoisiens de Lower Automation sont de retour. Tookie, tel un vieux briscard de la chronique, nous conseillait plus que jamais de suivre ce groupe de près et son nez creusé par des années de pratique n’aura pas failli. Si la formule n'a pas changé, elle est désormais parfaitement maîtrisée, profondément murie et donc bougrement efficace. Les morceaux sont moins tarabiscottés, plus maîtrisés, plus aérés, offrant aux oreilles de l'auditeur de quoi reprendre leurs souffle, ils partent moins dans tous les sens ou sinon bien plus efficacement ou de façon plus accessible et, surtout, sans jamais basculer dans le mathcore mainstream planplan (ne rigolez pas, ça existe). Le groupe continue ainsi dans cette veine de mathcore (je laisserai les puristes s'écharper pour savoir si c'est du mathrock, du mathcore..ou du mathcrock) noisy qui emprunte aussi bien à Dillinger Escape Plan (des débuts) qu'à Glassjaw, At The Drive, Thunderbolt In ou...Devo (j'y reviendrai). En effet, chez Lower Automation, la musique se veut énergique, punchy, chaotique mais elle revêt aussi deux aspects aussi intéressants qu'originaux.

 

D'une part, le son. Toujours clair, pas cristallin - faudrait voir à ne déconner non plus - mais la saturax n'est que très rarement poussée dans les tours. On est dans l'ampli bien chaud plutôt que brûlant, ça pique, ça abrase, ça gratte, ça urtique mais ça ne saigne jamais et c'est là une de leur force: réussir à produire quelques chose de puissant, d’intense musicalement sans avoir recours à la seule et simple puissance sonore. Cela permet à l'auditeur de profiter de chaque détails, chaque notes, et de toutes ces entropiques appogiatures qui feront le bonheur des aficionados de complexité musicale.

Ensuite, le groupe enchaîne des titres teintés d'une légère vibe arty, qui tripent autant qu'ils font triper, en usant de tournures sonores ou d'écritures qui nous rappellent parfois au bon souvenir de Devo (un des groupes de rock/post-punk/art-punk le plus fumé de la tête) mais dans un contexte musical plus hardcore, plus punk, plus...mathcore?... On devine une musique résultant d’une écriture automatique, sans filtre, guidée par l'instinct et la seule catharsis de ses compositeurs mais enregistrée et arrangée avec une tatillonne méticulosité. Le groupe confiait en interview être particulièrement méticuleux sur le moindre détail, cela se ressent encore plus dans cet album dans lequel le chaos n'est jamais hasardeux et savamment dirigé par ce mantra "Chaotique et intense: oui! Imbitable et bordelique: non!".

 

Lower Automation semble ainsi avoir trouvé ce savant compromis entre puissance sonore et puissance d'écriture. Et quand un groupe parvient à atteindre une telle adéquation entre son et structure, dans son troisième album, éponyme qui plus est, alors ce tour de force se transforme en une signature, en une patte sonore unique qui n'en a que plus de saveurs.

 

Côté mixage, c'est très bon, pas loin de la perfection. Un mixage qui met en avant un groupe pour lequel les tâches de chacun sont parfaitement réparties, l'ingé son ayant su parfaitement retranscrire cette répartition dans l'espace sonore (encore une preuve de cette adéquation écriture/son). Pas étonnant, vu que c'est Dereck Allen, guitariste-chanteur du trio qui s'en est chargé et plutôt qu'être mis en difficulté par cette dangereuse double-casquette de "juge et partie", il a su prendre suffisamment de recul et changer de couvre-chef quand il le fallait. En résulte un traitement des guitares superbe, digne des références du genre. Quant au reste, il n'est pas en reste. Le duo basse-batterie fonctionne à merveille tout comme il fonctionne quand l'un ou l'autre n'hésite pas à se désolidariser à l'occasion d'un moment de gloire qu'on lui offre ou qu'il impose.

 

Un seul point pourrait entacher l'album: sa durée de 20 petites minutes qui passent un peu trop et laisse un méchant de goût de reviens-y. Alors, certes, il y a 10 pistes mais c'est comme le jour des pommes dauphine à la cantoche, comme c'est bon et comme c'est rare, on en aurait bien voulu un peu dans l'assiette. Cependant, l’album offre suffisamment de détails pour qu'on y retourne avec l'envie de tous les désintriquer.

 

Des compositions de plus en plus maîtrisé, un son exemplaire comme plateau d'argent pour servir à l'auditeur des titres qui mélangent mathcore, art-punk et noise, Lower Automation continue d'être une véritable bouffée de fraîcheur, originale et vivante. Ils signent peut-être bien ici l'album de la maturité. Il fera sans aucun doute le bonheur de ceux qui ont besoin de prendre une bonne goulée d'oxygène entre la Noise qui s'essouffle et le Mathcore qui fait du surplace.

 

On aime bien: tout

On aime moins: ah non, pas la pochette en fait, on dirait celle d'un album autoproduit de Nü-Metal Français.

photo de 8oris
le 24/09/2021

4 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 24/09/2021 à 10:44:22

Nous sommes d'accord : c'est une bête d'album (et je n'en dirai pas plus, au risque de te paraphraser) !!

cglaume

cglaume le 24/09/2021 à 12:04:57

Haha, ce slogan introductif: avoue que tu bosses chez Seguela ! :D

8oris

8oris le 24/09/2021 à 12:31:59

Grave! Plus que 13 ans pour choper une Rolex, faut que je me dépêche !

Pingouins

Pingouins le 24/09/2021 à 15:35:41

Ouh là va falloir que j'écoute ça vite.

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