Pentagram - Last rites

Chronique Vinyle 12" (45:16)

chronique Pentagram - Last rites

Si vous lisez cette page, c'est que vous avez forcément déjà entendu de Pentagram. Si jamais ce n'est pas le cas, je vous présente rapidement le groupe dans ce paragraphe. Bobby Liebling, seul membre d'origine restant, avait débuté l'aventure de sa vie en 1971, accompagné par Victor Griffin, membre depuis 1981, puis Tim Tomaselli et Greg Turley, tous deux rattaché avec Victor Griffin de par le groupe Place of skulls, formation de Doom traditionnel. Pentagram a connu peu de succès, et son ancienneté en fait un des groupes les plus respectables qu'il soit, malgré les heures sombres que le frontman a traversé. L'on peut en savoir plus en regardant le documentaire "Last days here". Le moins qu'on puisse dire, c'est que mr Liebling est un miraculé, à savoir, passé 35 fois en cure de désintoxication, plusieurs fois à l'hopital pour s'être fait tiré dessus, laissé pour mort au fond d'une ruelle... Entre autres. Bref. Le groupe revient donc avec un album nommé Last rites, cela signifie t-il que c'est leur dernier ?

 

Vraiment, les mauvaises langues se jettent injustement sur ce groupe, croyant qu'il s'agit là d'un quasi-cadavre que l'avidité d'un succès jamais atteint a rendu moribond et prêt à se vendre au plus offrant. Mal leur en prennent, ils considèrent le problème à l'envers. Pentagram nous vient des années 70, et figure sans cesse parmi les premiers groupes à avoir posé les bases du Doom metal, et j'ajouterai même du Heavy metal, bien plus à mes yeux que Black Sabbath. C'est ce qui fait que ce groupe est connu, "culte". Or, si l'on écoute la discographie de Pentagram, il y a bien sûr d'excellents morceaux et un son reconnaissable entre tous, mais jamais Pentagram ne s'est conformé à son image de papy du Doom (qu'on leur a attribué mais qu'ils n'ont jamais cherché à assimiler), c'est l'inverse qui s'est produit, et les générations d'aujourd'hui respectent parfois ce groupe avant de l'avoir écouté, par principe traditionnel. Cela a pour effet pervers de transformer les fans du revival Doom - Stoner en critiques sévères qui prôneront le "c'était mieux avant", s'attendant à on ne sait pas trop quoi au final.

 

Le paradoxe est entier, car l'on retrouve dans cet album, entre autres, du hard FM, qui est par définition un style destiné à servir des demandes commerciales, et cela suffit à faire crier au scandale. Seulement, si l'on suit ce que j'explique dans le paragraphe précédent, l'attente de ce dernier album de Pentagram était déjà à elle seule une demande correspondant à des critères musicaux très codés, assez précis, car oui, le "c'était mieux avant" est à lui seul une demande commerciale, qu'on se le dise. Ces critères n'ayant pas été respectés par le groupe, voilà qu'on les fustige et qu'on les renvoie à l'ombre, n'acceptant d'eux que leurs vieux succès en live.

 

Alors oui, "Call the man" dispense un riff complètement hard FM franchement de mauvais goût, mais si l'on omet ce riff et que l'on tient compte du reste du morceau, on retrouve du vrai Pentagram, composé par Pentagram, sans concession aucune. D'ailleurs, soyons honnête, le hard FM ne peut plus être considéré comme quelque chose de commercial; plus personne ne passe ça à la radio, c'est désormais hors d'âge. Le groupe est simplement issu des années 70, certes, mais aussi des années 80 et tout ce que cela implique. Si cet album était sorti au début des années 80, de la même manière qu'Ozzy Osbourne s'était refait après les frasques de Black Sabbath, alors le succès aurait été retentissant, car en plein dans l'ère du temps. Mais Pentagram a toujours nagé à contre courant, et ils le feront jusqu'à leur dernier jour, c'est même là leur force.

 

Ce "Last rites" comporte donc cette demi-teinte de Hard FM que je n'apprécie pas, mais il faut noter que c'est mélangé aux composantes de base de Pentagram, c'est à dire un Heavy metal d'inconditionnel avec des tempos allant de lent à moyen, et toujours cette ambiance d'épouvante ("Everything's turning to night"), un son de guitare abbrasif très saturé propre au groupe (et reconnaissable entre tous), et la voix de Bobby Liebling, parfois un peu fatiguée, parfois tout à fait puissante, mais jamais dans le raté.

 

"American dream", "Everything's turning's night", "Treat me right", "Walk in the blue light", "Death in first person", voilà d'excellents titres propres à Pentagram et qui n'ont rien de bien différent avec ce que faisait le groupe auparavant. Il y en a là suffisamment, je trouve, pour dire que ce Last Rites est un album réussi.

 

Bobby Liebling n'a pas cherché à décrocher le succès avec cet album, ou plutôt, il n'a pas cherché à vendre son âme pour le faire, il a juste tenté de donner le meilleur et le plus fidèle de lui-même. Peut être que ce n'est pas le meilleur album de Pentagram, mais le son est bon, la production puissante, le tout tient la route, et il y a même des très bonnes choses là dedans. A découvrir avec du recul.

 

Achat ou pas achat ? Achat.

photo de Carcinos
le 05/03/2014

0 COMMENTAIRE

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements