Olde Throne - In the Land of Ghosts

Y a pas à tortiller : Harrison MacKenzie a beau être néo-z, il a les terres celtiques, leur histoire, leur culture, dans la peau ! Alors que le (très bon) premier album d’Olde Throne, an Gorta Mór, sorti en 2022, était centré sur la terrible famine qui toucha l’Irlande au 19^e siècle, le second long-format nous transporte tout droit dans la lande écossaise et ses histoires les plus glauques. In the Land of Ghosts prend les traits d’un véritable Guide du Routard des lieux maudits, des places hantées et des figures démoniaques et fantomatiques qui ont parsemé le passé du pays au chardon, le tout « édité » sans hésitation par le label finlandais Naturmacht Productions. De la maudite Alloa, maison-tour médiévale résidence de la famille Erskine, à la Maison hantée de Dun et son cavalier sans-tête, en passant le Greyfriars Kirkyard, le cimetière hanté d’Edimbourg ou le défilé montagneux de Killiecrankie, lieu d’une terrible bataille en 1689 dont il resterait aujourd’hui les hurlements et les plaintes des « ghost soldiers ». Notons la présence d’une p’tite gourmandise, avec le bonus track An Torr "An Torr", réenregistrement du titre de sa demo de 2021 et qui commémore quant à lui le massacre de Glencoe de 1692 au travers du poème de Jim McLean daté de 1969.

« D’un monde révolu demeurent ses âmes »…

… Ces mots de l’artiste derrière Olde Throne inviteraient presque à y porter un sourire goguenard, mais attention de ne pas arpenter les pistes sombres et tourbeuses de cet album en voyageurs imprudents, vous risquerez fort bien de vous faire empaler sur cet Atmoblack plus aiguisé, plus direct que la précédente plaque, comme sur la transition énorme à la fin de la 3^e minute de "Isobel". Vous apprécierez la qualité du mixage et du mastering du studio suédois Dark Prod (Seiðr Jonsson aux manettes) qui intègre avec finesse plusieurs instruments qui donnent une identité folk très marquée sur certains titres : la flute sur "Isobel" et "Killiecrankie", accordéon et cornemuse sur "Cliffs of Culzean" et le Uilleann pipe sur le court "The Curse of Alloa Tower". Le son de la batterie (la double en fait) aurait peut-être mérité une attention plus soutenue.

On retrouve ici des ambiances, des riffs, des passages familiers, rappelant aussi bien Saor, Grima ("House of Dun"), Kvaen (le hargneux "Greyfriars Kirkyard"), Malist ("Isobel") que Déluge (dernières minutes de "Skara Brae"). Familier justement… est-ce un atout ou un problème ? Je serais plutôt enclin à pencher sur le premier, tant an Gorta Mór est une création solide, parachevée par le très beau et envoutant "Killiecrankie" où les instruments folks soutiennent joliment le mid-tempo durant ces 5 minutes.  Ce Black Metal offre donc de nombreuses variations et nuances, tout en maintenant son intensité, son âpreté parfois, sur près de 50 minutes, y compris dans le registre vocal ("Duntulm").

Le résultat final plus que probant de ce Olde Throne fait easy de son 2e album une des propositions les plus marquantes de cette première moitié d’année dans le Black Metal atmosphérique.

Seisachtheion

le 06/06/2023