Lies Of The Machine - Freakshow

Chronique CD album (32:53)

chronique Lies Of The Machine - Freakshow

Une pochette croquignolette qui – de loin – peut évoquer le doux souvenir de la Quête de l’Oiseau du Temps, version Fantasy foraine. Un titre, Freakshow, qui bénéficie ici d'a priori très favorables, Dirty Shirt étant particulièrement apprécié en cette web-chaumière. Un postulat de base croustillant – on nous parle d’un mélange de Metal, de feeling Steampunk, de folie, et d’un soupçon de folkeries – qui ne pouvait qu’attirer la sympathie. Bref, Lies of The Machine avait toutes les cartes en main pour que le jury officiant en ces pages lui soit très favorable.

 

… Eh bien c’est passé à ça !  ** place l’index à 5 nanomètres de son pouce **

 

Pourtant les Hongrois y mettent les moyens, en déployant toute la panoplie du groupe de Goth / Cabaret / Nawak Folk Metal. Avec un Mr Loyal zinzin qui grimace derrière le micro, du chant de naïade en veux-tu en voilà, des tourbillons burlesques, des bizarreries joyeuses, des épopées médiévalo-gaillardes, des ambiances de piano-bar baroque… Tim Burton, Terry Gilliam, Jules Vernes, barons à haut-de-forme, Mata Hari rétrofuturistes, automates à dentelles, ils sont tous là où on les attendait, et si ce décorum vous suffit à atteindre le Valhalla victorien, arrêtez net la lecture de ce papier, et foncez vous coton-tiger les esgourdes à l’aide de cette pittoresque grosse demi-heure de musique.

 

« Alors dis, Tonton : pourquoi tu boudes ? D'autant que, comme tu l’as laissé entendre, le groupe n’hésite pas à empiéter sur les plate-bandes du Nawak Metal, non ? On a comme un petit arrière-goût léger de SOAD vers la fin de « Psychocircus », et on frôle parfois de la manche la démarche décidée d’un 6:33 partant à l’aventure… T’es un peu "comme à la maison" sur ces 9 titres, non ? Alors pourquoi tu boudes, dis ? »

 

C’est vrai, pas de raison de tirer la tronche, a priori. Surtout que les quelques poussées de folklore est-européen (cf. « Psychocircus » et « Z-Waltz », où ça pousse des LaLaLaï et accordéonise comme sur un album de Russkaja) nous ramènent avec plaisir chez certains de nos chouchous – les deux évoqués précédemment bien sûr, mais également Kultur Shock, Dubioza Kolektiv, Viza & co. En plus la présence de Borisz Sarafutgyinov à la guitare (il gratouille également dans Fleshcrawl) semble être une garantie sérieuse de la pilosité de la chose.

 

Le problème c’est que Freakshow porte un peu trop ostensiblement l’étiquette « premier album ». La chose suinte au niveau du son, qui semble parfois ne pas avoir bénéficié d’un véritable mastering. Cela transpire également au niveau de la tripotée de clichés recrachés tels quels (les sempiternels samples de cloches lugubres, de corbeaux, et d’ambiances orageuses en entame des titres, le morceau-intro longuissime avec sa boîte à musique et ses murmures glaçants… ). Cela titille encore au niveau du chant lyrique, un peu trop fréquent, et parfois un peu forcé. Et, surtout, cela gratouille au niveau du travail de composition lui-même. Les deux premières minutes de « Z-Waltz », par exemple, sont assez lourdingues – sans compter que le chant masculin n’y est pas franchement à son top. Même chose sur l’entame de « The Last Flight », particulièrement laborieuse (… mais qu’elle arrête ces Tiladiiii, ‘vindieu !!). « Lick My Cog ! » pourrait sembler plus enlevé, plus sympathique… mais l’enveloppe est creuse, pleine de facilités, et sans grande valeur ajoutée. Reconnaissons quand même que l'on prend du plaisir à écouter le Folk Metal truculent de « The Dishonorable Death of the Honorable Captain Vasilij », ainsi que les passages les plus enjoués de « Railnomads »…

 

... Mais rien n’y fait. Un peu comme avec les Français de Funeral Parade, on adhère à 200% aux intentions, mais carrément moins à la réalisation. Et non, ne vous méprenez pas : on ne prend aucun plaisir à dénigrer ainsi un petit groupe ayant le bon goût de vouloir injecter du burlesque dans sa popotte aux décibels. Sauf que, grand amateur de ce genre d’exercice, et visant une certaine forme d’exhaustivité dans le domaine, on ne pouvait bien longtemps ignorer cette sortie… Ni passer sous silence ses faiblesses, relativement pénalisantes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: les poils du Metal, le monocle-laser et les dentelles du steampunk, les Lalalaï des folklores est-européens, plus le gros grain d’un Joker de l’époque victorienne : c’est la formule que nous promet Lies of the Machine sur son premier album. Or, vous nous connaissez : on ne pouvait passer à côté d’une telle proposition ! Problème : les ficelles sont un peu trop apparentes, les coutures grossières, la direction artistique naïve… Et au final l’album reste empêtré dans des clichés qu’il a toutes les difficultés du monde à dépasser. Dommage…

 

 

photo de Cglaume
le 27/08/2023

1 COMMENTAIRE

Xuaterc

Xuaterc le 27/08/2023 à 17:10:59

Un peu trop prévisible en effet mais la critique est constructive et permettra je l'espère au groupe de progresser. Le potentiel est là. 
En tout cas, bienvenu à lui!

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