Narrow Head - Moments of Clarity

Chronique CD album (48:44)

chronique Narrow Head - Moments of Clarity

Chroniquer ce disque de Narrow Head m’emmerde. Non pas qu’il me soit hermétique et que les substantifs viennent à me manquer pour le décrire, mais il existe une distorsion assez importante entre l’enthousiasme des premières écoutes et la lassitude teintée de déception qui s’est désormais installée. De de ces douze titres de post-hardcore teinté de shoegaze et de grunge (judicieusement appelé heavy shoegaze en d’autres pages) prédomine désormais l’impression d’un relatif gâchis, car en vérité ce disque n’est pas mauvais, très loin de là, mais ses défauts semblent de plus en plus prégnants au fil des écoutes. 

 

Il vous faut imaginer la rencontre assez peu fortuite entre le son des excellents Nothing qui se manifeste à travers le contraste entre les guitares plombées (au hasard le riff rouleau compresseur de "Trepanation"), les accalmies plus vaporeuses et une voix limpide, presque détachée, et, sur certains titres, un hommage plus qu’appuyé à Deftones, certifié néo metal première époque. Pas de surprise, cela fonctionne, les compositions sont évidentes, agréables et s’enchaînent naturellement. Qu’il n’y ait pas là de méprise, Narrow Head sait composer de bonnes, voire de belles chansons, en introduisant suffisamment de variété. Il suffit de prendre le temps d’écouter le triste "Breakup Song" et son solo final plaintif ou "Fine Day" qui évoquera les Smashing Pumkins cuvée Siamese Dream ou carrément My Bloody Valentine sur l’introduction de "The World" pour en être convaincu. 

 

Et puis il y a malheureusement quelques fautes de goût, notamment les lourdingues "Gearhead" et "Flesh and Solitude" qui plagient sans beaucoup de vergogne ni beaucoup d’inspiration la période Around the Fur de Deftones à tel point que j’ai cru entendre le regretté Chi Cheng hurler en arrière plan sur certains plans. Au rayon des griefs à l’encontre de ce Moments of clarity figure aussi le chant de Jacob Duarte qui finit par sérieusement lasser au fil des écoutes, trop monocorde, morose et manquant de conviction. Au rang des regrets figure aussi cette production, trop grosse, trop compacte et compressée qui atténue les nuances et gomme trop les reliefs et les aspérités des douze titres de ce disque. 

 

Qu’a-t-il manqué à ce disque pour être véritablement réussi ? Assez simplement, c’est finalement qui rend inoubliables et touchants les groupes qui l’inspirent, la naïveté désespérée et lumineuse de Nothing, la fougue et la douce amertume de Deftones. En définitive, c’est un peu plus de spontanéité et un peu moins de contrôle qui auraient fait le plus grand bien à ce Moments of clarity trop calibré et parfois un peu trop mièvre pour rester inoubliable.

photo de Marc
le 18/08/2023

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