Mütterlein - Bring Down The Flags

Nombreux sont les groupes ou les musiciens qui ont tenté de mettre en musique les ténèbres et l’isolement et la misanthropie. Presque aussi nombreux sont ceux qui sont parvenus à le toucher du doigt, mais rares sont ceux qui y sont arrivés de manière globale. Avec Bring Down The Flags, Mütterlein a réussi à en faire partie. Avec ce deuxième album, le projet mené par Marion Leclercq (ex- Overmars), marque son retour après un silence de plus de cinq ans, et le split CD avec Limbes paru un peu plus tôt cette année (et chroniqué ici par mes soins). Changement de label également, puisque Bring Down The Flags sort chez Debemur Morti alors que Orphans Of The Black Sun avait bénéficié du soutien de Sundust, structure montée par Vindsval de Blut Aus Nord et Phil de DM.

Pour cette nouvelle plongée dans les Arts sombres, la Française semble avoir poussé tous les potards un peu plus loin: les passages Metal extrême sont plus désespérés, l’électronique est plus malsaine, les élans cérémonieux sont plus ésotériques, les éléments Dark-ambiant sont plus angoissants. Son travail d'écriture ultra soigné rend ces six titres qui composent l'album cohérents malgré la diversité des styles abordés. Tout cela rend l'écoute de Bring Down The Flags particulièrement éprouvante, aussi en raisons des atmosphères glaciales, ténébreuses et étouffantes. La voix de Marion Leclercq n'a perdu sa singularité et se montre versatile tout au long du disque, des hurlements extrêmes du premier morceau, aux déclamations ritualistes (« Violence And Misery ») en passant par les cris déchirants les ténèbres du dehors (« Requiem », assurément, du haut de ses onze minutes, le point culminant de l'album).

Bring Down The Flags est un album où l'auditeur doit se laisser aller, ne pas chercher à réfléchir et intellectualiser l'expérience sonore. Cela peut sonner cliché mais, plus que beaucoup d'autres oeuvres, il gagne à être écouté dans le noir, sans distractions visuelles pour s’imprégner de ce Metal qui, dans sa substance plus que dans la forme, est l'héritier du Rock inventif des années 70. Hypnotique, cathartique, cinématique, la musique de Mütterlein se prête à merveille à la création d'atmosphères sombres et décadentes pour certains jeux de rôle, même si je sais que ce n'est pas un but recherché par sa créatrice.

Xuaterc

le 29/12/2021