Nightslug - Loathe

Matez-moi, cette pochette d'album. Sale, malade avec des bouts de journaux dedans. Un indice pour nous faire croire que ces gaillards ont des lettres. Probablement celles de Tommy Lynn Sells, Guy Georges et plus sûrement Volker Eckert ou Joachim Kroll. Une première accroche Grind/Crust que ne renie pas un Cobra ou un Crom bien connus de la maison.

Autre indice, ça va ramper (...slug) !

C'est donc, en mode - I like your vomit, vomit – que je plonge le casque audio dans le gras (c'est rien de le dire) du sujet.

Les cousins germains de [P.U.T] et Daggers ne font pas les choses à moitié, Dès l'intro de « Vile Pigs » on en prend plein les dents. Son gras, vocaux qui se consument, riffs autistes, batterie punk et basse vrombissante. Pour qui se souvient de La Muerte (pour rester dans le belge), on a affaire à des spécialistes. D'ailleurs l'organe cramé de J-Slug n'est pas sans rappeler celui de Marc du Marais.

Le titre éponyme apporte la caution punk de l'affaire sur un tempo bien soutenu et un riff comme Lemmy peut les apprécier. Quand je vous disais que ces gens avaient des lettres. Avec « The thrill is gone », on entre dans le vif du sujet. La limace est à l’œuvre, lentement, inexorablement. Le mal nécessaire s'empare de nous inévitablement.

À mesure des écoutes, Nightslug tutoie les horizons dessinés par Unsane – les grands patrons en la matière - ; c'est même cette fameuse coolitude propre aux américains qui fait la différence chez les allemands. « Under a bane » brouillon bruyant n'entame pas la trame du « Desease » magistral qui accroche les neurones, juste après.
À nouveau, cette basse monumentale qui parcoure l'échine sans relâche ni remords. Le riff répétitif de « Pure » conduit le groupe vers une contrée plus bruitiste presque no-wave... en 2 minutes, le combo arrive a surprendre. Le groupe termine en roue libre avec « Tainted throne ».

Loathe est un album pesant, gras, brûlant, désespéré, sale, malin, et contagieux. Un bon paquet d'éléments qui devraient hisser les rhénans en bonne place dans les papiers de fin d'année. Une bonne pioche de plus cette année pour Lost Pilgrims avec le Veneficae de Boar et les sorties de Rorcal comme toujours.

En attendant vous reprendrez bien une cuillère à café de mayonnaise avec votre café bouillant.

Eric D-Toorop

le 07/09/2015