Posthumanbigbang - Jungle eyes

Chronique CD album

chronique Posthumanbigbang - Jungle eyes

Avec un patronyme pareil, Posthumanbigbang, il y a déjà un petit quelque chose qui interpelle, la curiosité s'excite. 
Posthumanbigbang c'est tout un programme, une promesse, un nom vendeur. En l'espace de quelques syllabes, ce "collectif" parvient à créer une attente.
Mais une dénomination originale et intrigante n'empêche pas les déceptions ni les naufrages artistiques.
Heureusement et fort logiquement, une fois l'album lancé, le nom prend du corps, du sens. 


J'étais complètement passé à côté du premier album éponyme sorti en 2012 (Hop ! Un extrait )  .
8 années ont passé et le groupe sort enfin son second album. Peu productif, avec une approche artistique d'une création sous forme d'un collectif (Jungle eyes comprend 7 invités), une oeuvre de 64 minutes : quelques indices laissent songer à une approche perfectionniste, minutieuse, exigeante pour un album peut-être pas toujours accessible.
Avant même d'écouter, ces informations peuvent impressionner, intimider quand on réfléchit à ce que l'on écoute.

Certains disques peuvent s'écouter en conduisant, cuisinant, en faisant le ménage, en marchant, en courant même parfois. Ils ne sont pas moins bons qu'un Sunno))), un Cult of Luna etc. qui t'écarquillent les yeux à chaque fois qu'ils rentrent dans les oreilles, ils sont simplement...plus divertissants, ou le propos et la profondeur musical/e sont plus simples à esquiver.
Pas ce Jungle eyes.
 

Jungle eyes est une oeuvre qui demande de l'attention, qui regorge de subtilités, d'arrangements qui ne sont pas des fioritures mais des éléments incontournables dans la composition des titres.
Au-delà de ces caractéristiques, Posthumanbigbang est assez surprenant sur sa capacité à être à la fois varié, insaisissable tout en demeurant cohérent. Cet aspect est sans doute le plus délicat à gérer lorsqu'on a des musiciens venus de divers horizons, en incorporant de manière sporadique des cordes ou un clavier, des effets, de l'accordéon, des choeurs et que tout cela tienne sur une telle longueur etc. 

Que ce soit moi à l'écrire ou toi à le lire, on va s'faire chier si on commence à lister la foultitude de détails qui  rendent ce disque passionnant. Mais le principal fait est que le groupe navigue sans cesse entre un post-"metal" sophistiqué et le "metal" progressif.
Sans entamer une bataille d'étiquettes, le terme metal est entre guillemets parce qu'il ne convient pas parfaitement au groupe. Enervé, saturé, lourd : il reprend des sonorités clairement metal, il a des aspects clairement post-metal mais le collectif parvient à aller au-delà. 
À chaque titre on se demande ce qui va ressortir de ce "melting-post-metal enrichi" et à chaque titre on est emballé. Avec son sens du détail, cette oeuvre à haute réécoutabilité ne paraît jamais indigeste.
C'est fluide, ça déroule, on ne s'ennuie pas. On s'étonne même de cette faculté qu'a eu le collectif à se réinventer sans cesse...et paradoxalement, malgré l'apparente complexité de la bête, c'est hyper-accessible.
On peut être aussi bien touché par les mots et la musique que soufflé par la technique et la dynamique créative de cet album.
Apprécier Jungle eyes peut se faire de bien des manières, mais il n'a qu'une seule et unique exigence : un peu d'attention. Un moindre mal que l'on peut se donner face à une oeuvre magnifiquement aboutie.

photo de Tookie
le 24/06/2020

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