Neolith - Izi.Im.Kurnu-Ki
Chronique CD album (39:00)

- Style
Nephren-Ka Death metal - Label(s)
Non Serviam Records - Date de sortie
2 mars 2015 - écouter via bandcamp
Si vous n’avez pas saisi la référence au rebond, sachez que l’étiquette « Nephren-Ka Death Metal » gravée sur le fronton de cette chronique (Oui: sur CoreAndCo le fronton se trouve niché dans un coin de la colonne de gauche) est censée évoquer Amongst the Catacombs of Nephren-Ka, autrement dit l’album qui a révélé au monde les bienfaits du Pharaonic Brutal Death de Nile. Parce que Neolith lui aussi aime par-dessus tout chevaucher follement à travers le désert, menant de pleins bataillons de soldats-momies à l’assaut de mausolées maudits gardés par des entités mésopotamiennes innommables, des djinns démoniaques et autres courtiers en assurances de l’enfer. Sauf qu’on aurait tout aussi bien pu utiliser « Demigod Death Metal » à la place, histoire de faire coucou à Behemoth et à son bestiaire tout aussi mythologiquement baroque. D’ailleurs cela aurait sans doute été plus pertinent, vu que les 2 groupes partagent la nationalité polonaise. Mais le top aurait carrément été de faire dans le descriptif en parlant d’« Atmo-Occult-Peplum Brutal Bombastic Death Metal with a touch of Electronica ». Sauf que ce faisant, on lui aurait salement élargi le fronton, à notre pauvre chronique!
Mais, bien que la pratique ne soit pas des plus saines, autorisons-nous un court instant de pur sarcasme, histoire de vous expliquer de quoi il retourne ici:
« Les gars, ça y est: je tiens le concept qui va nous rendre célèbres, désirables et blindés de stock options!!!
- Vas-y, crache le morceau Bébert!!!!
- Eh bien on abandonne le doom/death chamallow, on charge un peu la mule en venin blacky et on relocalise notre popote métallique dans un univers fastueux et théâtral plein de malédictions multimillénaires et de guerres des civilisations – comme ça on deviendra calife Sanders à la place du calife Nergal…
- Ouaiiiiiiiiiis!
- Puis, au milieu des incantations de fond de pyramides et des atmosphères assyriennes, on blinde le matelas rythmique de blasts qui ratatinent et de double pédale sismique. Là-dessus on plaque une pochette évoquant Reconquering The Throne, et du coup les gens devraient nous associer inconsciemment à Hate Eternal.
- Bueeeeeno!
- Et puis pour ne pas être taxés de suiveurs décérébrés, on demande à Raymondski de faire des heures sup' avec son synthé: il faut qu'il arrête de se contenter de ses bêtes nappes ambiantes, et qu'il crache dorénavant plein de gouzi-gouzis limite électro. Ça, associé à notre côté martial, vous pouvez être sûrs qu’on va récupérer tous les fans de The Monolith Deathcult qui ont lâché l’affaire après Trivmvirate.
- T’es trop fort Bébert!!! »
... Pas classe! Sauf que cette approche hautement stratégique étant adoptée par un groupe fort de 24 années d'expérience et comptant dans ses rangs de vieux mercenaires issus de Lux Occulta, Elenium, Thy Disease (… et compagnie), ça nous donne un Izi.Im.Kurnu-Ki possédant de sérieux et séduisants arguments. D’ailleurs l’écoute du début de l’album rendrait presque euphorique, car après une intro grandiloquente forcément typée over-the-top-of-the-forgotten-temple-of-the-unholy-army, « Of The Angel And His Orison » s'impose avec puissance, évidence et magnificence. La section rythmique défonce, les guitares soufflent la tempête du désert: l’auditeur n’est plus qu’admiration et révérence. Et la débauche de moyens de continuer en ménageant juste ce qu’il faut de ralentissements majestueux et de courtes incartades synthélectro pour nous permettre de souffler au sein d'une poignée de paisibles oasis. On saisira d’ailleurs l’occasion pour reprocher au groupe que ce dernier aspect (les bidibips électroniques) ne soit abordé que du bout des lèvres, en de très brèves incursions, comme s’il n’assumait pas tout à fait ce choix. Et à sa décharge, il est vrai que ce dernier ne donne pas que des résultats bandants, la mélodie synthétique accompagnant le démarrage de « Ire Thru Fire » étant par exemple un poil irritante. N'empêche, peu de mauvaises surprises sur les 2 premiers tiers de l’album – bien que, objectivement, peu de surprises tout court –, les moments les plus grisants pouvant être mis au crédit d’un « E.A. Firebringer » aussi puissant que varié et accrocheur, ainsi qu’à celui d'un « Enlil » ample et ambiancé.
Sauf que derrière ces quelques sous-entendus peu subtiles, vous sentez bien qu’il y a un « Mais ». Et en effet, passé un « Interludium » portant parfaitement son nom, on tombe non seulement dans une routine crasse, mais également dans des tempos globalement plus raplaplas, moins enthousiasmants. Et on est malheureusement obligé de constater que le soufflé et le charme retombent de conserve, le groupe ne réussissant pas à proposer le tomber de rideau impérial que toute production ayant cette ambition se doit d’offrir en guise d'adieu.
Arf: on était gonflé à bloc, et on se retrouve mi-penaud, mi-frustré, les bandelettes pendouillant mollement entre les miches… T’aurais pu nous finir, quand même, dis, Neolith?!
Izi.Im.Kurnu-Ki s’avère donc être un sympathique ersatz Behemothico-Nilien qui aurait eu le potentiel pour nous claquer le beignet bien fort, mais qui échoue malheureusement, en fin de course, à remporter son pari. Mais pour autant, beaux joueurs, on n’oublie pas le gros carton des 2 premiers tiers de l’album, et on recommandera donc le scud aux amateurs de death des catacombes à gros budget.
La chronique, version courte: Izi.Im.Kurnu-Ki c’est 90% d’un mélange cyclopéen de death Behemotho-Nilien – du blast, des armées de momies, des malédictions antédiluviennes, des atmosphères de catacombes – plus des pointes électroniques furtives qui donnent une lointaine impression d’avoir croisé le chemin de The Monolith Deathcult. De très bons ingrédients donc, qui auraient pu aboutir à la confection d’un album maousse costaud s’il ne s’était achevé en bavant son ennui dans la poussière du désert…
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