Omni Express - Florida Man

Chronique CD album (22:31)

chronique Omni Express - Florida Man

C’est ballot: la chronique de l’album en question n’est pas encore en ligne à l’heure où ce papier est publié… Pourtant il serait plus qu’approprié d’évoquer le dernier Lou Kelly (Genres That Don't Exist) avant de plonger pour de bon dans le monde halluciné d’Omni Express. Parce que sur son dernier bébé, ledit Lou joue les apprentis Dr Moreau (vous savez, celui qui vit dans une île avec de drôle de bébêtes) en bricolant d’improbables mutants musicaux. Ainsi celui-ci propose-t-il des créations de son cru, mi-Grind mi-Gospel pour l’une, mi-Jazz mi-Dubstep pour l’autre, ou encore mi-Zouk mi-Metal… Bonjour la foire aux monstres!

 

Si je frôle le hors-sujet dans le paragraphe du dessus, c’est que le postulat de base sur lequel repose l’univers d’Omni Express aurait tout à fait pu trouver sa place sur la tracklist de Genres That Don't Exist. Car ce groupe américain s’est donné pour mission de faire copuler Slam Death (Devourment & co) et Synthwave (Carpenter Brut & co), le tout dans un univers flashy & violent inspiré de jeux vidéo comme Hotline Miami et GTA. Vous imaginez Leatherface portant une tenue d’aérobic rose-Barbie et muni d’une tronçonneuse qui ferait jaillir des étincelles laser en pénétrant les chaires? Non? Eh bien écoutez Florida Man.

 

Alors forcément, pas facile d’entremêler intimement des univers musicaux aussi radicalement différents: parce que la barbe-à-papa flotte sur la gadoue, et que le chamallow se laisse rapidement submerger par la coulée de vomi. C’est pourquoi sur nombre de morceaux les claviers kitcho-cinématographiques s’épanouissent surtout lors des breaks, en intro ou en outro, quand le déferlement de gruîîîk, de ratatatam et de vrôôââr laisse enfin quelques places libres au sein de l’espace sonore. Mais là où le mariage reste le plus efficace, c’est encore lors de ces breakdowns sismiques, quand la terre s’écarte, que la nature retient son souffle, que le Slam flirte avec le Doooom, et qu’entre les coups de marteaux de Thor naissent des interstices où peuvent s’insinuer les claviers et les néons Synthwave. On peut alors à juste titre parler de fusion « Slamwave ».

 

Bon alors ne nous mentons pas: oui, malgré l’intérêt provoqué par la nouveauté, tout cela est extrêmement bourratif. D’autant qu’aux côtés du bon vieux growl classique de golgoth des abysses, il faut supporter un shriek tout-aigu-tout-nasillard qui tape vite sur les nerfs. On s’en serait passé. Mais le groupe réussit néanmoins à pimenter sa popotte, notamment grâce à un humour décalé qui fait mouche. Les titres avaient il est vrai de quoi mettre la puce à l’oreille: « Sodomizing A Pink Flamingo To Death », « Throwing Pythons Off A Speeding Airboat » et – hum – « Fumcacial »… Tout un programme! Mais les haha et les hoho ne s’arrêtent pas là: on croit apercevoir un bout de Carnival in Coal sur « Florida Man » (Ouh Yeah… Right Noow! à 2:10), les protestations porcines laissent brièvement place à un flot Rap généreux sur « Fumcacial »… Sans compter que ce dernier titre comporte un featuring de Timmy Vercitti, personnage issu de la nébuleuse GTA. Bref: on est plus du côté Nanowar de la Force que chez Joey DeMaio ici!

 

Voyons voir: aurais-je omis de vous transmettre de l’information? Des bribes peut-être... Comme vous dire que malgré la thématique abordée, il n’est pas ici question de sonorités chiptune, ou alors très à la marge. La dimension Synthwave s’exprime plus à travers des ambiances de films d’horreur cuvée 80s, ou via quelques incursions dans des univers connexes à celui de The Algorithm. Il faut aussi mentionner cette étonnante reprise du « Blind » de Korn. Quoique pas si étonnante après tout, les fondamentaux du Néo et du Slam Death n’étant pas si éloignés que ça – du gras, du basique, du mosh, et roule mon poulpe!. Une dernière précision encore, pour vous dire que l’album est disponible au format K7, ainsi qu’en version instrumentale.

 

Intriguante, marrante, originale, la Fusion inédite de Florida Man n’aura cependant pas l’impact d’un Devil is Fine – album tout aussi insolite mais autrement plus classieux. Parce qu'elle manque un peu de finesse, et ne porte a priori pas en elle un gros potentiel de renouvellement... Mais à vrai dire j'espère bien me tromper!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: marier Devourment et Carpenter Brut dans la chapelle GTA, c’est l’objectif avoué d’Omni Express sur Florida Man. Si si. Alors repentez-vous pauvres pécheurs: on a aujourd’hui clairement passé un cap dans l’improbable musical, la fin des temps ne peut être que proche!

photo de Cglaume
le 28/05/2020

1 COMMENTAIRE

8oris

8oris le 28/05/2020 à 10:39:35

Je ne sais pas ce qui m'a le plus plu dans cet album: ses titres, les morceaux ou ta plus à son propos. En tout cas, une sympathique découverte.

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