Panopticon - ...And Again Into The Light

Chronique CD album (01:11:09)

chronique Panopticon - ...And Again Into The Light

Voilà des mois que j’attends ce nouveau Panopticon, voilà des semaines maintenant que je l’écoute, persuadé que j’étais d’avoir d’ores-et-déjà affaire – en compagnie du dernier Mare Cognitum – à la crème de la crème du Black Metal atmosphérique de cette année 2021. Débat clôs. Tout était prêt, tout avait été fait, y compris la rédaction pleine d’envie et d’espoir du dernier album live (Live Migration) pour mieux préparer la venue de ce 10e long format (tout de même). Et c’est alors que j’ai pris en pleine face une musique convolutée bien difficile à apprivoiser, qui m’a posé bien des difficultés d’approche.

 

Tandis qu’Austin Lunn présente lui-même son ...And Again Into The Light comme « le plus sombre et le plus lourd de [sa] discographie », on est cueilli par cette entame qui semble ne jamais vouloir s’interrompre. Il faut en effet attendre, par-delà l’intro éponyme délicatement mélancolique, près de 8 mn pour entendre le premier son saturé et même près de 11 minutes, pour ouïr le premier emballement authentiquement Black, placé au cœur du deuxième titre "Dead Loons". La guitare sèche, le banjo, les violons, mobilisés massivement, l’auraient-ils emporté ? Eux seuls en tout cas sont réellement mis à l’honneur et mis en avant dans le bouclage technique final. À rebours des chants et des riffs qui semblent volontairement étouffés, comme mis de côté. Les mélodies dessinées alors, potentiellement éblouissantes sur "Rope Burn Exit" (après 80 s) et "A Snowless Winter" (après 2 mn 40s), peinent alors à se faire entendre, à s’exprimer… Dommage ! À moins que cet effacement soit un appel à l’introspection et à la contemplation.

 

La déception semble bien là, du moins dans un premier temps, avant que les doutes se lèvent peu à peu en faveur des moments de tiédeurs dysthymiques et de quichitude qui ont entouré la rédaction de cette chro. Musicalement la note post-rock et la teinte folk sont l’une l’autre très puissantes. Il suffit de s’attarder sur la courte interlude "As Her Golden Laughter Echoes", hommage à John Prine, figure de proue de la musique folk américaine, tragiquement disparue en avril 2020 de la Covid-19 et dont l’influence est complètement assumée par A. Lunn. De même, bien qu’accouché après trois années de douloureux labeur, cet album rend un hommage toujours aussi vibrant et sincère à la culture, à la faune et aux paysages appalachiens. Les samples d’écoulements d’eau, de bruits de forêts et de cris d’animaux (loups, oiseaux), à l’exemple de ceux perceptibles à la fin de "Dead Loons" ou de "The Embers At Dawn", sont désormais une marque indélébile de Panopticon, dont le Folk Black atmosphérique scrute l'âme humaine d'aussi près qu'elle scrute les paysages que les humains arpentent et façonnent.

 

Définitivement le poly-talentueux Austin Lunn est un artiste indompté, qui s’est mis au service d’une facette du Black Metal qui l’est tout autant, d’où peuvent à la fois jaillir/surgir une lumière sereine et une obscurité accablante. Rien ne l’empêche ainsi de pondre avec "Moth Eaten Soul" le moment le plus violent et éruptif de cet album, animé par les riffs dantesques à la 3e minute. Rien ne l’empêche ensuite de mettre en coupe réglée les six premières minutes "The Embers At Dawn", légères, ambiantes, quasi célestes, par un second segment qui lui est son inverse opposé. Même l’outro "Know Hope", assurément l’un des morceaux Black Metal de l’année 2021, achève ce véritable périple émotionnel au moyen d’un face-à-face constant entre « levitas » et « gravitas ».

 

...And Again Into The Ligh est le fruit intense d’un travail « intensément personnel », aux lourds secrets, aux déceptions tenaces, aux nombreuses fêlures, aux profondes cicatrices, qui justifient à eux-seuls que la plupart des morceaux soient calibrés autour des … douze minutes ! Parvenir à sortir de l’obscurité et approcher la sérénité sont à ce prix…

 

« Espérez, mais peinez » semble nous suggérer A. Lunn (à moins que cela soit le contraire…) : son nouveau Panopticon risque bien de semer la confusion et de déstabiliser ses auditeurs, qui par ricochet deviendront à leur tour pétris d’incertitudes, troublantes certes, mais à l’issue nécessaires et fécondes.

photo de Seisachtheion
le 12/07/2021

2 COMMENTAIRES

Freaks

Freaks le 14/07/2021 à 01:52:44

La poésie et l'horizon black-atmo! "Que c'est beau les voyages... (...) et le monde nouveau qui s'ouvre à nos cerveaux, nous fait voir autrement, et nous chantent comment, la vie vaut bien le coup malgré tout..." ;)

Freaks

Freaks le 14/07/2021 à 01:54:03

Oui c'est la fête dans mon cerveau... :p

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