Navajo Witch - Volume III: Season of The Witch

Chronique CD album (33:13)

chronique Navajo Witch - Volume III: Season of The Witch

Quand on brandit les panneaux sur lesquels on peut lire les mots doom ou sludge, on pense fatalement à la règle des 3L : une musique lourde, lente, longue, optant pour l’économie de riffs, voire de notes, le tout avec un accordage dans les graves. De quoi faire fuir les inconditionnels du thrash, du glam, du prog. Liste non exhaustive.

 

Ceux qui restent sauront donc à quoi s’attendre. Car chez Navajo Witch, qui signe en 2019 son 2e album (nous n’utiliserons pas le vocable « effort » fort à la mode, car une œuvre, quelle qu’elle soit, si elle constitue le fruit de moult efforts, ne peut cependant se résumer à ceux-ci), on trouve effectivement tous ces ingrédients susmentionnés. Mais pas que. Passée l’intro, on comprend avec « Life eternal » que ces ingrédients, le groupe les utilise à sa sauce sans se soucier de suivre une quelconque recette académique, on comprend qu’on a affaire à du sludge puissant mais bien chaloupé. Si la lourdeur se montre au rendez-vous, elle ne se déprend pas pour autant d’un groove des plus sensuels. En outre, avec l’entrée en scène du chant, Navajo Witch nous entraîne sur des contrées inexplorées, proches du monde ténébreux du black metal. Les surprises s’enchaînent dès le début de l’album. En effet, sans transition, « Life eternal » s’enchaîne directement et parfaitement avec « Still we rise », en faisant monter d’un cran la température. Le tempo devient tribal, sans perdre ni la lourdeur de l’ensemble, ni son groove. Déroutante, la musique de Navajo, puisque, non contente de faire s’enchaîner ses titres de façon naturelle, elle opère des transitions au sein même de ses titres, ce qui évidemment apporte de la richesse à la totalité des compositions.

 

On l’aura compris, Navajo Witch puise dans un puits sans fonds d’influences qu’il a digérées avec perfection pour construire son propre univers, fait de rage tellurique, de poussière, de flammes s’élevant vers un firmament séculaire. On pense à des groupes comme Cobalt et Wayfarer, qui livrent une musique chamanique invitant à la transe au coin du feu. Témoin, l’enchaînement des titres « Crossover » et « Ancestral chants part II » : il y a de la folie provoquée par l’invocation d’esprits tutélaires dans l’ambiance presque stoner de ces 2 morceaux. Du stoner sorti de la fange, la fange dans laquelle le groupe nous replonge dès le titre suivant, « Death follows ». Histoire de rappeler qu’on reste dans le monde du sludge, sauvage et pesant, avant tout, malgré les virées vers d’autres territoires. « From the grave » dans ce marasme pourrait faire figure de single. Ses temps forts donnent envie d’y placer des « Hey ! » en chœur. Le genre de titre qui vous fait aimer avoir le front fiévreux.

 

En tout, le voyage n’aura duré que 33 minutes, ce qui s’avère court, pour un LP, mais « Volume III Season of the witch » offre une telle variété et une telle densité que les souvenirs se bousculent déjà dans la tête. Afin de ne pas les laisser se diluer dans la mémoire volatile, il convient assurément de relancer la boucle, d’entamer un nouveau cycle, de rejouer l’album, en somme. Car ne nous y trompons pas : nous tenons là l’une des plus belles surprises de l’année 2019 qui se révèlera davantage à chaque nouvelle écoute : un album maîtrisé de bout en bout, équilibré, cohérent, habité, inspiré. On pourrait dérouler la liste infinie des superlatifs mais face à ce genre de coup de cœur, on préfère laisser la musique parler d’elle-même, au fond d’un bar interlope perdu sur le bord d’une nationale forestière.

photo de Moland Fengkov
le 08/04/2024

19 COMMENTAIRES

Vincent Bouvier

Vincent Bouvier le 09/04/2024 à 10:41:45

"En outre, avec l’entrée en scène du chant, Navajo Witch nous entraîne sur des contrées inexplorées, proches du monde ténébreux du black metal" Ouaip! Et pas que. Je le trouve très protéiforme ce chant. Intéressant.

+1 sur le groove sensuel.

Moland

Moland le 09/04/2024 à 11:23:37

Ta curiosité t'honore, camarade, car elle te récompense !

Pingouins

Pingouins le 09/04/2024 à 11:26:00

Sympa, ça doit être cool en live !
Y'a un côté stoner bien prononcé en effet.

Moland

Moland le 09/04/2024 à 23:26:40

Je sais pas skeu ça donne en live. Je ne vois jamais leur nom programmé 

Vincent Bouvier

Vincent Bouvier le 10/04/2024 à 08:55:40

Sans label et venant du fin fond du Tennessee... On est pas prêt de les voir en France...

Moland

Moland le 10/04/2024 à 19:39:49

C'est clair que non. Je me demande s'ils existent encore 

Dams

Dams le 11/04/2024 à 14:42:37

Énorme découverte, merci. Par moment cela me fait penser à Verdun.

Moland

Moland le 11/04/2024 à 20:40:06

Dams, merci pour ton retour, content que ça te plaise. Jamais écouté Verdun. Vais jeter une oreille. 

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 12/04/2024 à 07:03:47

C'est sympa ça.

Moland

Moland le 12/04/2024 à 13:24:17

Par Crom ! Nous rejoindrions-nous sur certains goûts  ?

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 12/04/2024 à 18:29:20

Ben "Sludge / Doom" : je trouve ça un peu restrictif comme genre mais ça passe.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 12/04/2024 à 18:34:11

"Still Will Rise" et "Death Follows" c'est quand même de la grosse grosse méchantude attitude.

el gep

el gep le 12/04/2024 à 22:40:06

Ouh va falloir que j'écoute ça aussi moi...

@MomoEtCrom oui mais Momo, est-ce que tu as répondu à la simple et essentielle question existentielle de Cromy: aimes-tu (pardon, vénères-tu les couilles serrées de peur) High On Fire ?

el gep

el gep le 12/04/2024 à 23:15:39

J'écoute...
''Still We Rise"", Machine Head qui fait du simili stoner ?
Un p'tit côt néo dans tout ça, non ?

Ok ok je m'en vais, pas taper, pas taper...

Moland

Moland le 12/04/2024 à 23:31:39

J'ai vu High on Fire avec Pélican et Mono en live y a très longtemps OKAYE 

el gep

el gep le 12/04/2024 à 23:44:21

Oui éh ben moi j'ai vu MoNNo et ça faisait beaucoup plus de bruit que MoNo.

Sinon j'accroche pas trop à Navajo Witch0, là, suis un peu déçu là. Je retenterai.

Moland

Moland le 13/04/2024 à 09:53:04

Déçu que tu sois déçu mais content que tu aies donné sa chance au produit 

Buck Dancer

Buck Dancer le 13/04/2024 à 16:53:45

Mais c'est vraiment excellent ce truc! Vraiment une une belle découverte, merci (cela valait bien mon premier commentaire ici). 
Par moment le chant me fait penser au regretté L-G Petrov. 

Moland

Moland le 13/04/2024 à 17:59:25

Décidément, cet album retient l'attention. Merci pour ton comm'.

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