Mono - OATH

Chronique CD album

chronique Mono - OATH

"La vie est une série de cycles". C'est avec l'instant Paulo Coelho qu'on choisira d'ouvrir cette chronique, puisque les chantres du post-rock nippon en closent un de 25 ans qu'ils célèbrent en 2024 avec la sagesse et la mélancolie qui accompagnent le regard apaisé posé délicatement sur leur parcours en particulier et sur la vie en général. Rien que ça. En ces temps troubles, leur musique apporte une fraîcheur salutaire qui nous rappelle que l'art sauve. Surtout celui qui vous embrasse avec sincérité, pas celui qui plagie sans complexe en vous promettant d'aussi belles histoires (avec des guillemets) que celles dont nous abreuvent les tourne-casaques qui sont ce qu'ils prétendent combattre.

 

Adonc, Mono nous propose ici de nous arrêter, de suspendre le temps, d'enjoindre les heures propices à suspendre leur cours et de nous allonger sur ce qu'il nous reste d'herbe fraîche pour contempler le ciel et les arabesques qui le peuplent, à l'instar de l'artwork de Oath figurant l'embrassade de 2 nuages qui se tutoient en formant un couple au milieu duquel palpite l'astre solaire. Ces nues qui s'offrent à notre félicité, tout en restant insaisissables dans leur lente et vaporeuse métamorphose, s'attardent, nous tendent la main, nous attendent, nous sourient. C'est dans leurs plis que se tapissent les souvenirs de toute une vie au faîte de laquelle brille l'épiphanie de l'amour. "Us, then oath, then, us". Ainsi se (dé)composent les 3 titres qui ouvrent l'album dans une dynamique aussi fluide que le fil du temps. Au commencement, la rencontre de l'être aimé, entraînant à sa suite un cortège de promesses, de désirs et de rêves, et qu'importe les vicissitudes de la vie, ces instants partagés restent à jamais, car ils ont existé dans une communion universelle. Qu'importe l'issue du parcours, que les droites parallèles parviennent à se croiser à défaut de se confondre, in fine, on ne badine pas avec l'amour, et cet album nous rappelle qu'aimer, c'est vivre, comme nous l'écrivait Musset : aimer d'un amour éternel et faire des serments qui ne se violent pas.

 

C'est en douceur que l'album débute, avec sa ritournelle cristalline que viennent caresser les cors avant que le groupe ne finisse par entrer dans la danse en toute discrétion et humilité. Lorsque les guitares explosent, c'est dans un déferlement de vie qui glisse sur les accords des violons et jaillit par tous les pores. "Run on" se déploie alors en 9 minutes qui foutent la chiale. Sa lente et progressive montée dessine un sourire nostalgique qui vient accueillir les larmes qu'on laisse couler au fur et à mesure que le titre s'emballe dans une urgence qui rappelle ô combien le passé et le futur convergent vers l'instant présent qui se dérobe déjà. Jamais Mono ne se sera montré aussi pudique, sincère et authentique dans l'expression de sa musique.

 

A grands renforts de piano, de trompette, de violons, un orchestre complet qui l'accompagnera sur les routes, Mono livre un album ample et généreux qui tend les bras pour mieux enlacer l'auditeur et lui réchauffer le coeur en saluant chacun de ses battements. On saluera aux manettes le fidèle Steve Albini qui nous a quittés tout récemment. Une disparition qui cristallise l'âme qu'il insuffle à cette oeuvre. Ensemble, ils nous invitent à écouter le vent chanter ("Hear the wind sing") et nous assurent que tous, par l'universalité des sentiments, nous brillons de concert : "We all shine on". Le groupe sert sa recette composée de douces plages contemplatives suivies d'explosions telluriques comme autant de manifestations d'une rage de vivre. Vivre pleinement. Follement. Intensément.

photo de Moland Fengkov
le 12/06/2024

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