Omnerod - The Amensal Rise

Chronique CD album (01:09:42)

chronique Omnerod - The Amensal Rise

Je vous avais déjà parlé d’Omnerod, en 2022, à l’occasion de la sortie de leur EP, Construction, qui proposait un métal progressif dense mais profitait intelligemment du format de l’EP pour ne pas se rendre indigeste. 2023, les belges font cette fois le pari du long format avec The Amensal Rise, un beau bébé de 70 minutes pour 7 pistes, je vous laisse faire le calcul.

7 pistes conséquentes donc mais qui forment un tout, des fractales plus que des fractions d’une oeuvre superbement et systémiquement (?) exhaustive. Ca en fait des adverbes mais il faut bien ça car on est donc bel et bien dans le progressif, le vrai, le beau, celui où les musiciens se définissent par un caractère généreux et prolixes autant sur les arrangements que sur les changements d’ambiances. De fait, chaque morceau mériterait véritablement une chronique dédiée tant la richesse musicale, qui y est transcrite et inépuisablement offerte, est impressionnante.

 

A la différence de Construction, The Amensal Rise est incroyablement plus protéiforme, plus travaillé, plus détaillé et mériterait bien plus qu’un article de quelque 3000 caractères. Car Omnerod mêle plus et mieux que jamais un metal/rock groovy et lourd avec des passages beaucoup plus calmes et aériens, qu’ils soient plus acoustiques ou non. Mais, attention, le progressif tire constamment le diable par la queue et là où les changements peuvent être abruptes, un peu poussifs et là où les passages ambiants un peuvent avoir un arrière goût de plan-plan, mou-mou, voire gnan-gnan, Omnerod ne tombe que très rarement dans ces écueils.

L’influence des travaux, solo ou au sein de Strapping Young Lad, de Devin Townsend est immédiate et très prégnante ("Magnets", dont les riffs couillus relève ni plus ni moins de la purge ultime) mais Omnerod développe une approche moins grandiloquante, moins excessive, moins baroque, moins - me risquerais-je - nombriliste; tout en gardant un caractère bien trempé et une belle efficacité et ce quelque soit le style pratiqué. Car le groupe s’essaie à des bien des tournures musicales: death-metal, modern-metal, blues-swing, jazz, rock progressif 70’s (comme "Satellites" et son lead qui rappellera à bien des égards les leads de Robert Fripp de King Crimson), balades rock musclées ("Spore" et son solo absolument dantesque), rockabilly ("Towards the Core"). Chaque titre revêt un exemple d’une des milles facettes de la musique proposée, preuve indéfectible d’une richesse d’écriture totalement maîtrisée.

 

Saluons la prestation vocale hallucinante aussi de diversité et de qualité. Mention spéciale au cri acappella de "Sunday Heat", qui ouvre parfaitement l’album. L’accent anglais gratte un peu parfois sur les passages en chant clair ("Satellites", "Toward The Core") mais étant assez intransigeant sur cet aspect, d’autres s’en accommoderont sans difficultés. Les autres compères musicaux de cette aventure ne sont pas en reste techniquement même si la musique n’est clairement pas là pour exposer ses musiciens. Ils n’en sont que des serviteurs, aussi dédiés que doués.

 

La production est très propre, sans défaut, surtout bien moins stérile et plate, plus vivante que celles de l’influence prégnante du groupe (ouais, ça balance, pardon mais j'assume). La dynamique des morceaux est parfaitement servie par un mixage qui gère parfaitement non seulement les registres doux comme les registres plus burnés mais surtout qui gère parfaitement l’alternance des deux qui se fait sans le moindre effort.

 

 

Alors, oui, 70 minutes, c’est long. L’album est vraiment superbe de bout en bout, sans faiblesse, sans temps morts, plein de belles et bienvenues respirations mais se le dérouler d’une seule traite demandera de...disposer de 70 minutes, ce qui n’est pas rien en 2023. D’autant que si l’album ne demande aucune attention particulière pour être apprécié, il en mérite une pour être pleinement découvert. Comme il existe la slow-food, peut-être existe-t-il la “slow music”...

Au delà de ces considérations temporelles, pour les fans de metal progressif hétéroclites qui prendront le temps de prendre le temps d’écouter The Amensal Rise, ils ne pourront que se satisfaire de du voyage all-inclusive: no fee, just free offert par Omnerod.

 

 

 

On aime bien: du vrai beau metal progressif sans les défauts du métal progressif, une diversité stylistiques hallucinantes servi par une écriture sans fautes

On aime moins: très très conséquent

photo de 8oris
le 11/05/2023

7 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 11/05/2023 à 09:00:56

Faut que je me force à prendre le temps d’écouter ça, dis !!

AdicTo

AdicTo le 12/05/2023 à 06:31:57

J’écouterai aussi.

En recherchant sur bandcamp, l’album s’intitule « The Amensal Rise » :)

8oris

8oris le 12/05/2023 à 11:04:27

C'est corrigé! Merci!

Pingouins

Pingouins le 12/05/2023 à 14:24:41

Je me suis permis de rajouter le lien bandcamp du coup !
Sinon, je suis en train d'écouter, c'est pas mal du tout ces histoires, même si je ne suis pas spécialement fan de prog.
Là je trouve que ça évite un peu les faux pas parfois un peu mièvres que je retrouve chez Ne Obliviscaris par exemple (et sans les citer en fait tu dis la même chose dans ta chronique), et ça à l'air de pas rigoler une seconde en terme de maîtrise des instruments.
Toujours pas fan des voix claires, mais ça j'ai envie de dire que c'est mon problème hein.

8oris

8oris le 13/05/2023 à 09:14:13

Merci Pingouins.
Pour l'ajout du lien bandcamp (qui n'existait pas au moment de la mise en base de la chro) et pour ton retour qui abonde dans mon sens (ouf, j'm'ai pas trompé)

AdicTo

AdicTo le 03/06/2023 à 23:54:25

Il m’a fallut plusieurs écoutes pour apprivoiser la bête et il m’en faudra encore de nombreuses pour totalement la maîtriser. Mais il est évident que cet album est un monument du genre!

On passe du plus léger au gros heavy avec des transitions tellement léchées que le tout reste très cohérent malgré la folie des compos. Magnifique!

Merci pour la découverte :)

AdicTo

AdicTo le 03/06/2023 à 23:57:27

Et par rapport à NeO, je les ai vu en concert la semaine dernière avec Persefone et bien ils forcent le respect les bonhommes. Certainement un des groupes les plus impressionnants que j’ai pu voir sur scène.

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