Mork - Dypet

Chronique CD album (47:52)

chronique Mork - Dypet

L’autocitation ne fait vraiment pas, mais vraiment pas partie de mes habitudes de chroniqueur. Mais l’approche du 6e album des Norvégiens de Mork m’a de suite ramené aux dernières lignes de mon texte du précédent méfait Katedralen sorti en 2021. Face à « cette impression d’ensemble plate et assez tiédasse que dégage[ait] ce 5e chapitre », j’espérais alors que « le prochain, tout en conservant ce son brut, froid, sans artifice, rende davantage hommage à ce Trve Black, dont Thomas Eriksen serait l’un des héritiers (auto-)désignés. »

 

Et bien vous savez quoi ? Ce souhait, de manière quasi inespérée, a été exaucé, alors que le Katedralen ne m’avait guère transporté, pas davantage d’ailleurs que son EP de 2020 Pesta. À rebours, les surfaces d’accroche proposées par ce Dypet sont nombreuses, quasiment tout au long des 8 morceaux et presque 48 mn de l’ensemble. Cet hameçonnage en bonne et due forme a commencé dès la diffusion promotionnelle "Bortgang", qui est resté à mes yeux le titre le plus inspiré et pénétrant de cet opus. Cette qualité trouve même son prolongement dans la compilation sortie récemment par le label Peaville Records Dark Side Of The Sacred Star où Mork balance un titre exclusif, "Alrunens Hevn", composé dans le même temps, dans le même mouvement du nouvel album.

 

La compil’ bien troussée de Peaceville Records

 

De ce long-format, illustré par David Thiérrée, l’artiste français fidèle au poste s’inspirant ici tout autant de mon Theodor Kittelsen chéri que de Howard P. Lovecraft, jaillit une noirceur mélodique insondable, autorisée par écriture méticuleuse, simple et maitrisée (solo habité de "Forfort Av Kulden"), qui tape enfin dans l’essentiel et qui a permis peut-être à Thomas Eriksen de se débarrasser enfin des oripeaux peut-être trop encombrants de porte-drapeau actuel du Trve Black des années 1990. Le tout est ancré dans un mid-tempo assumé frôlant le Blackened Doom ("Svik"), sans chichis, sans envolées incantatoires ampoulées (présentes mesurément dans l’outro). Les accélérations sont fort rares, mais la base rythmique offre à plusieurs reprises un élan bien catchy, presque entrainant, en tout cas tout sauf désagréable ("Indre Demoner", "Et Kall Fra Dypet" et surtout "Avskum"). Le combo basse-batterie fonctionne bien, à l’instar de "Tilbake Til Opprinnelsen". Notons la présence sur "Hoye Murer" des hurlements d’Erlend Hjelvik (Hjelvik, ex-Djevel, ex-Kvelertak).

 

Pour l’essentiel, très proche de ses influences et de sa culture autochtones (Darkthrone of course) et attaché à son riffing cru et glacial devenu depuis tout à fait reconnaissable (tout comme le shriek de Thomas Eriksen), ce Black Metal arachnéen dénote ici par un souffle épique et une teinte atmosphérique qui n’ont jamais été aussi prégnants (magnifique "Bortgang" je répète !). Poursuivant « son exploration des profondeurs de l’obscurité », Mork nous revient avec force et retenue et autorise même l’auditeur de ce Dypet d’arpenter un sentier musical qui n’aura jamais été – dans la trajectoire déjà longue d’Eriksen, actif depuis 2004 tout de même – aussi « calme », sincère et habité.

 

[Oh p’tain, je glisse… j’ai écrit « sincère » dans une chro !

… Prochain challenge : l’adjectif « efficace »… ]

photo de Seisachtheion
le 05/05/2023

2 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 05/05/2023 à 07:32:42

Très bonne compilation que ce Dark Side Of The Sacred Star avec deux excellents titres de  Doedsmaghird et Dodheimsgard. Je n'ai pas écouté ce nouveau Mork mais le morceau en écoute déboite

Moland

Moland le 05/05/2023 à 08:21:32

J'ai aucun problème avec les autocitations, moi haha.
Et oui, efficace, même si je cède parfois, ça veut tellement rien dire si tu ne développes pas ton propos. 

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