Nuclear Power Trio - Wet Ass Plutonium

Chronique CD album (37:02)

chronique Nuclear Power Trio - Wet Ass Plutonium

Décidément, ils ont le sens du visuel qui claque chez Nuclear Power Trio ! Et le tableau est encore plus badass quand on effectue le zoom arrière réservé à la pochette du vinyle (hop : ici). D’ailleurs cette badasserie déborde de l’artwork pour inonder également le titre, ainsi que l’ensemble de la tracklist : « Wet Ass Plutonium », « Nyetflix and Chill », « Air Force Fun », « Snark Side of the Un », « Anti-Saxxers (Mandatory Saxination) »… Pas besoin d’aller beaucoup plus loin, du coup, pour constater à quel point cette brochette autocratique sait se rendre séduisante vis-à-vis du fan potentiel. Même le chroniqueur – impartial observateur d’un monde musical effervescent, duquel il vit en marge – ressent comme une irrépressible envie de grimper tout en haut de son échelle de notation face à autant de clins d’œil de bon goût…

 

Pourtant, un rapide coup d’œil à la note griffonnée en tête de cette chronique vous apprend qu’il reste encore quelques échelons à gravir sur ladite échelle avant de se cogner la tête au plafond… Comment se fait-ce donc ? Ces musiciens confirmés – pour rappel, Greg Burgess d’Allegaeon derrière la guitare de Donald Trump, Nick Schendzielos de Cephalic Carnage derrière la basse de Vladimir Poutine, et Pete Webber de Havok derrière la batterie de Kim Jong-un – ces musiciens confirmés, disais-je, auraient-il mis des cheveux Néo ou Deathcore dans leur délicieuse soupe instrumentale ? Auraient-ils vendu leur âme au dieu du chant vocodé ? Auraient-ils perdu des points d’amour en envahissant l’Ukraine ou le Capitole ?

 

Rien de tout cela, non. D’ailleurs le niveau de virtuosité n’a pas baissé d’un iota. Ce sont 37 minutes de basse slappée comme jamais, de guitare bavardement guillerette, et de fusion Prog / Funk / Metal à profusion que nous réserve ce premier album. Avec, dans le rôle du pompon, des solos de guests pas manchots, Chris Broderick (In Flames, ex-Megadeth), Ben Ellis (Scar Symmetry), Brian Hopp (Cephalic Carnage) et Scott Carstairs (Fallujah). Alors on ne voit pas trop pourquoi la note serait à ce point inférieure à celle de A Clear And Present Rager, l’EP par lequel tout a commencé...?! D’autant que si vous voulez vérifier si l’usine à riffs produit encore du kiff, c’est très facile : vous lancez « Nyetflix and Chill » et vous laissez agir la sangria cuivrée qui sort de vos enceintes. Bermudas, cocktails, Floride, Magnum, Higgins : c’est manifestement les vacances, on fait tomber la chemisette et on pique une tête ! Pour être bien sûr qu’il ne s’agit pas que d’un coup de bluff (après tout il s’agit du premier single), vous basculez sur « ¡Vamos, Brandito! », et là c’est carrément Rodrigo y Gabriela (ou presque) qui mènent la danse, en alternance avec une mélodie de guitare tellement solaire qu’on sort les Ray-Ban, au cas où. Cette ambiance légèrement 80s, ce soleil qui passe sous les stores, cette générosité instrumentale extrême, ce côté pétillant, voire complice… On n’est pas bien, là, à quelques mètres de la plage ?

 

… Alors pourquoi bouder ?

 

Les couleurs de la pochette pourraient vous donner un indice. Ainsi que la fin de « Grab 'Em by the Pyongyang », si vous vous souvenez du 2e titre de l’EP précédent… Vous l’avez ? Notre triplette masquée à décider de s’ouvrir un peu. Elle s’est donc autorisée des incursions de cuivres, d’un peu de harpe (… électrique a priori, cf. « Air Force Fun ») – bon, jusqu’ici tout va bien –, mais aussi de grosses nappes de clavier dégoulinant, celles-ci étant souvent utilisées pour faire glisser la musique du côté rose chamallow de la Synthwave à gros néons.

