Øjne - Sogno #3
Chronique CD album (22:00)

- Style
Screamo à l'italienne - Label(s)
Left Hand Label, Through Love Records, Pundonor Records, To Lose La Track - Date de sortie
16 juin 2023 - Lieu d'enregistrement Différents studios entre 2019 et 2022
- écouter via bandcamp
Je ne suis généralement pas vraiment adepte de l'école italienne du screamo, souvent très (trop, pour moi) portée sur la mélodie et penchant généralement du côté de l'emo.
Mais avec ce nouvel EP, les Milanais de Øjne font mentir cette vague position que j'avais, puisque Sogno #3 a énormément tourné chez moi depuis sa sortie à la mi-juin.
Il faut dire que le combo a déjà pas mal d'expérience accumulée : formé en 2011, un premier album en 2013, des splits gages de qualité avec Rainmaker et les excellents Улыбайся ветру (dont les ex-membres ont formé Ясность (lucidity), avec un EP très conseillé et tout récemment chroniqué sur nos pages), et un superbe album Prima Che Tutto Bruci en 2017.
J'ai trouvé dans ces six nouveaux morceaux une écriture riche et variée, où l'influence des pontes du genre et du lieu que sont Raein et La Quiete se fait évidemment présente, mais où Øjne personnalisent suffisamment leur propos pour faire de cet EP une proposition pleine de sincérité et débordante de passion qui fait mouche, et qui donc vient me réconcilier de fait avec ce screamo à l'italienne.
De par le chant screamé de Gianluca déjà, tout bonnement excellent, balançant à corps perdu ses poumons et ses textes 'come se non ci fosse un domani' (comme si demain n'existait pas), tout en s'approchant aussi parfois des formes plus parlées, plus proche du récit, que l'on peut trouver chez des groupes tels que Touché Amoré ou La Dispute, sans pour autant jamais passer du côté du chant clair (ce qui, de mon point de vue, est une très bonne chose). Seule exception peut-être à cela : l'intervention en espagnol de Cándido Gálvez, chanteur des Andalous de Viva Belgrado (dont je n'ai jamais été un grand fan mais dont l'album Flores, Carne mérite tout de même une bonne paire d'écoutes si les deux groupes cités ci-dessus vous parlent) sur « Occidente », pour une partie de morceau dont il semblerait presque qu'elle a été écrite totalement à part tant elle diffère du reste du morceau.
Il faut dire que les textes, tous écrits en italien, se prêtent à ce genre d'approche : intimes, chargés de souvenirs, de personnes que l'on a aimées et qui ne sont plus là, de drames personnels, plus d'un passage me fout la chair de poule lorsqu'il est cumulé avec son exécution dans le morceau, accompagné de son instrumentation.
Déjà, j'aime beaucoup quand les groupes chantent dans leur langue, puisque du côté des sonorités, cela change un peu du tout-anglophone ; et ensuite parce que dans les textes, bien plus de nuances et de qualité d'écriture peuvent s'exprimer.
Sur Sogno #3, les paroles ont eu un rôle déterminant pour me faire adhérer totalement, probablement parce que Øjne me cueillent à un moment où elles résonnent particulièrement fort pour moi. Et le fait que le rendu soit un excellent compromis entre parlé et screamé qui permet de comprendre les paroles tout en pouvant les hurler enfonce le clou. Tous les textes sont disponibles sur leur bandcamp, avec une traduction en anglais au cas où.
Bref, Øjne ne se cantonnent donc pas à la petite case 'screamo à l'italienne', avec des parties qui pourront évoquer des contours plus hardcore à la Birds In Row (dès le début de « Il Tempo Che Ho perso » par exemple), ou des pics d'intensité post-hardcore (« Le Vite Degli Altri »), et c'est ce qui fait toute la différence et vient clouer cet EP en bonne place de ceux qui ont le plus tourné depuis le début de cette année, et ce malgré les petites choses qui demeurent en-dehors de mes appréciations personnelles (tel arrangement un peu trop lumineux, telle autre partie de batterie un poil trop légère, et « Charneca » que je trouve dans l'ensemble un cran en-dessous, morceau qui n'a d'ailleurs pas été joué lorsque j'ai eu l'occase de les voir récemment en live), même si ce ne sont que des détails qui n'entâchent en rien le travail réalisé ici.
Sogno #3 est donc un EP ultra-personnel, marqué par une intime sincérité et auquel toutes celles et ceux qui apprécient les groupes cités au-dessus devraient donner une chance.
En plus, j'ai pu croiser certains des membres lors de leur tournée avec leur autre groupe Radura, et ils sont vraiment sympas, ce qui fait toujours plaisir.
Allez, un dernier petit truc au cas où vous vous demandiez : 'Øjne', ça veut dire 'les yeux' en danois, mais je ne sais pas pourquoi ce choix a été fait. Mais au moins comme ça vous saurez.
A écouter avant que tout ne brûle.
4 COMMENTAIRES
Tookie le 15/08/2023 à 15:55:16
C'est très cool ça aussi, merci ! Définitivement, l'italien sied parfaitement au screamo !
Pingouins le 15/08/2023 à 17:41:54
Ouep, et puis comme je le disais, dans un moment un peu difficile dans la vie là, les paroles d'un morceau comme 'Occidente' m'ont un peu éclaté la gueule 😀.
Quand les ai vus avec Drei Affen le mois dernier, j'ai prévenu les copaingues que je risquais de pleurer 🐧
Freaks le 16/08/2023 à 08:02:33
HxC helps mon cher Pingouins, mais c'est pas a toi que je vais apprendre ça ;)
J'y ai retrouvé du Nionde plagan aussi. Sacré chant en tout cas. L'est loquace le gars, faut que sa sorte...
Bref! Très chouette.. ça passe tout seul..
noideaforid le 08/01/2024 à 17:38:53
Découverte tardive mais top au bon moment! sur le top 2023 c'est la pochette qui m'a attiré, comme quoi faut toujours suivre son instinct ! Merci pour cette découverte !
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