Ordinance - Internal Monologues

Chronique CD album (33:49)

chronique Ordinance - Internal Monologues

Attention, intro « vieux con »... Au sein de laquelle on va évoquer un passé lointain lors duquel les gens répondaient « Lemmings ? J'adore ce jeu ! » quand on leur disait « Streaming ». En cette époque lointaine où mon dos portait encore – via une unique bandoulière – ce genre de sac à dos stabiloté au sein duquel s’entrechoquaient trousse, double-décimètre et carnet de liaison, savoir en quête de quelles galettes métalliques prometteuses partir étaient aussi compliqué que de mettre la main sur lesdites galettes. Alors oui, on avait les magazines : Hard Rock Mag, Metal Hammer, Hard ForceMetallian aussi. La panacée à l’époque. Sauf que petit à petit, déception après déception, il devint évident que ces sources d’info n’étaient pas complètement satisfaisantes, ni suffisantes. Heureusement, après nous avoir donné accès à des albums que le disquaire du coin ne trouvait pas, les VPC – Adipocere, mon amour ! – nous élargirent le champ des possibles via une belle offre de zines – Decibel Storm, Brutallica, Transam Road… – et la preuve que des milliers et des milliers de sorties n’avaient pas accès à ces kiosques où l’on espérait trouver la bonne parole. Frustration, enfer et damnation, donc. Heureusement, alors qu’un nouveau millénaire s’apprêtait à éclore, la merveilleuse Fée Web nous proposa bientôt de nouvelles et fourmillantes sources d’informations : les webzines. OK, la qualité des papiers et des jugements n’était pas forcément meilleure qu’au sein des mags, mais la multiplicité permettait de palier au manque de professionnalisme de deux manières. Pour commencer, dans la profusion des chroniqueurs utilisant la toile pour s’épancher, il s’en trouvait forcément certains ayant des goûts assez proches des nôtres. Et même sans jouer la proximité des goûts, avec plusieurs dizaines de feuilles de chou numériques causant français ou anglais, il suffisait de faire un tour des popottes pour repérer les albums récoltant le plus de lauriers, puis de vérifier chez les voisins si l’accueil avait été tout aussi enthousiaste. Quand on commençait à trouver 3 ou 4 sites distribuant des éloges également fiévreux, on pouvait être sûr qu’on tenait le bon bout !

 

… Et c’est ainsi qu’Internal Monologues a fini par arriver entre nos oreilles. Tiens, matez l’un de ces papiers qui m’a poussé à sortir quelques billets : hop.

 

Alors oui, cette loooongue intro juste pour ça. Pour ça, mais aussi parce que c’est sympa, de temps en temps, de regarder en arrière afin de constater le chemin parcouru. Mais vous avez raison, il serait temps de causer vraiment de l’album…

 

### VERITABLE DEBUT DE LA CHRONIQUE ###

(là, comme ça les pressés sont prévenus)

 

Ordinance n’est pas signé, et n’a d’ailleurs jamais fait énormément parler de lui. La preuve que ce n’est pas parce qu’on est américain, aussi fins compositeurs que bons musiciens, et qu’on arbore un joli tableau de chasse (le batteur est passé par The Faceless, Revocation et Whitechapel, l’un des guitaristes a gratouillé aux côtés de Jeff Loomis, tandis que le chanteur ronronne aussi chez Raunchy) qu’on se retrouve forcément sur un label en vue.

 

Pourtant, crénom, le premier album sur lequel on se penche aujourd’hui propose largement de quoi faire frétiller dans les soirées Poils, Cuir et Patches ! Figurez-vous – si vous n’avez pas encore lu le genre pratiqué – que les gredins pratiquent un Death Metal à la fois technique, progressif et velu, assez typique des années post-2000 en cela :

- qu’il aime bourriner « à la polonaise » (prenez le début de « Repress » ou de « Singular Perspective » par exemple)

- qu’il allie mélodies en chant clair, grincements shriekés et odeurs de tanière de grizzli avec le talent de formations comme Opeth ou Into Eternity

- qu’il balance régulièrement de ces saccades popularisées par Decapitated (Bam, « This Theory ; Repeating »), mais aussi par une scène Modern Death / Djent ayant alors le vent en poupe (Vlan, la sublime salve à 0:33  sur « Repress » !)

 

... Et dans le genre, c’est le panard les copains !

 

Alors oui, la batterie sonne assez peu organique, et le trip « Spheres of Madness » c’est un pur truc de quadra à tonsure naissante. Mais tout d’abord je t’emmerde petit insolent (non mais !). Et puis crotte, quand c’est bon, c’est bon : on s’en fout que ce genre de zic ne génère pas des masses de likes sur Insta… Et pour ce qui est d’être bon, avec ces 11 titres on est servi ! Tout du long, de l’intro « Seldom Thought », classique, qui fait habilement monter la pression, jusqu’à « This Theory ; Repeating », dernier titre tubesque avec ses guitares de bûcheron et son refrain ciselé à la mode Death Prog… C’est pas la classe de finir un album sur un grosse tartine de frissons velus ? D’autant qu’entre les deux, la fête du slip ne perd quasiment jamais en intensité. On retiendra plus particulièrement ce « Repress » déjà cité par au moins deux fois plus haut, un morceau-titre qui voit les twins éclabousser de savants tappings des saccades consentantes, ou encore « Struggling with the Inevitable » qui, lui aussi, alterne télégraphie au laser, passages de barbare et refrain proposant des mélodies à l’indiscutable noblesse progressive.

 

Le mot « progressif » vous fait peur ? Sachez qu'ici le morceau le plus long dure 4 minutes et demie. Par ailleurs, quand « How the Biased Live » débarque dans votre casque, vous avez brièvement l’impression d’avoir placé un album de Vital Remains dans votre lecteur. Alors même si vous êtes allergique à la dentelle, sur Internal Monologues vous n’avez rien à craindre. En fait cet album n’a qu’un défaut : rendre assez inconfortable la situation de celui qui a déjà trop dépensé d’argent dans la musique, mais qui réalise soudainement qu’il existe un deuxième album, The Ides of March, sorti en 2016, et tout aussi bien accueilli que son aîné…

 

Allez, on craque ou pas ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: avec Internal Monologues vous avez un instantané de ce que le Metal extrême pouvait réserver de mieux juste après le passage à l'an 2000 : un mélange aussi technique que mélodique de Death progressif à la Opeth / Into Eternity, de tabassages typiques de l’école polonaise, et de ces saccades popularisées autant par Decapitated que par une scène Djent / Modern Death alors en pleine effervescence. Une vraie petite pépite, qui prouve une fois encore que ce n’est pas parce qu’on est bourré de talent et hyper pointu qu’on finit signé et célèbre.

photo de Cglaume
le 19/03/2023

5 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 19/03/2023 à 11:10:00

Metallian a disparu ?

cglaume

cglaume le 19/03/2023 à 11:30:02

Pas que je sache (mais je ne sache pas plus que ça… 😁)

Dams

Dams le 19/03/2023 à 15:20:19

J'ai donc réalisé avec ton intro que j'étais pas loin d'être un vieux con... pas loin...

cglaume

cglaume le 19/03/2023 à 16:42:25

😁

Moland

Moland le 19/03/2023 à 20:15:14

C'est quand tu ajoutes "Metal Attack" et "Enfer" à la liste que tu te dis que t'appartiens au club des vieux cons. Ceci dit, je regrette de ne pas avoir conservé lesdits numéros. 

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