 

« Ah ouais ? »

« Eh ouais ! »

 

Et si cette option artistique pourrait tout à fait s’avérer fructueuse, dans le cas présent elle a tendance à noyer le côté Funk dans la grenadine. Et à enrober le son de ces neuf titres dans un gros emballage synthétique, du genre qui étouffe et aseptise afin de préparer à la vente en centre commercial. C’est d’ailleurs dans le même esprit, sans doute, que le groupe a ménagé de nombreux épisodes loungy qui extraient l’auditeur de la Ferrari de Tom Selleck pour l’asseoir de force sur le velours des sièges mous du Pacific Princess. C’est qu’il ne faudrait pas qu’il se foule une cheville, le choupinet ! Et cet accent mis sur les sonorités artificielles – tantôt criardes, tantôt anesthésiantes – de transformer les ambiances de bord de mer rétro (pensez à ces génériques de vieilles séries américaines) en bande-son de jeux vidéo à l’ancienne, genre Crazy Cars 2, Ocean Beach Volley ou Cool Spot, pleins de palmiers dessinés en 8 pixels maxi. Et vous savez quoi ? Ça n’est pas du tout ce dont on avait envie après avoir goûté à l’amuse-gueule de 2020.

 

Non mais franchement, vous avez entendu le début de « Air Force Fun » : c’est pas abusé cette violente agression au synthé ? On se croirait en pleine convention de retro-gamers pour qui Jean-Michel Jarre incarne le climax de la création musicale ! Alors évidemment, peu après la basse du début de « Snark Side of the Un » nous remet des glaçons dans le cocktail… Sauf qu’insidieusement, via des leads vicieusement langoureux, on replonge doucement dans une sieste reposante, sur un matelas gonflable où aucune aspérité ne risque de nous abîmer les chairs. Et « Anti-Saxxers » d’utiliser l’excuse du saxo pour nous remettre du miel dans la tisane, les quelques secouages de puces Funk étant mortellement compensés par des mélodies onctueuses dont même Tata Gisèle raffolerait…

 

De l’excellence instrumentale gâchée par de grosses tâches de clavier. Un côté geek rose fluo tantôt virtuose, tantôt sucré… Ça ne vous rappelle rien ? Oui, c’est ça : les deux premiers albums d’Etrange. Ce Wet Ass Plutonium nous fait exactement le même effet. Alors évidemment, le niveau technique est stratosphérique, on a envie d’embrasser goulument la basse sur ses deux belles joues bien rouges, et les accès de Funk fébrile nous font toujours le même effet – donc non, on ne peut décemment pas descendre sous un 7/10. N’empêche, on a comme une GROSSE sensation de gâchis. C’est vrai, c’est rageant : il y avait franchement moyen ici de sortir un putain d’album excellent en tous points. A tous les coups c'est la volonté de s'inscrire dans le buzz accompagnant la sortie de l’adaptation cinématographique de Barbie qui a dicté à nos lascars l’orientation « plastique rose » de ce premier album, je ne vois pas d’autre explication…

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Wet Ass Plutonium continue pile là où le mélange Funk Metal / Prog technico-instrumental de A Clear And Present Rager s’était arrêté : quelque-part sur une plage de Floride, une margarita à la main. Sauf que, au moment de finaliser certains morceaux, notre trio masqué a fait tomber un verre de Synthwave grenadine sur ses compos. Bilan de la maladresse : 1) certaines pistes n’ont pas été frottées suffisamment fort au Paic Citron, résultat elles sont restées toutes collantes aux entournures 2) d’autres titres, à l’inverse, on été nettoyés trop vigoureusement, ceci leur ayant fait perdre en vivacité et prendre une teinte légèrement loungy, peu propice aux effusions enthousiastes. Bref, c’est un peu dommage Ma Bonne Dame, d’avoir ainsi tout ensagouiné un album avec un tel potentiel !  

 

 

 

 

 

photo de Cglaume
le 20/07/2023

1 COMMENTAIRE

8oris

8oris le 20/07/2023 à 08:09:41

J'ai envie de dire "Ah....Zut!"

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