Poroniec - W Połogu

Chronique CD album (52:39)

chronique Poroniec - W Połogu

Un Poroniec est un immonde démon du folklore slave et issu d’un fœtus mort-né ou du cadavre d’un bébé non consacré lors de son enterrement. On imagine facilement une saloperie rampant sur des moignons de membres, à la tête hypertrophié et traînant derrière elle son cordon ombilicale pourrissant.

Le duo polonais Poroniec né en 2016 n’est donc pas là pour faire marrer.

Poroniec est un groupe de Black vraiment pas drôle.

 

En même temps, quand on entend le mot Pologne, on ne pense pas à des donzelles pailletées remuant du popotin sur un air de samba comme à Rio.

Rio ne se situe pas en Pologne.

 

Dès l’intro du skeud, nous sommes plutôt happés par un abîme de noirceur par l’entremise de la voix de possédée d’Hekte Zaren (Adaetuto - Black expérimental) et d’Harvest (Outre - Black Metal) venant ajouter leurs timbres à celle du leader du combo. La tension monte de façon graduelle pour nous entraîner en bas où tout flotte, en nous noyant dans une marre de goudron. Hekte reviendra ponctuellement comme un spectre antique psalmodiant ses malédictions.

Terrifiant dernier morceau.

 

La production redoutable est un facteur d’immersion immédiate. Le Black de cave puant le vide sanitaire de John Wayne Gacy, c’est chiant.

La batterie est ainsi produite par le frappeur de Mgla au No Solace studio. La pochette mise en œuvre par le talentueux Maciej Kamuda est également un facteur d'ambiance, en dehors des clichés de la scène.

Pour le reste, nous avons droit un un Black Metal dévastateur passé à l’équarrissage d’une brutale volonté propre au Death Metal. Le frontman, rappelant vaguement Nergal, se fait alors l’artisan d'un dégoût incommensurable pour la race humaine. Un ogre chthonien et furieux semble donc s’emparer de cet océan de riffs intenses mais sachant aussi toucher la mélancolie propre à certaines franges du genre. Le frontman modèle, détruit et s’adapte sans cesse aux boucles squameuses de la musique dispensant des dissonances mineures.

 

Forcément mystique, théâtrale mais sans effusion, habité, en permanence acharné et décharné, W Pologu se dompte après de multiples écoutes.

Et il suffit d’enterrer un Poroniec sur son seuil pour qu’il devienne un esprit protecteur.


 

photo de Crom-Cruach
le 09/12/2024

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