Olde Throne - an Gorta Mór

Chronique CD album (39:19)

chronique Olde Throne - an Gorta Mór

Belle et intéressante trajectoire que celle de Harrisson MacKenzie, le musicien derrière le projet Olde Throne, encore trop peu connu, car noyé dans la m(n)asse des one man bands qui pullulent aujourd’hui dans le monde du Black Metal… Ce Néo-Zélandais, qui nous vient de Christchurch, est un passionné d’histoire de l’Écosse et de l’Irlande, ainsi qu’un féru de mythologie celte ! Il a/avait en plus la ferme intention de s’installer en … Suède !

 

MacKenzie ne balance sa musique qu’au début de l’année 2021 avec la Demo 1-titre An Torr, dont les paroles reprennent le poème Le Massacre de Glencoe écrit en 1969 par Jim McLean (référence au massacre en 1692, dans les Highlands, de plusieurs membres du clan MacDonald de Glencoe par les forces gouvernementales écossaises). On lui doit également un cover peu inspiré de "Something In The Way" de Nirvana. Heureusement n’a-t-il pas tardé, avec l’aide du batteur Hymir, à pondre en février 2022 son premier long-format an Gorta Mór. Notons l’accompagnement précieux de la boîte Naturmacht Productions (Grima, Marrasmieli, Ande, Soliloquium, Lebensnacht, Havukruunu, …).

 

Demo An Torr

(pochette illustrée par la peinture Après le massacre de Glencoe de l’artiste écossais Peter Graham, 1899)

 

En attendant son déménagement (effectif aujourd'hui j'crois bien), ce Néo-Z celtophile a tenté de se rapprocher de la Suède en passant dans un premier temps par la table de mixage et de mastering d’Andreas Westholm, alias Seiðr Jonsson. Ce touche-à-tout (guitariste, bassiste, chanteur, programmeur), qui burine dans plusieurs groupes de Black (Blackest, Seid, Serpent Omega, Edin Na Zu), possède en effet sa propre société à Stockholm, dédiée au Metal extrême : le Dark Prod Studios ! Il a déjà travaillé avec de bonnes formations comme Mara ou Sadistik Forest.

 

Et, eu égard à la qualité du mix final, il a visiblement apprécié de collaborer sur ce Olde Throne : « Toujours très intéressant de travailler avec un musicien sérieux, attentif au moindre détail. » Il n’a vraiment pas tort : pour un premier jet, c’est une authentique réussite ! L’impression dégagée – et ce, vous verrez, dès le premier riffing claqué sur "an Gorta Mór (Part I)" – est telle qu’elle mettrait presque au second plan tout le background historique qui se réfère à la Grande Famine qui frappa l’Irlande de 1845 à 1852 ("A Dying Land"). L’artwork se fait écho de cette tragédie qui, annoncée par de terribles émeutes de la faim, emporta plus d’un million de personnes, sans compter les 1,5 millions d’émigrés. Les corps émaciés et fantomatiques au tout premier plan ne sont pas sans rappeler les sculptures effrayantes de crudité de Rowan Gillespie, installées en 1997 sur Custom House Quay à Dublin. Une totale désolation que le BM est à même de commémorer par la froideur et l’âpreté de ses compositions. 

 

an Gorta Mór : la Grande Famine irlandaise ou la souffrance d’un peuple mise en musique…

 

Peut-être l’ampleur de cette catastrophe humaine a-t-elle fini en fin de compte par ruisseler sur l’écriture de ce jeune artiste, par lui coller à la peau, en injectant à son travail toute l’intensité et la rage nécessaires. Ne scotomisant pas un instant son esprit underground, Olde Throne reste fidèle sans les dénaturer aux canons du Black Metal atmosphérique et mélodique, en tapant à l’occasion, à l’exemple du très joli "Children of Lir", dans le vivier originel norvégien des années 1990 (Emperor, Enslaved, Taake, Immortal…). On y retrouve la quintessence du BM, celle-là même qui rassure l’auditeur et confirme son attachement viscéral à cette musique tourmentée : une écriture richement détaillée avec des lignes de guitare variées et acérées ("Celtic Sorrow"), un chant brut et incarné ("Knockdoe"), des mélodies souvent empreintes d’émotions et de mélancolie lorsqu’elles se faufilent dans un mid-tempo (le déchirant "A Dying Land"), des embardées rythmiques maitrisées qui savent s’effacer devant des instants plus calmes, plus épurés, parfois plus lancinants, mais tout aussi expressifs. Ainsi de "Connla’s Fate" et de "an Gorta Mór (Part II)", deux titres bonifiés l’un comme l’autre par la guitare sèche, dont le son fait naître une atmosphère tendue, figée dans le vide tracé par ce drame irlandais, dont le souvenir est aujourd'hui toujours vivace.

 

Une (très) belle surprise BM de l’année 2022 à ne pas en douter, dans la simple mesure où la première plaque d’Olde Throne nous offre une musique touchante et prenante. Une musique proche disais-je, presque familière, qui devrait être parcourue par celles et ceux qui sont encore persuadé(e)s que le Black Metal ne pourrait se débarrasser de sa gangue élitiste...

 

…Je laisserais très volontiers le dernier mot à Seiðr Jonsson (en english dans le texte) : « This is a band we will closely follow, because it is brilliant fucking Black Metal. »

 

Pas mieux !

 

 

 

 

 

photo de Seisachtheion
le 15/09/2022

2 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 15/09/2022 à 08:24:41

Pas mieux
Cette famine a aussi inspiré Primordial, en particulier le titre Coffin Ships

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 16/09/2022 à 07:50:23

PRIMORDIAL, oui évidemment !!!

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