Noiss - Deafening

Chronique CD album (18:14)

chronique Noiss - Deafening

Ahh un petit groupe français...de Chambery...et qui joue...du grunge!

Quoi ? Encore ? A croire que le style subit un revival digne de ce nom chez les jeunes formations dans notre hexagone tricolore. Tant mieux, en tant que biberonné à ce mélange de pop et de rock abrasif qui a fait le bonheur des vendeurs de chemises de bûcherons, je ne peux que saliver d'avance.

 

Noiss ne révolutionne pas le style et ce deuxième EP nous rappelle au bon souvenir des aînés que sont Nirvana (évidemment), Alice In Chains (éventuellement) ou Melvins (évasivement). Couplets en son clair comme des mèches prêtes à faire péter les refrains saturés et énergiques, basse discrète mais aussi solide qu'efficace, batterie sans chichis mais maîtrisée et parfaitement adaptée,  voix éraillée pleine d’émotions, morceaux hypers efficaces (“Iteration 7”, “Stoner34” ont d'ailleurs tout des tubes en puissance), qui restent dans la tête et qu’on se plaît à fredonner, mixage digne du meilleur des 90’s, tout y est. Du classique, oui mais de très grande qualité.

 

L'interprétation comme les ambiances m'ont beaucoup rappelé d'excellentes et méconnues b-sides de Nirvana comme Sappy, Opinion et quelques autres pépites. Mais si le trio d'Aberdeen est surtout connu pour des morceaux emplis de rage énergique, Noiss m’a semblé plus proche de la facette plus “pop” finalement si chère à Cobain. Les morceaux sont plus posés, moins rentre-dedans, plus sludgy (le côté Melvins) et l’émotion plus à vif, plus palpable (le côté Alice In Chains mais en plus optismiste). “Pop”, oui, mais celle qui fait du bien par sa simplicité, sa facilité, son évidence et qui ne tombe jamais dans la mièvrerie d'adolescent dopé au biactol, ni dans la désinvolture feinte ou la comédie ridicule. Ici, tout est sincère, plein d'une belle vibe, bien vivante, et jouée avec les tripes quand bien même celles-ci ne sont pas dégueulées dans d'acide remontrances musicales.

 

Le mix est de très bonne qualité, propre...Presque trop. Le grain des guitares est simplement parfait mais on aurait aimé retrouver le côté incontrôlé de cet instrument que le style a su au fil de sa désormais longue histoire nourrir de larsens sifflants, de feedbacks railleurs et autres gimmicks sonores par lesquels l'électricité de l'instrument orne sans aucunes contraintes l'interprétation du musicien. Par exemple, sur “Iteration 7”, le couplet joue avec les harmoniques naturelles de la guitare, idée archi-cool mais l'interprétation ne serait-elle pas trop contrôlée où est ce le mix qui donne cette sensation? On aurait envie qu’elles nous pètent encore plus à la tronche quand elles  nous gratouillent le bout du nez. Mais ce “propre” n’est fort heureusement jamais aseptisés et ne gâche rien, il frustre légèrement parfois, voilà tout.

 

Noiss livre ici un deuxième EP plein de beaux morceaux jamais faibles, pleins de sincères émotions, au carrefour intra-stylistique* de plusieurs grandes et incontournables références du grunge, comme un bel assemblage de vins millésimés qui aurait donné naissance à un "petit" cépage de qualité qui ferait (fera?) le bonheur des amateurs dans un premier temps mais pourra (pourrait? devrait?) se révéler aux  oenologues de renoms après quelques années de maturité. Car malheureusement, ce n’est encore qu’un EP (18 minutes 14) et encore un peu trop classique pour crier dors et déjà aux génies. Mais c'est déjà plus qu'un simple "potentiel". Encore un peu de temps et de travail pour se trouver une patte stylistique encore plus ancrée et qui transformera(it) la musique qu'ils jouent en "leur" musique. Les ingrédients sont là, la recette est bonne, il ne manque donc plus qu'à trouver la cerise à mettre sur ce gâteau déjà magnifique et plein de saveurs pour que Noiss soit plus qu’un groupe de grunge.

 

En tout cas, j’y crois de la moitié de mon coeur de chroniqueur et je leur souhaite de l’autre.

 

 

 

On aime bien: du Grunge qui mélange savamment les grunges, la qualité d'écriture, la maturité, le son le côté hyper pro** du groupe

On aime moins: une interprétation un poil trop propre, un bel oiseau musicale prête à éclore mais qui devra finir de briser sa coquille.

 

*: désolé pour ce terme obséquieux mais j’ai du mal à trouver un meilleur adjectif

**: oui parce que: aucun rapport avec la musique mais mention spéciale au groupe qui envoie un vrai beau dossier de presse DIY mais bien foutu, complet et donc pratique. Bravo à eux d’avoir compris que c’est en se comportant comme les grands qu’on peut se voir proposer d’aller jouer dans leur cour.  Par contre, il va falloir se créer une page bandcamp.

photo de 8oris
le 08/10/2020

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